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Avoir des enfants : égoïsme ou pas ?

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kiralinconnu
6 participants

descriptionAvoir des enfants : égoïsme ou pas ? - Page 6 EmptyRe: Avoir des enfants : égoïsme ou pas ?

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Votre systématique de l'égoïsme pourrait s'appliquer au donjuanisme. Elle s'inscrirait dans une conception anthropologique dans laquelle l'égoïsme utilitaire met en jeu les paradigmes de la lutte et de la compétition (Hobbes) par opposition à une autre conception dans laquelle l'homme garde à l'esprit, en dépit de sa nature, le respect de la morale (égoïsme moral) contre le respect de la seule raison utilitaire - coopération compétitive, coopération égalitaire et morale (Kant, Rousseau). Les deux formes d'égoïsme que vous décrivez enrichissent alors fortement notre fil de discussion sur l'égoïsme vs. le désir ou non chez l'enfant qui se pose tout différemment suivant que la dynamique du couple repose sur l'amour raison ou l'amour passion.

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kercoz a écrit:
Le problème tient au fait que le terme "égoïsme" implique la "morale" et donc la raison. Il existe pourtant une forme d'égoïsme qui va servir les intérêts du groupe ou de l'espèce (certains parlent du gène égoïste).
1) Ne faudrait-il pas dire : Le problème tient au fait que le terme "égoïsme" implique la "morale" et donc la raison morale, par opposition à la raison utilitaire qui procède de l'égoïsme utilitaire qui ne s'embarrasse pas de morale ?
2) La démographie humaine ne semble pas plus contrôlable que celle des autres espèces vivantes. On ne sait pas, par exemple, sortir des trous démographiques ni éviter une explosion ou un hiver démographiques. La théorie synthétique de l'évolution montrerait que la démographie est en partie contrôlée par les gènes ou des facteurs environnementaux généraux, et non pas simplement par les comportements individuels au sens de Darwin, de sorte que la procréation serait déterminée par une logique biologique implacable qui émergerait sous forme de comportements individuels égoïstes/altruites (enfantement, infanticide, etc.). On remarque cependant que les êtres vivants peuvent se comporter de façon morale en échappant à l'utilitarisme :
  • "L'animal moral"
  • "Minds and moral"

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kercoz a écrit:
Pour les espèces socialisées, il me semble qu'il y a une gestion culturelle de la population en fonction des ressources
Selon que le cadre socio-économique et culturel que vous décrivez ici détermine ou non les comportements individuels, nous avons deux cas : 1) dans le premier cas le garde-fou des comportements individuels serait ce cadre même, 2) alors que dans le second cas ce serait la morale et/ou la raison que se situerait le nœud de notre discussion sur le libre arbitre et, en conséquence, de notre responsabilité en matière de procréation - encore que la morale et la raison puissent procéder encore ici d'un cadre socio-économique et culturel invisible qui ne serait pas foncièrement différent de celui du premier cas.

Dernière édition par BOUDOU le Lun 4 Juil 2016 - 11:19, édité 1 fois

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kercoz a écrit:
La procréation est l'exemple même du problème que pose l'émergence de la raison. Mon point de vue est que toute espèce sociale est culturelle…

N'y aurait-il pas d'autres facteurs de la procréation plus importants que la raison ou la culture ?

Avakian Daniela, « Les enfants du désir de Monique Bydlowski », Revue française de psychanalyse 4/2009 (Vol. 73) , p. 1185-1189 a écrit:
L’auteur interroge ensuite les racines inconscientes du désir d’enfant, notamment chez la femme, selon la théorie freudienne [...]. [Le] désir ou le refus d’enfant affiché dans le discours conscient [n'est] souvent que la face visible d’une contre-volonté inconsciente qui s’oppose au projet annoncé. Ce qui renvoie au conflit intrapsychique pulsion/défense, à la dimension narcissique du désir d’enfant (chez ces femmes qui « ne savent imaginer qu’un enfant identique à leur image, non modifié par le caractère radical de la rencontre avec l’autre »), et plus généralement au combat que se livrent (tant sur le terrain individuel qu’à l’échelle collective de la reproduction de l’espèce) les pulsions de vie et de mort [...].
[L']auteur met l’accent sur le fait que, si la maternité s’impose à la femme comme une réalité biologique, ancrée dans le corps, la paternité est davantage le fruit de cogitations, d’hypothèses et de conjectures qui engagent l’activité de pensée autour du mystère de l’origine et l’énigme de l’engendrement (comme c’est d’ailleurs le cas pour la femme avant de sentir les premiers mouvements du fœtus). Aussi, l’arrivée d’un enfant fait revivre à l’homme adulte, entre autres, la peur des animaux sauvages, monstres, dinosaures et autres dragons de la petite enfance, et remet à l’ordre du jour la nécessité d’un combat fantasmatique contre des êtres malveillants, étrangers et persécuteurs, qui menacent de le tuer et sur lesquels il va triompher. L’enfant à venir devient alors fantasmatiquement une réédition du père rival ou d’un cadet menaçant de le supplanter auprès de la mère, et qu’il faudrait donc... supprimer dans l’œuf. La mythologie grecque regorge de ces fantasmes infanticides de pères craignant d’être détrônés et tués par leurs enfants mâles, et met en scène des pères dévorant (Cronos) ou condamnant à mort (Laïos) leur progéniture.

