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Le pouvoir corrompt

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Euterpe
Collegienmv
10 participants

descriptionLe pouvoir corrompt - Page 6 EmptyRe: Le pouvoir corrompt

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La démocratie athénienne, bien sûr, n'est pas comme la démocratie actuelle. Mais si nous continuons dans votre pensée, notre système n'est pas non plus une démocratie puisque le peuple (même s'il choisit son représentant) ne sait pas à l'avance ce que ce dernier fera une fois en place, les promesses peuvent très bien ne pas être respectées, et les actions qu'il mènera pourront tout aussi bien ne pas être désirées pas la majorité de la population.

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Où ai-je dis une chose pareille ? L'aurais-je seulement sous-entendu ?

Un malentendu semble s'être installé. Athènes n'est une démocratie qu'à partir du Ve av jc, pas avant. Quant à critiquer son organisation - et ses évolutions - c'est en regard de ce que vous avez vous-même proposé comme définition.

Pour le reste, évitons de tout mélanger. Si vous parlez de la Grèce classique, le régime athénien évolue de l'isonomie à la démocratie radicale, de Clisthène à Périclès. Le contrôle de l'action des magistrats est une chose bien réelle, avec de réelles conséquences ; cette notion de responsabilité nous semble une étrangeté absolue. Il convient également de s'interroger sur la volonté du peuple à l'auto-gestion, sur sa capacité à le faire.

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Funkhip a écrit:
notre système n'est pas non plus une démocratie puisque le peuple (même s'il choisit son représentant) ne sait pas à l'avance ce que ce dernier fera une fois en place, les promesses peuvent très bien ne pas être respectées, et les actions qu'il mènera pourront tout aussi bien ne pas être désirées pas la majorité de la population.

On ne sait jamais à l'avance ce que feront nos représentants une fois en place, non pas en raison de promesses non tenues, mais pour la bonne raison que c'est inscrit dans nos constitutions depuis la Révolution de 1789.

Constitution du 4 octobre 1958 a écrit:
TITRE IV

LE PARLEMENT


[...]

Article 27

Tout mandat impératif est nul.

Le mandat impératif est incompatible avec la délibération, qui implique de ne pas préjuger de ce que seront les opinions. Talleyrand l’énonça clairement le 7 juillet 1789 :
Archives parlementaires, Première série, tome 8, Paul Dupont, Paris, 1875, p . 201. a écrit:
un bailliage n’a pas pu dire à son député : ‘‘Je vous ordonne de manifester telle opinion lorsque telle question sera agitée’’ ; car, pourquoi envoie-t-il un député ? c’est certainement pour délibérer, pour concourir aux délibérations ; or il est impossible de délibérer lorsqu’on a une opinion forcée. De plus, le bailliage ne peut savoir avec certitude lui-même quelle serait son opinion après que la question aurait été librement discutée par tous les autres bailliages ; il ne peut donc l’arrêter d’avance

La question des "promesses jamais tenues" n'est que très rarement le fait de mensonges, mais s'explique par le principe du réel, parfaitement impérieux. On ne compte plus le nombre de "plans", mis en œuvre à marche plus ou moins forcée au XXe siècle (cf. le planisme), et qui volèrent en éclats avant terme, face aux réalités imprévues, les unes prévisibles, les autres imprévisibles.
Cette "sensibilité" aux promesses de nos dirigeants est propre à notre Ve république (élection du président de la république au suffrage universel direct, au nez et à la barbe du parlement, qui n'a pas voix au chapitre). Nous vivons sous un régime présidentiel, plutôt que parlementaire. Nous nous rapportons exclusivement au pouvoir exécutif (président et gouvernement), tandis que le pouvoir législatif (députés) ne nous intéresse guère (le taux de participation aux élections législatives est désastreux). Or l'assemblée nationale est délibérative, par définition, c'est pourquoi il est temps de comprendre que les députés, non seulement ne peuvent pas savoir à l'avance ce qu'ils feront, mais aussi, et par conséquent, que l'action politique s'inscrit dans la durée, pas dans l'immédiateté. Cette nécessité montre que les critiques adressées au corps politique sont souvent infondées, et injustes.
Nous avons affaire à un "peuple" (dont on se demande ce que ça peut bien être) qui vote n'importe comment, et qui maintient pieds et poings liés ses dirigeants une fois qu'il les a élus. Que dire de cette "bête" à mille têtes qui vote blanc pour exiger noir le lendemain ? Les politiques ne sont pas des prestataires de service. Si le peuple veut des prestataires de service, il faudra, 1°) qu'il accepte une bonne fois pour toutes une réforme constitutionnelle, puisque la Ve est incompatible avec une telle exigence, 2°) qu'il rémunère ses nouveaux prestataires, révocables à merci. Mais il faudra, aussi, enfin, et surtout, qu'il arrête de donner des leçons de démocratie, quand dans le même temps il piétine tous les jours la démocratie. Quand on vote pour quelqu'un, on passe un contrat, parce qu'on a mandaté ce quelqu'un, et qu'on ne peut raisonnablement le juger qu'à la fin de son mandat. Nous vivons des élections permanentes (= révolution permanente) depuis deux siècles. Ça fait deux siècles que des députés disent aux Français que la confiance est une donnée constitutive de tout gouvernement moderne (démocratique). Ça fait deux siècles que les Français n'écoutent pas leurs députés, parce que ça fait deux siècles qu'ils se croient les propriétaires de tout pouvoir constituant. Que le peuple serve ses représentants comme ses représentants le servent. On discutera du reste après.

