Kvothe a écrit:L’étonnement de trop courte durée ? C'est Aristote lui-même qui reconnaît que "s'étonner" est le moteur de la réflexion philosophique. L'étonnement conduit à l'étonnement, c'est un cercle vertueux. Aucun thème philosophique n'est "autarcique", le questionnement porte en lui d'autres interrogations.
Aristote se leurrait. Comme vous le dites si bien l'étonnement conduit à l’étonnement... et non à la philosophie. Ce qui nous étonne c'est le danger (l'étonnement n'est ni plus ni moins qu'une frayeur momentanée), et ce qui nous pousse à philosopher c'est que maintenant que nous avons conscience de ce "nouveau danger", nous ne pouvons plus vivre comme ne le faisions auparavant. Et comme je vous sais enclin à sous-entendre le négatif sous toute une catégorie d’expressions, je vous préciserai qu'il n'est de plus grand plaisir que celui que nous éprouvons lorsque nous nous retrouvons confrontés au danger, et ce pour la bonne raison que depuis la nuit des temps l'origine du plaisir c'est justement surmonter le danger qui se présente à nous. Le moteur de la philosophie c'est cette angoisse ancestrale qui est inhérente à la vie, l'unique plaisir (et l'unique déplaisir par la même occasion) du philosophe c'est de s'y trouver confronté, il désire la surmonter, en triompher, c'est là la vertu du philosophe, ce par quoi il grandit.
Vu l'heure tardive vous me pardonnerez de ne pas aborder pour le moment notre contentieux sur l’expérience et l’erreur qui selon moi lui est inhérente, nous remettrons ça à un peu plus tard si le plaisir vous en chante.
Bonne nuit.