Quand on parle de penser par soi-même, on met en avant la faculté à remettre en question les affirmations, les dires d’autrui. C’est-à-dire, ne pas adopter une position morale ou philosophique simplement parce qu’une « autorité » (prof, culture/tradition, grands auteurs...) nous le dit.
C’est en effet un aspect des choses, un second aspect dont il est également question quelquefois, est de ne pas s’arrêter à une formulation minimaliste d’une idée sans faire l’effort de la creuser. Par exemple : « la religion est inutile, le mensonge est mal, etc. ».
Pour ma part, je pense avoir fait ces efforts, j’ai rarement accepté une idée, qu’elle me soit inculquée par quelqu’un ou qu’elle résulte d’une interrogation personnelle, sans la confronter à d’autres thèses. Et petit à petit je me suis construit une pensée « que je croyais personnelle ». Cela je l’ai fait sans étudier, ni m’arrêter sur les grands philosophes, théologiens, logiciens, etc. Mais, je me suis rendu compte que tout ce que j’ai pu penser, d’autres l’avaient fait avant moi et de bien meilleure manière. Ils en ont laissé des traces, une formalisation limpide qui souvent m’a permis de mettre des mots sur ce que je n’avais qu’effleuré de ma pensée ou de mes rêveries.
Bref, je me demande aujourd’hui ce que j’aurais à penser qu’un autre n’aurait pensé avant moi. Même si je n’arrive pas à adopter exactement la pensée d’un de ces grands « penseurs », je trouve en chacun d’eux une part de ma pensée. De plus, j’ai l’impression que chacun exprime à peu près les mêmes choses, simplement sous un angle de vue différent, mais ce n’est pas le sujet. Il en découle qu’aujourd’hui, lorsque je commence à réfléchir sur un sujet, je me demande à quoi cela peut bien servir, et je me dis que je ferais aussi bien de chercher ce qu’un autre a dit sur le sujet. Mélange de paresse, de modestie et peut-être de sous-estime de soi. Donc plutôt que de produire ma pensée, je finis aujourd'hui toujours par consulter ces autres qui formalisent pour moi ce que je pense. Mon travail n’est plus de penser, mais de faire le tri.
J’ai l’impression de ne plus pouvoir penser par moi-même, car je me dis qu’il n’y aura rien de neuf sous le soleil, que de toute façon ça ne sera jamais aussi élaboré qu’une Critique de la raison pure, qu’une méditation cartésienne, qu’une analyse sur les hypothèses mathématiques de Poincaré. S’il n’y a rien de nouveau à penser, ou en tout cas si je suis incapable d’avoir des pensées nouvelles, quel intérêt de penser par moi-même ?
Dernière édition par kerso le Jeu 18 Avr 2013 - 22:52, édité 1 fois
C’est en effet un aspect des choses, un second aspect dont il est également question quelquefois, est de ne pas s’arrêter à une formulation minimaliste d’une idée sans faire l’effort de la creuser. Par exemple : « la religion est inutile, le mensonge est mal, etc. ».
Pour ma part, je pense avoir fait ces efforts, j’ai rarement accepté une idée, qu’elle me soit inculquée par quelqu’un ou qu’elle résulte d’une interrogation personnelle, sans la confronter à d’autres thèses. Et petit à petit je me suis construit une pensée « que je croyais personnelle ». Cela je l’ai fait sans étudier, ni m’arrêter sur les grands philosophes, théologiens, logiciens, etc. Mais, je me suis rendu compte que tout ce que j’ai pu penser, d’autres l’avaient fait avant moi et de bien meilleure manière. Ils en ont laissé des traces, une formalisation limpide qui souvent m’a permis de mettre des mots sur ce que je n’avais qu’effleuré de ma pensée ou de mes rêveries.
Bref, je me demande aujourd’hui ce que j’aurais à penser qu’un autre n’aurait pensé avant moi. Même si je n’arrive pas à adopter exactement la pensée d’un de ces grands « penseurs », je trouve en chacun d’eux une part de ma pensée. De plus, j’ai l’impression que chacun exprime à peu près les mêmes choses, simplement sous un angle de vue différent, mais ce n’est pas le sujet. Il en découle qu’aujourd’hui, lorsque je commence à réfléchir sur un sujet, je me demande à quoi cela peut bien servir, et je me dis que je ferais aussi bien de chercher ce qu’un autre a dit sur le sujet. Mélange de paresse, de modestie et peut-être de sous-estime de soi. Donc plutôt que de produire ma pensée, je finis aujourd'hui toujours par consulter ces autres qui formalisent pour moi ce que je pense. Mon travail n’est plus de penser, mais de faire le tri.
J’ai l’impression de ne plus pouvoir penser par moi-même, car je me dis qu’il n’y aura rien de neuf sous le soleil, que de toute façon ça ne sera jamais aussi élaboré qu’une Critique de la raison pure, qu’une méditation cartésienne, qu’une analyse sur les hypothèses mathématiques de Poincaré. S’il n’y a rien de nouveau à penser, ou en tout cas si je suis incapable d’avoir des pensées nouvelles, quel intérêt de penser par moi-même ?
Dernière édition par kerso le Jeu 18 Avr 2013 - 22:52, édité 1 fois