www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2009-4-page-1185.htm.


Gaille Marie, Le désir d'enfant a écrit:
On rencontre tout d’abord l’idée selon laquelle faire des enfants est la réalisation d’un destin organique propre à l’être humain, comme le fait de manger, boire ou dormir. La théorie du gène égoïste et l’idée de comportements réplicateurs communs aux hommes et aux femmes impulsés par les gènes qui se sont imposés au cours de l’évolution fondent à l’époque contemporaine cette perspective. Selon cette théorie, les gènes ont pour caractéristique de continuer à se reproduire, indépendamment des intérêts de l’individu qui en est porteur (R. Dawkins, Le gène égoïste, 1976)... Cette conception du désir d’enfant vaut en particulier lorsqu'on estime que la perpétuation de l’espèce est un motif-clé des comportements de l’espèce humaine : sciemment ou non, hommes et femmes s’unissent en vue de se reproduire. La sexualité s’expliquerait avant tout en vertu de ce motif : elle aurait pour objectif la fécondation.

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BOUDOU a écrit:
"Vous avez appris qu'il a été dit : tu ne commettras pas d'adultère. Mais moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle." (Évangile de Matthieu).
Nous avons avec cette sentence un aperçu de la dérive du christianisme dans la stigmatisation du désir. Ici la pensée est en elle-même stigmatisée, qu'il y ait acte ou pas, alors que, dans le judaïsme, du moins chez les juifs que je connais, ce type de stigmatisation n'existe pas (je ne parle pas des juifs orthodoxes ou extrémistes). [Vous parlez, vous, de théorie, de ce que doit être le judaïsme dans les livres, moi je parle du réel, de la manière dont il est vécu].

Cette stigmatisation du désir est en relation avec les femmes (du point de vue des hommes), et, pour comprendre cette stigmatisation du désir, il faudrait sans doute explorer ses origines. Il faudrait même explorer pourquoi le désir, en soi, est ainsi stigmatisé. Dans le désir d'enfant c'est d'abord le désir qui est stigmatisé. Tout le monde braque le regard sur le mot "enfant" et tout le monde oublie de regarder le mot "désir". Car c'est là que ça ne va pas. C'est là qu'existe la plus grande opacité : le désir. Pourquoi après tout s'interroger sur le désir d'enfant ? parce qu'il y a désir, et que ce désir en plus concerne la relation intime homme-femme.

Désirer est suspect dans toutes les religions monothéistes, mais plus encore dans le catholicisme. Si vous n'avez pas vu le film Les sœurs Magdalena, je vous conseille de le visionner. Une jeune fille est envoyée au couvent (il s'agit d'une histoire vraie), en Irlande, et ce dans les années 60 (pas si vieux que ça) uniquement parce qu'elle se rend désirable. Où nous voyons que cette jeune fille est stigmatisée, car elle suscite le désir chez les hommes et elle est coupable de susciter cette chose horrible, pour les catholiques : engendrer le désir chez les hommes.

Mais allons plus loin avec cette question sur l'égoïsme. Car l'interrogation sur le désir d'enfant porte aussi sur l'égoïsme. Est mal tout ce qui relève de l'égoïsme chez les catholiques et chez toutes les nations héritières de cette culture. Mais que reproche-t-on in fine à l'égoïsme ? d'agir en attendant un retour. Ce qui a contrario signifie, pour le catho, que la seule action "pure" c'est celle qui est faite sans attendre un retour. Mais quand vous "désirez" faire une action, même gratuite, le seul fait de "désirer" engendre du plaisir ! (si vous réalisez l'action dite !).

C'est donc bien le désir qui est stigmatisé, et si vous avez du plaisir, c'est que vous avez "désiré", et en cela vous êtes coupable. La seule action pure pour les catho, c'est une action qui n'est pas désirée. Ce qui est impossible (du moins si vous exercez dans le cadre de votre liberté). En cela Nietzsche avait raison, le christianisme porte dès l'origine en lui une névrose.
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