Ce "concept" a le vent en poupe auprès du grand public en France et ce depuis plusieurs années. Sa crédibilité a été garantie par le statut (psychanalyste, psychiatre ou psychothérapeute) de ceux qui l'ont popularisé.
D'un point de vue théorique, sa principale faiblesse (le terme "pervers-narcissique"), c'est que c'est un fourre-tout qui désigne des individus de sexe masculin. Les théoriciens de ce terme à la mode sont incapables d'illustrer cette pathologie par des exemples concrets (personnages réels ou de fiction, etc.) car le "pervers narcissique" serait, par nature, difficile à cerner en plus d'être passé maître dans l'art de la dissimulation. On en arrive rapidement à la conclusion que l'emploi de ce terme est moins vrai qu'il n'est utile. Il suffit de voir l'utilisation qui en est faite par des femmes sur des forums et autres blogs : la découverte de ce terme par ces dernières précède une "prise de conscience". Grâce à ce terme, on identifie parfaitement un conjoint - souvent père de famille - avec qui on a vécu parfois des années sans s'être rendu compte de ce qu'il "est" - oui car la "perversion narcissique" est une maladie incurable. Il s'agit maintenant d'essayer de fuir cet individu, non sans difficultés, car il exerce une domination sur son entourage. La victime auto-proclamée trouvera sur des forums le témoignage d'autres femmes qui feront écho à son expérience. Ce qui, en retour, ne pourra que renforcer la croyance d'avoir été la "victime" d'un "pervers narcissique".
Ce phénomène (la diffusion de cette représentation) est inquiétant à plusieurs égards. Il est la manifestation de la légitimation, sur un mode paranoïaque, de l'absence, et d'autonomie et de responsabilité, dans la société française. On fait reposer son malheur présumé sur l'épaule des autres sans s'interroger sur soi-même : les "victimes", lit-on, seraient majoritairement des femmes diplômées issues d'un milieu social aisé. Par conséquent, ces dernières ont d'autant moins d'excuses de ne pas savoir mener leur vie privée sans rejeter la faute sur autrui (d'autant plus que le "pervers narcissique" en question n'est pas nécessairement celui qui bat sa femme, la viole ou la tue - donc des actes - mais celui qui manipule par des paroles). Ce terme est relayé, de plus en plus, à la fois par les médias et des ouvrages qui abordent ce thème (succès commercial garanti pour leurs auteurs). Sa puissance performative n'irait pas sans conséquences institutionnelles : son apparition dans le droit français et son couronnement scientifique à l'université constituent un horizon envisageable dans un tel contexte.
D'un point de vue théorique, sa principale faiblesse (le terme "pervers-narcissique"), c'est que c'est un fourre-tout qui désigne des individus de sexe masculin. Les théoriciens de ce terme à la mode sont incapables d'illustrer cette pathologie par des exemples concrets (personnages réels ou de fiction, etc.) car le "pervers narcissique" serait, par nature, difficile à cerner en plus d'être passé maître dans l'art de la dissimulation. On en arrive rapidement à la conclusion que l'emploi de ce terme est moins vrai qu'il n'est utile. Il suffit de voir l'utilisation qui en est faite par des femmes sur des forums et autres blogs : la découverte de ce terme par ces dernières précède une "prise de conscience". Grâce à ce terme, on identifie parfaitement un conjoint - souvent père de famille - avec qui on a vécu parfois des années sans s'être rendu compte de ce qu'il "est" - oui car la "perversion narcissique" est une maladie incurable. Il s'agit maintenant d'essayer de fuir cet individu, non sans difficultés, car il exerce une domination sur son entourage. La victime auto-proclamée trouvera sur des forums le témoignage d'autres femmes qui feront écho à son expérience. Ce qui, en retour, ne pourra que renforcer la croyance d'avoir été la "victime" d'un "pervers narcissique".
Ce phénomène (la diffusion de cette représentation) est inquiétant à plusieurs égards. Il est la manifestation de la légitimation, sur un mode paranoïaque, de l'absence, et d'autonomie et de responsabilité, dans la société française. On fait reposer son malheur présumé sur l'épaule des autres sans s'interroger sur soi-même : les "victimes", lit-on, seraient majoritairement des femmes diplômées issues d'un milieu social aisé. Par conséquent, ces dernières ont d'autant moins d'excuses de ne pas savoir mener leur vie privée sans rejeter la faute sur autrui (d'autant plus que le "pervers narcissique" en question n'est pas nécessairement celui qui bat sa femme, la viole ou la tue - donc des actes - mais celui qui manipule par des paroles). Ce terme est relayé, de plus en plus, à la fois par les médias et des ouvrages qui abordent ce thème (succès commercial garanti pour leurs auteurs). Sa puissance performative n'irait pas sans conséquences institutionnelles : son apparition dans le droit français et son couronnement scientifique à l'université constituent un horizon envisageable dans un tel contexte.