Collegienmv a écrit: Mais, en France, il y a trop d'intérêts différents
C'est le cas dans tous les pays. A vrai dire, c'est le cas dans toute société,
dès qu'il y a société, donc à partir du moment où deux personnes au moins sont en présence.
Collegienmv a écrit: pourquoi ne donnons-nous pas le pouvoir au peuple par référendum
Le référendum, d'abord, ne peut concerner que les questions les plus importantes. Si on devait en proposer chaque jour ou chaque semaine pour prendre toutes les décisions, on ne s'en sortirait pas. D'abord, ça pose des problèmes d'organisation, mais aussi le problème de ce qu'est une
consultation populaire. Or, ce n'est pas si simple à envisager. Par exemple, est-on bien sûr que le principe
majoritaire soit conforme à la démocratie ? Rien n'est moins sûr. Imaginez 49% de personnes qui, chaque semaine, constatent qu'elles font partie, encore et encore, d'une minorité, donc du côté des perdants ! Que font-elles ? Que leur propose-t-on, comme réponse, comme solution, comme compromis ? Elles quittent le pays ? Bref, le référendum appelle en quelque manière la question d'un
consensus, sinon de l'
unanimité - comparée à la majorité : quels sont leurs avantages et inconvénients respectifs ?
En outre, l'usage des référendums est souvent le fait des régimes autoritaires... Pourquoi ? Il faut donc se méfier de ce qui ressemble à une "restitution" du pouvoir au peuple. Regardez du côté de la Suisse, un des pays les plus avancés en matière démocratique. Il n'y a que là où les référendums ont un vrai sens démocratique. En effet, on en compte trois différents : le référendum obligatoire, le référendum facultatif, l'initiative populaire (je ne connais rien de plus direct en guise de démocratie), sans compter ce qu'on appelle là-bas les arrêtés fédéraux !
Collegienmv a écrit: autres moyens pour qu'il s'auto-gouverne
Il y a une donnée fondamentale que beaucoup de gens négligent : les peuples sont très différents les uns des autres. La démocratie suisse, la plus directe et la plus efficace au monde, offre un contraste saisissant avec l'anarchie. Le(s) rare(s) moment(s) démocratique(s) français, encore une fois, n'a jamais débouché sur autre chose que des massacres. On le dit depuis deux siècles : les Français, incapables de liberté, ne s'intéressent qu'à l'égalité, et préfèrent (ou rendent nécessaire) un pouvoir fort. Notez que notre pays a cette particularité (j'allais dire : cette anomalie), qui en dit long (dans le mauvais sens du terme), d'avoir un pouvoir exécutif à deux têtes (président et premier ministre...).
Collegienmv a écrit: car les candidats font partie de partis politiques qui ne veulent que leurs valeurs.
On en revient à la question de la majorité, dans une démocratie. Observez l'évolution politique des principaux pays occidentaux, depuis 150 à 200 ans, vous verrez que la tendance au bipartisme est générale. C'est l'instauration de la majorité qui provoque "naturellement" ce genre de simplifications. Ça a des avantages. Plus il y a de partis, et plus se pose la question de la
légitimité du vainqueur, puisque sa base électorale est forcément minoritaire. Un pouvoir n'est donc jamais représentatif. Les pays qui préfèrent le principe de la
proportionnalité ont des avantages certains, mais aussi des inconvénients : le pouvoir législatif y est aussi fort, voire plus fort que le pouvoir exécutif. Mais en période de crise, c'est un problème : il faut agir vite, prendre des décisions compliquées qui, à l'échelle parlementaire, demanderaient des semaines au mieux.
Dernière édition par Euterpe le Mar 11 Fév 2014 - 13:53, édité 2 fois