Dernière édition par Euterpe le Mar 11 Fév 2014 - 14:04, édité 1 fois

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Je ne comprends pas très bien votre critique. S'agit-il de dire que :

1) on ne peut vouloir, si on est cohérent, critiquer un régime si on n'est pas en mesure de le changer ;
2) certaines critiques sont stupides, mais que la critique n'est pas illégitime pour autant ;
3) toute critique d'une politique, d'un gouvernement élu et d'un régime est infondée puisqu'on a voté et donc participé à les choisir, si bien qu'il serait incohérent de ne pas jouer selon les règles du jeu et de vouloir défaire ce qui se fait au nom d'un choix effectué auparavant en notre nom ?

Ce qui reviendrait à poser l'alternative suivante : taisez-vous sur certains sujets, respectez le vote et attendez la prochaine élection, bref soyez démocrates, ou allez jusqu'au bout de vos convictions et instituez un régime idéal (bien qu'en réalité cela soit impossible), répondant à votre désir (qui en fait sera toujours déçu), au risque d'ailleurs de sombrer dans le contraire d'un régime donnant la parole aux citoyens. Bref si certaines critiques sont normales, il faut faire preuve d'une certaine modération parce que le régime en place, forcément imparfait, est le seul à nous octroyer quelque pouvoir, et on ne saurait critique, au nom de la liberté, d'une liberté finalement irresponsable, ce qui justement permet cette liberté. Mais ne vous attendez pas à ce que la politique soit différente, et ne jugez pas la politique dont vous ignorez tout, notamment les conditions, d'après un idéal qui demeure obscur.

On en arriverait, au fond, à la critique du populisme et de l'illusion du peuple-Un que critique Lefort, illusion qui est un cancer pour la démocratie et pour la souveraineté de ce peuple.

En définitive, quelle attitude adopter, surtout lorsqu'on est critique ?

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Je pense que ce que veut dire Euterpe c'est que les électeurs, en France surtout, n'attendent pas les résultats de la politique menée par les élus qui ont pourtant été élus pour cela. C'est pourtant la base de notre démocratie de confier une confiance envers ceux que nous élisons. La base de ce contrat de confiance c'est de laisser les gouvernants mener à bien leur politique et d'attendre les prochaines élections avant d'émettre un jugement politique. Or ce n'est plus le cas. Pis, la personne élue n'est même pas légitime pour tous ceux qui n'ont pas voté pour elle. Nombre de fois nous pouvons entendre : "ce n'est pas mon président", "je n'ai pas voté pour lui, je ne suis pas responsable". En somme comme un enfant qui, voyant qu'il avait perdu, disait qu'il ne voulait pas jouer. 
Cette critique possède en son sein une limite : l'Union Européenne, qui est à la base de beaucoup de lois qui s'inscrivent dans le système législatif des États et que nous ne pouvons décider. Cela remet donc en cause les deux systèmes politiques : celui de la France et celui de l'Europe, le premier parce qu'il est dépendant du second alors que le peuple qui l'élit n'est plus décisionnaire de quoi que ce soit, même avec son vote. Et le second, car les élections européennes sont des élections fantoches et que le pouvoir central ne dispose pas de légitimité électorale.

Finalement, ce n'est pas parce que les élus ne tiennent pas les promesses annoncées qu'ils sont corrompus. S'ils ne les tiennent pas, cela peut être dû à un principe de réalité, à une adaptation à un nouveau contexte, ou tout simplement à l'impossibilité de les mettre en place.
De même, si les élus sont obligés de faire des promesses farfelues, la responsabilité en revient aux électeurs qui préfèrent l'illusion d'un meilleur à venir qu'une idée réaliste et positive à long terme, telle qu'une baisse d'impôt massive qui ne sera jamais possible, à des restrictions temporaires pour aller mieux ensuite.
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