Aristippe de cyrène a écrit:Qu'entend-il donc par ce "tout est permis" ?
Tout. Par exemple, l'assassinat est permis, du reste le Vieux de la montagne ne s'en privait pas. Du haut de sa citadelle, il envoyait ses disciples tuer les cibles qu'il leur désignait. C'est le plus haut degré de liberté qui puisse être atteint. L'homme n'est plus soumis à aucune vérité "venue d'en haut", il est libre d'agir comme il l'entend, hors de toute notion morale.
Du reste, s'il dit qu'il n'y a pas de vérité absolue, ne tombe-t-il pas dans un certain relativisme ? Comment Nietzsche voit-il la vérité ?
En effet, la philosophie de Nietzsche relativise les valeurs les plus sacrées, Dieu et la morale. Cela dit, ce fut pour créer de nouvelles valeurs, faire table rase du passé. "Brisez-moi ces vieilles tables !" clame Zarathoustra à ses disciples.
Nietzsche voit la vérité comme une illusion. Des hommes sont morts pour elle, autant dire qu'ils sont morts pour un mirage. Il n'y a qu'une seule "vérité", la volonté de puissance. C'était déjà le cas chez Schopenhauer, bien que la Volonté schopenhauérienne ne croisse pas. Si on veut savoir ce que Nietzche entend par "vérité", il faut se demander ce qu'il veut dire par "volonté".
Silentio a écrit:La vitalité, après tout, n'est qu'une valeur parmi les autres. Et si la force triomphe, la discussion est impossible et rien n'est prouvé.
Mais la vitalité triomphera des plus faibles. Cette objection que vous faites à Nietzsche, elle a déjà été avancée par un journaliste à la parution de Par delà Bien et Mal. Comment un philosophe, un homme de livres, peut-il louer la force brute des barbares, alors que lui-même serait le premier à périr dans cette configuration ? Nietzsche, qui ne s'exprimait pas dans les journaux, aurait sans doute répondu : "Tant mieux !". Nietzsche = mort de la philosophie, est aussi une équation qui a été maintes fois avancée contre son œuvre.