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Nietzsche, l'art et la vérité.

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Euterpe
Desassocega
6 participants

descriptionNietzsche, l'art et la vérité. - Page 4 EmptyRe: Nietzsche, l'art et la vérité.

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Aristippe de cyrène a écrit:
Qu'entend-il donc par ce "tout est permis" ?

Tout. Par exemple, l'assassinat est permis, du reste le Vieux de la montagne ne s'en privait pas. Du haut de sa citadelle, il envoyait ses disciples tuer les cibles qu'il leur désignait. C'est le plus haut degré de liberté qui puisse être atteint. L'homme n'est plus soumis à aucune vérité "venue d'en haut", il est libre d'agir comme il l'entend, hors de toute notion morale.

Du reste, s'il dit qu'il n'y a pas de vérité absolue, ne tombe-t-il pas dans un certain relativisme ? Comment Nietzsche voit-il la vérité ?

En effet, la philosophie de Nietzsche relativise les valeurs les plus sacrées, Dieu et la morale. Cela dit, ce fut pour créer de nouvelles valeurs, faire table rase du passé. "Brisez-moi ces vieilles tables !" clame Zarathoustra à ses disciples.

Nietzsche voit la vérité comme une illusion. Des hommes sont morts pour elle, autant dire qu'ils sont morts pour un mirage. Il n'y a qu'une seule "vérité", la volonté de puissance. C'était déjà le cas chez Schopenhauer, bien que la Volonté schopenhauérienne ne croisse pas. Si on veut savoir ce que Nietzche entend par "vérité", il faut se demander ce qu'il veut dire par "volonté".

Silentio a écrit:
La vitalité, après tout, n'est qu'une valeur parmi les autres. Et si la force triomphe, la discussion est impossible et rien n'est prouvé.

Mais la vitalité triomphera des plus faibles. Cette objection que vous faites à Nietzsche, elle a déjà été avancée par un journaliste à la parution de Par delà Bien et Mal. Comment un philosophe, un homme de livres, peut-il louer la force brute des barbares, alors que lui-même serait le premier à périr dans cette configuration ? Nietzsche, qui ne s'exprimait pas dans les journaux, aurait sans doute répondu : "Tant mieux !". Nietzsche = mort de la philosophie, est aussi une équation qui a été maintes fois avancée contre son œuvre.

descriptionNietzsche, l'art et la vérité. - Page 4 EmptyRe: Nietzsche, l'art et la vérité.

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Liber a écrit:
Aristippe de cyrène a écrit:
Qu'entend-il donc par ce "tout est permis" ?
Tout. Par exemple, l'assassinat est permis, du reste le Vieux de la montagne ne s'en privait pas. Du haut de sa citadelle, il envoyait ses disciples tuer les cibles qu'il leur désignait. C'est le plus haut degré de liberté qui puisse être atteint. L'homme n'est plus soumis à aucune vérité "venue d'en haut", il est libre d'agir comme il l'entend, hors de toute notion morale.

Très bien. Mais alors si tout est permis, ne faut-il pas quelque chose comme la raison pour empêcher une sorte d'apocalypse ? Car si tout est permis, n'est-ce pas là le risque que le monde se transforme en grand n'importe quoi ?

Un ami de ma famille laisse son enfant totalement "libre" de faire ce qu'il veut. Bref, pour cet enfant, tout est permis. Eh bien je peux vous dire que ce n'est pas beau à voir ! Et je n'arrive pas à m'imaginer que le monde entier puisse être ainsi. Sur ce point donc, je préfère prendre de la distance avec Nietzsche.

Liber a écrit:
Si on veut savoir ce que Nietzsche entend par "vérité", il faut se demander ce qu'il veut dire par "volonté".
Voulez-vous dire que chez Nietzsche, la seule vérité est celle de la puissance ? Qu'on doit juger chaque chose selon si elle augmente ou diminue notre puissance ? Peut-être posé-je mal ma question, car j'ai l'impression ici de teindre Nietzsche avec du spinozisme...

