Bonjour,
Grand lecteur de ce forum, j'ose enfin m'aventurer ici avec mon clavier.
Après la lecture de certaines œuvres de Nietzsche, cf.Par-delà bien et mal, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra et Le Crépuscule des idoles, ma pensée lorgnait indiciblement vers le Wille zur Macht si cher à cet auteur. Outre la difficulté à comprendre toute l'implication de cette notion, j'ai entrepris d'appliquer ce que j'ai "digéré" à ma propre vie, à mon fonctionnement et à ma façon de réagir vis-à-vis du réel.
Cependant, à la suite de la lecture de certaines biographies du socialisme britannique, celles d'Owen et Smith surtout, j'ai dévié sur les prémices de l'anarchisme, et en l'occurrence Stirner et son œuvre L'Unique et sa propriété.
Sa lecture m'a paru simple, d'une puissance (voire agressivité) proche de ce que Nietzsche a pu déclencher dans ma pensée. Et c'est ici que mon questionnement est apparu.
Stirner développe un anarchisme individualiste où le Soi est au centre de chaque action, plaisir, et presque pensée. Bien sûr que l'égoïsme peut paraître approprié ici, mais ce n'est pas ce que j'ai retenu de son œuvre. Stirner n'applique pas cet individualisme symptomatiquement, il s'approprie les actions qui "par-delà bien et mal" lui seraient profitables et place le Soi comme propriétaire de tout ce qui est, mais la notion du néfaste pour le Soi n'est pas tant développée, à part sous couvert de "mysticisme". Pourrions-nous voir cela comme, non pas une alternative, mais une "branche" de la Volonté de puissance que Nietzsche développera quelques années plus tard ?
En effet, je pense que Nietzsche postule, si je puis utiliser le terme, que la morale reste à être déterminée par notre propre pensée dans le réel qui est nôtre, et je pense également qu'il met sa cause en son fonctionnement, à sa volonté de voir s'accomplir un groupuscule, ou un groupe de personnes pouvant discuter et penser à partir des graines de cette Volonté de puissance (cf. son envie de créer "son" jardin d'Épicure).
Mais Stirner, lui, comme son livre l'annonce au tout début et à la toute fin, n'a "basé sa cause sur rien" :"Ich hab' Mein Sach' auf Nichts gestellt" (Si quelqu'un comprend une traduction plus correcte, un plaisir serait de la lire.) N'est-il donc pas en ce sens, un extrémiste de la Volonté de puissance avant l'heure ? Mais sa volonté de s'accomplir, d'agir, de penser pour soi-même n'est-elle pas une cause en tant que telle ? Le titre comportant le mot Unique ne comprendrait-il pas non plus le mot "rien" de la phrase clé de son livre ? Car après avoir fini son œuvre, j'ai compris que Stirner était un grand joueur de mots, qu'il prenait plaisir à dévier le sujet pour perdre le lecteur, volontairement ou non, et j'ai cru comprendre que Stirner pouvait très bien placer sa cause dans l'ironie de cette phrase - tirée de Gœthe, il me semble - et donc, en lui-même.
Cordialement.
Grand lecteur de ce forum, j'ose enfin m'aventurer ici avec mon clavier.
Après la lecture de certaines œuvres de Nietzsche, cf.Par-delà bien et mal, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra et Le Crépuscule des idoles, ma pensée lorgnait indiciblement vers le Wille zur Macht si cher à cet auteur. Outre la difficulté à comprendre toute l'implication de cette notion, j'ai entrepris d'appliquer ce que j'ai "digéré" à ma propre vie, à mon fonctionnement et à ma façon de réagir vis-à-vis du réel.
Cependant, à la suite de la lecture de certaines biographies du socialisme britannique, celles d'Owen et Smith surtout, j'ai dévié sur les prémices de l'anarchisme, et en l'occurrence Stirner et son œuvre L'Unique et sa propriété.
Sa lecture m'a paru simple, d'une puissance (voire agressivité) proche de ce que Nietzsche a pu déclencher dans ma pensée. Et c'est ici que mon questionnement est apparu.
Stirner développe un anarchisme individualiste où le Soi est au centre de chaque action, plaisir, et presque pensée. Bien sûr que l'égoïsme peut paraître approprié ici, mais ce n'est pas ce que j'ai retenu de son œuvre. Stirner n'applique pas cet individualisme symptomatiquement, il s'approprie les actions qui "par-delà bien et mal" lui seraient profitables et place le Soi comme propriétaire de tout ce qui est, mais la notion du néfaste pour le Soi n'est pas tant développée, à part sous couvert de "mysticisme". Pourrions-nous voir cela comme, non pas une alternative, mais une "branche" de la Volonté de puissance que Nietzsche développera quelques années plus tard ?
En effet, je pense que Nietzsche postule, si je puis utiliser le terme, que la morale reste à être déterminée par notre propre pensée dans le réel qui est nôtre, et je pense également qu'il met sa cause en son fonctionnement, à sa volonté de voir s'accomplir un groupuscule, ou un groupe de personnes pouvant discuter et penser à partir des graines de cette Volonté de puissance (cf. son envie de créer "son" jardin d'Épicure).
Mais Stirner, lui, comme son livre l'annonce au tout début et à la toute fin, n'a "basé sa cause sur rien" :"Ich hab' Mein Sach' auf Nichts gestellt" (Si quelqu'un comprend une traduction plus correcte, un plaisir serait de la lire.) N'est-il donc pas en ce sens, un extrémiste de la Volonté de puissance avant l'heure ? Mais sa volonté de s'accomplir, d'agir, de penser pour soi-même n'est-elle pas une cause en tant que telle ? Le titre comportant le mot Unique ne comprendrait-il pas non plus le mot "rien" de la phrase clé de son livre ? Car après avoir fini son œuvre, j'ai compris que Stirner était un grand joueur de mots, qu'il prenait plaisir à dévier le sujet pour perdre le lecteur, volontairement ou non, et j'ai cru comprendre que Stirner pouvait très bien placer sa cause dans l'ironie de cette phrase - tirée de Gœthe, il me semble - et donc, en lui-même.
Cordialement.