Traduit selon le point de vue des sciences, Wittgenstein exprimerait une doxa, la pré-existence des faits sur la matière. Wittgenstein en fait une assertion philosophico-mathématique dont voici les 2 premières thèses du Tractatus.« 1. Le monde est tout ce qui arrive. »« 2. Ce qui arrive, le fait, est l'existence des états de choses. »... En tenant compte du quantisme :« 3. Le monde est une succession de choix parmi toutes les possibilités parmi celles qui peuvent arriver, ce que formule Wittgenstein comme le monde étant au final la somme de « tout ce qui arrive. »« 4. Ce qui arrive, le fait, est la finalité de l'existence au départ d’une superposition des états de choses, avec un seul état métastable comme celui le plus probable dans notre espace-temps et qu’on appelle par commodité un fait certain. »
Je ne suis pas sûr que la transition soit pertinente. Les faits wittgensteiniens (qui ne pré-existent pas à la matière mais aux objets, soit dit en passant) sont macro-physiques. Tandis que les faits quantiques sont micro-physiques. Il n'y a, chez les physiciens de l'Ecole de Copenhague, y compris dans sa tendance la plus idéaliste, aucune assertion sur la nature de la réalité physique en général. Il n'y a, chez eux, aucune volonté de concurrencer les lois "classiques" de la gravitation einstinienne pour la bonne et simple raison que les particules sub-atomiques dont traite la mécanique quantique sont concernées par les interactions forte, faible ou électro-magnétique, mais échappent justement à la force gravitationnelle ! Bref, ce qui "arrive" dans le monde micro-physique dont traite la mécanique quantique n'est certainement pas "l'existence des états de choses".
Pour pouvoir dire qu’un objet existe en physique, il faut nécessairement le mesurer et de plus la fonction d’onde faisant intervenir des nombres complexes, ceci pose une difficulté supplémentaire car on ne peut pas parler une ontologie du nombre imaginaire en mathématiques. Réfléchir à ce que serait une ontologie de ce nombre ? Pour les physiciens, cela n'aurait pas de sens… Pour les mathématiciens encore moins, voire aucun. Nonobstant, il y a bien eu des mathématiciens platoniciens comme Gödel et Alain Connes à sa suite. Pourquoi ce mystère ?
Il n'y a là aucun "mystère" mais simplement une difficulté conceptuelle liée à la polysémie du verbe "exister". Si l'existence au sens de la macro-physique se conclut de l'adéquation d'une représentation possible avec une représentation réelle dans le cadre d'une expérimentation (cf. Kant), l'existence au sens logico-mathématique (cf. Frege) est un simple quantificateur ("il existe un x tel que f(x)), l'existence au sens existentialiste (cf. Sartre) est l'autre nom de l'intentionnalité consciente, etc.