Funkhip a écrit: notre système n'est pas non plus une démocratie puisque le peuple (même s'il choisit son représentant) ne sait pas à l'avance ce que ce dernier fera une fois en place, les promesses peuvent très bien ne pas être respectées, et les actions qu'il mènera pourront tout aussi bien ne pas être désirées pas la majorité de la population.
On ne sait jamais à l'avance ce que feront nos représentants une fois en place, non pas en raison de promesses non tenues, mais pour la bonne raison que c'est inscrit dans nos constitutions depuis la Révolution de 1789.
Constitution du 4 octobre 1958 a écrit: TITRE IV
LE PARLEMENT
[...]
Article 27
Tout mandat impératif est nul.
Le mandat impératif est incompatible avec la délibération, qui implique de ne pas préjuger de ce que seront les opinions. Talleyrand l’énonça clairement le 7 juillet 1789 :
Archives parlementaires, Première série, tome 8, Paul Dupont, Paris, 1875, p . 201. a écrit: un bailliage n’a pas pu dire à son député : ‘‘Je vous ordonne de manifester telle opinion lorsque telle question sera agitée’’ ; car, pourquoi envoie-t-il un député ? c’est certainement pour délibérer, pour concourir aux délibérations ; or il est impossible de délibérer lorsqu’on a une opinion forcée. De plus, le bailliage ne peut savoir avec certitude lui-même quelle serait son opinion après que la question aurait été librement discutée par tous les autres bailliages ; il ne peut donc l’arrêter d’avance
La question des "promesses jamais tenues" n'est que très rarement le fait de mensonges, mais s'explique par le principe du réel, parfaitement impérieux. On ne compte plus le nombre de "plans", mis en œuvre à marche plus ou moins forcée au XXe siècle (cf. le planisme), et qui volèrent en éclats avant terme, face aux réalités imprévues, les unes prévisibles, les autres imprévisibles.
Cette "sensibilité" aux promesses de nos dirigeants est propre à notre Ve république (élection du président de la république au suffrage universel direct, au nez et à la barbe du parlement, qui n'a pas voix au chapitre). Nous vivons sous un régime présidentiel, plutôt que parlementaire. Nous nous rapportons exclusivement au pouvoir exécutif (président et gouvernement), tandis que le pouvoir législatif (députés) ne nous intéresse guère (le taux de participation aux élections législatives est désastreux). Or l'assemblée nationale est délibérative, par définition, c'est pourquoi il est temps de comprendre que les députés, non seulement ne peuvent pas savoir à l'avance ce qu'ils feront, mais aussi, et par conséquent, que l'action politique s'inscrit dans la durée, pas dans l'immédiateté. Cette nécessité montre que les critiques adressées au corps politique sont souvent infondées, et injustes.
Nous avons affaire à un "peuple" (dont on se demande ce que ça peut bien être) qui vote n'importe comment, et qui maintient pieds et poings liés ses dirigeants une fois qu'il les a élus. Que dire de cette "bête" à mille têtes qui vote blanc pour exiger noir le lendemain ? Les politiques ne sont pas des prestataires de service. Si le peuple veut des prestataires de service, il faudra, 1°) qu'il accepte une bonne fois pour toutes une réforme constitutionnelle, puisque la Ve est incompatible avec une telle exigence, 2°) qu'il rémunère ses nouveaux prestataires, révocables à merci. Mais il faudra, aussi, enfin, et surtout, qu'il arrête de donner des leçons de démocratie, quand dans le même temps il piétine tous les jours la démocratie. Quand on vote pour quelqu'un, on passe un contrat, parce qu'on a mandaté ce quelqu'un, et qu'on ne peut raisonnablement le juger qu'à la fin de son mandat. Nous vivons des élections permanentes (= révolution permanente) depuis deux siècles. Ça fait deux siècles que des députés disent aux Français que la confiance est une donnée constitutive de tout gouvernement moderne (démocratique). Ça fait deux siècles que les Français n'écoutent pas leurs députés, parce que ça fait deux siècles qu'ils se croient les propriétaires de tout pouvoir constituant. Que le peuple serve ses représentants comme ses représentants le servent. On discutera du reste après.
Dernière édition par Euterpe le Mar 11 Fév 2014 - 14:04, édité 1 fois