Liber a écrit: Janus a écrit: comme si dame Nature répugnait à nous dévoiler toutes ses intentions cachées, nous obligeant à déchiffrer le puzzle, à donner nous-mêmes un sens, une signification d'origine "humaine" à tout ça, sans attendre passivement comme autrefois qu'un "divin" transcendant en décide à notre place.
Je ne suis pas d'accord sur cette passivité antique devant la nature, surtout sur le fait que les hommes de cette époque n'aient pas créé autant de sens que nous. C'est même une aberration totale. Je souligne aussi que Nietzsche n'était pas scientiste, il était même très religieux. Du reste, son argumentation dans la
Généalogie repose essentiellement sur la souffrance humaine, une base qui est évidemment celle du christianisme et du bouddhisme.
Dans ce que je disais ici, il ne s’agit pas du tout de passivité vis-à-vis de la nature dans la mesure où l’homme fait partie intégrante de cette Nature tout en constituant son Esprit vivant, mais esprit qui ne se sait esprit que progressivement, qui ne prend que progressivement conscience de lui-même, au cours de l’histoire, au fur et à mesure que la connaissance des "choses" du monde (réalités) lui apporte, la lumière nécessaire à l’éveil de sa conscience. L’homme n’y est pas du tout passif, dans la mesure où, de plus en plus éveillé car plus près de la réalité, il prend de plus en plus conscience de la nécessité de sa propre action et de son propre engagement, comme de la nécessité d'agir contre ses instincts en obéissant à sa propre volonté (d’où liberté). Et c’est ce qui donne justement consistance à cette notion de "sens" qu’il se doit de donner maintenant lui-même à la vie (cf. droits de l’homme, où l’obligation de respecter la liberté humaine se traduit concrètement dans des constitutions et des lois).
Quant à Nietzsche, je n’ai jamais prétendu qu’il était scientiste. Pour l’être il faut avoir non seulement une aversion assez profonde pour la religion (et pour ses préceptes moraux), mais surtout une foi intense dans la science (dans le savoir positif - cf. positivisme de Comte) la compréhension de l'aspect physique de la matière y étant considérée comme source unique de connaissance. Or, que je sache, ceux que je désignais par "déconstructivistes" (mouvement que j'estime avoir dominé la pseudo pensée philosophique occidentale, particulièrement au 20ème siècle, sous la "post" influence de Marx ou accessoirement de Nietzsche) sont au contraire globalement des pourfendeurs de la science en ce qu’elle a permis le développement du monde occidental, industriel et capitaliste.
Alors si Nietzsche était aussi religieux que vous le dites, cela n'aurait rien de si surprenant quand on sait, depuis Freud, à quel point l'amour rejoint la haine ou à quel point le psychisme est constitué d'ambivalence, de bi-polarité, etc. :D