Il n'empêche, à chaque fois que ces paroles nauséabondes sont énoncées elles doivent rencontrer un mur, non pas de silence mais de paroles. Et s'il faut le répéter cent mille fois, ce ne sera jamais de trop. Et même si c'était vain, il faudrait continuer encore et encore. Avant de parler de résultat, le silence qui suit ces drames est de même nature que celui qui les accompagna. Ceux qui les subirent avaient la hantise qu'on ne les croie pas. Ils se sont tus, puis certains ont commencé à parler. Même si la tâche leur semblait impossible parce que l'on ne peut pas transmettre l'indicible, ils ont quand même pris la décision de parler. Parce qu'ils avaient le sentiment que le peu qui passerait ne serait pas insignifiant, en plus de le devoir à tous ceux qui ne le pourront jamais. Alors oui, on ne peut pas convaincre les fous. Mais l'holocauste, ou l'esclavage, la torture, etc., n'est pas du fait d'hommes cliniquement débiles ; et si par la parole nous nous opposons au négationnisme, peut-être pouvons-nous seulement limiter sa propagation vers des êtres qui ne le sont pas nécessairement. Mais qu'importe d'abord le résultat puisqu'il est en premier question de notre propre rapport à ces événements.
Alors on sort les tableaux Excel et l'on compte pour savoir si c'est mathématiquement valable de s'opposer, ou nous nous comportons comme des hommes capables de nous battre pour ce qui nous semble être juste ?