Il me semble que chez Schopenhauer il n'est jamais question de volonté de puissance, mais seulement de volonté. En quoi ajouter le mot "puissance" a-t-il changé la définition de la volonté ?

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Aristippe de cyrène a écrit:
Mais alors si tout est permis, ne faut-il pas quelque chose comme la raison pour empêcher une sorte d'apocalypse ? Car si tout est permis, n'est-ce pas là le risque que le monde se transforme en grand n'importe quoi ?

Remarquez que cette liberté n'est laissée que pour les esprits les plus libres, qui auront donc à dominer les autres (cf. ce que dit Nietzsche de la nécessité de l'esclavage). Aucun problème ici, puisque la philosophie de Nietzsche repose avant tout sur des rapports de domination. A aucun moment, Nietzsche (malgré ce qu'en dit Onfray) n'est libertaire. Il écrit quelque part : "L'absolue hiérarchie d'homme à homme". On est avec lui dans un système extrêmement aristocratique, dont le sport pourrait donner un avant-goût. Ou l'art. Voyez par exemple la concurrence entre artistes dans la Florence du XVe siècle, à laquelle on peut aussi se référer si on veut avoir une idée de la "cité idéale" nietzschéenne.

Liber a écrit:
Si on veut savoir ce que Nietzsche entend par "vérité", il faut se demander ce qu'il veut dire par "volonté".
Voulez-vous dire que chez Nietzsche, la seule vérité est celle de la puissance ?

Non, je parlais seulement de la volonté. Une philosophie de la volonté signifie que notre monde ne repose plus sur un esprit. Néanmoins, comme nous l'avons souligné plus haut, la recherche du vrai n'en demeure pas moins. Comment concilier les deux ? C'est la difficulté à laquelle se sont heurtés Nietzsche et Schopenhauer, singulièrement celui-ci, qui proclame à tout bout de champ qu'il a trouvé la vérité. Difficulté que n'avaient pas les poètes romantiques allemands, qui pouvaient rester dans le vague. Ainsi, Nietzsche me paraît plus à l'aise dans ses poèmes que dans ses développements sur la logique. Son idéal se trouvait sans doute là, témoins les poèmes de Gœthe dont il loue la parfaite synthèse entre esprit d'analyse et esprit poétique. Rappelons le titre des Mémoires de Gœthe, Dichtung und Wahrheit, poésie et vérité, dont le poète disait qu'il ne savait pas exactement où commençait l'une et où finissait l'autre.

En quoi ajouter le mot "puissance" a-t-il changé la définition de la volonté ?

Il lui donne un sens, alors que la volonté de Schopenhauer n'en avait pas. C'était précisément ce qui la rendait si angoissante. Nietzsche emploie l'expression de "volonté du néant", justifiant ainsi le mouvement inclus dans la volonté, "vouloir quelque chose plutôt que de ne rien vouloir du tout".

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Leopardi a écrit:
Les illusions existent naturellement et sont inhérentes au système du monde : les supprimer totalement, ou presque, c'est dénaturer l'homme et tout peuple dénaturé est barbare car il ne suit plus le cours du système du monde. La raison est une lumière. La nature veut être éclairée par la raison, et non incendiée. Ce dont je parle se produisit chez les Grecs et les Romains ; du temps de Longin, ils étaient déjà presque barbares sans qu'il n'y eût pourtant aucune intrusion étrangère ; la barbarie naquit toute seule dans leurs pays, dans ces pays extrêmement civilisés parce que la civilisation y était excessive. Cicéron prêchait les illusions.


Leopardi a écrit:
Et la raison, naturellement attirée par ce qui lui est utile, détruit les illusions qui nous lient les uns aux autres, dissout radicalement la société et rend les gens plus féroces.


Zibaldone, G. Leopardi


Je ne sais pas dans quelle mesure on peut y voir une piste...

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Nietzsche était un lecteur de Leopardi.
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