Je remarque de plus en plus de gens autour de moi célébrer les vertus du végétarisme. Même chez les philosophes, l'importance de la nourriture, parce qu'elle contribue à la qualité et à l'hygiène de vie, est de plus en plus marquée : que cela soit Nietzsche ou dernièrement Corine Pelluchon dont le dernier ouvrage, les Nourritures, examine la philosophie politique à l'aune de cet environnement qu'un sujet relationnel devrait prendre en compte, en tant qu'il est condition de son bonheur. Or je remarque également une tendance inquiétante à ne pas seulement baser ce choix éthique sur des considérations purement qualitatives, du type biologiques (la santé), mais aussi sur un moralisme persistant. Certes, les végétariens ne sont en général pas des religieux, mais les voilà à implorer la Nature et à se flageller pour les crimes commis par les hommes sur les animaux. Une chose est de reconnaître la souffrance infligée aux animaux et de mettre à mal les prétentions à la toute-puissance des hommes, lesquels ne sont pas les seuls êtres sentients (comme on dit) et par là peut-être titulaires de droits. Une autre est d'expier un pêché originel et, au nom de la cause animale, de faire preuve de la plus belle misanthropie sous couvert de sentimentalisme (qui s'avère sélectif). La violence ne serait pas bonne pour les animaux, en revanche les hommes devraient payer, notamment dans une civilisation occidentale dont la technique révèle bien le caractère nocif pour la planète. Le mal, c'est donc l'homme. Et celui qui continue de manger sa viande est à la fois un imbécile et un salaud. Être végétarien, ce serait faire partie des justes (d'ailleurs, un ouvrage récent s'intitule "Le végétarisme et ses ennemis"). Dès lors, je vous le demande : pensez-vous qu'il soit sain d'adopter cette attitude, de devenir végétarien ? Vous semble-t-elle responsable, hypocrite ou encore dangereuse ? L'humanité devrait-elle se plier à un même régime alimentaire ? Que faire de l'homme dans une situation mondiale désastreuse ?