Dans un premier temps je citerai Kant pour vous répondre, car il exprime bien ce que vous réprouvez justement dans la morale chrétienne. Si je peux me permettre une digression, la bonne lecture non critique (académique) d'une œuvre comme celle de Kant qui est au centre de gravité de la philosophie occidentale, consisterait, à mon sens, à 'identifier et isoler les questions principales qui se posent au fur et à mesure de la lecture au lieu de présenter indirectement ces questions par l'introduction de biais d'interprétations au cours de la présentation séquentielle de l'œuvre.
Je continuerai ma réponse un peu plus tard car je m'apprête à redescendre dans le midi, où les chaleurs caniculaires m'attendent, après avoir passé plusieurs semaines dans la fraîche verdure de la Bretagne.Le devoir - (Cours de philosophie - Le déontologisme kantien)
[La] volonté peut être autonome dans la mesure où elle peut se déterminer par la raison, en l’absence de toute autre détermination extérieure. Elle peut donc se donner à elle-même sa loi. Cette autonomie de la volonté est ce qui rend l’action morale possible [...].
[Nous] ne pouvons jamais, même par l’examen le plus rigoureux, pénétrer entièrement jusqu'aux mobiles secrets ; or, quand il s’agit de valeur morale, l’essentiel n’est point dans les actions, que l’on voit, mais dans ces principes intérieurs des actions, que l’on ne voit pas.
Seul Dieu, qui « sonde les cœurs et les reins » (Ancien Testament, Psaume 7, 10), peut connaître la vérité des intentions humaines. On pourrait même pousser plus loin et dire qu’aucune action ne peut être morale au sens de Kant, tout simplement parce que toute action doit nécessairement être déterminée par un intérêt quelconque. Une action sans aucun intérêt est un monstre conceptuel [...][Il] est capital, pour Kant, que l’on ne connaisse pas Dieu, qu’on n’ait aucune preuve de son existence, et qu’on puisse simplement supposer qu’il existe. Car si nous savions que Dieu existe, la moralité en pâtirait car nous ne ferions plus le bien par devoir mais plutôt en vue d’entrer au paradis après notre mort. La morale kantienne est une sécularisation de la morale religieuse, mais la dimension de la morale qu’elle exacerbe (le caractère bon au sens de désintéressé de la volonté) fait que cette morale n’est possible que si on ignore que Dieu existe. La moralité au sens de Kant culmine donc avec la mort de Dieu : toutes choses égales par ailleurs, l’athée est plus moral que le croyant car l’espoir du paradis n’entre pas dans ses mobiles.Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs a écrit:De tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une bonne volonté [...].
[Le] sang-froid d’un scélérat ne le rend pas seulement beaucoup plus dangereux ; il le rend aussi immédiatement à nos yeux plus détestable encore que nous ne l’eussions jugé sans cela [...].
Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen [...].
Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle