en essayant de suivre la direction que vous désignez adroitement PhiPhilo, évidement il y a ce lien entre les cinq causes et "l'exercice analogique de l'intelligence" car pour la pensée alchimique, la causalité recherchée comme un pourquoi est la phase préparatoire à toutes "projections" de son effet, qui lui, se révèle par un comment...
Alors, est-il envisageable d'attribuer une modalité opératoire spécifique de l'analogie par chacune des causes, une déclinaison de l’analogie en cinq directions rayonnantes en quelque sorte ?
Si oui cela donnerait ceci :
de la cause matérielle analogiquement perçue, l’intelligence saisirait une mise à disposition des caractéristiques propres de la matière, qui même si elle fût nommée « la cause errante » par Aristote, n’en n’est pas moins l’incontournable premier élément dans l’ordre génétique, c’est-à-dire par exemple le moment de la répartition du tout en corps singuliers…(le principe d’individuation étant dans la matière… voir Albert le grand)
De ce point de vue, la cause matérielle saisie analogiquement apportera une correspondance entre les éléments dispositifs de la corporéité et les diverses « transformations évolutives »comme l’émergence des organes, internes ou internes…(voir mes deux posts supra )
1/De plus l’analogie selon la cause matérielle, suscite une réflexion sur élaboration des liens directs du corps à son milieu de vie, car selon la nutrition, le sommeil, la respiration et la reproduction, la matière regardée comme une disposition qualitative dans une répartition quantitative permet de saisir :
-la régularité de la répartition de la matière par la nutrition, se saisie analogiquement dans chaque corps qui emprunte une part de matière pour entretenir ses fonctions vitales, ou dit autrement la singularisation de tel corps dépend de sa capacité à transformer les qualités quantifiées de matières, et faisant ainsi permet à la vie comme mouvement de conquérir de nouveaux lieux matériels pour en faire un nouveau milieu vivant…
-l’alternance de l’activité des corps vivants et de la passivité du repos dans le sommeil dû à la succession du jour et de la nuit est matériellement causée par la rotation de la terre sur elle même et (jour/nuit hiver/été) autour du soleil qui favorise par la lumière et la chaleur les organismes vivants à produire de la vitalité, cette dernière étant l’analogon des deux manifestations : rotation/terre et rayonnement/soleil puisque elle synthétise dans un corps sa centralité (puissance de transformation de la terre – sommeil ) et son extension (acte de transformation du soleil– veille)…
-pareil pour la respiration qui est une consécution adaptative de la matérialité du corps à un milieu gazeux, permet que les déchets de la combustion énergétique soient en partie évacués à la suite de l’effort musculaire, (déduit de l’expérience direct) tout comme elle permet au sang de transporter l’oxygène nécessaire à cette combustion (induit par l’expérimentation biologique), autrement dit l’analogie matérielle de la respiration c’est une transformation et un transport…
-tout comme l’analogie matérielle nous fait entrevoir la reproduction comme ce qui réorganise l’évolution à partir de la singularisation des corps, car étant limités matériellement, chaque corps tend à se prolonger par un partage de sa singularité, une sorte de mise en commun de ses qualités dimensionnelles, la matérialité de la reproduction est donc analogiquement une transposition…
2/Pour la cause formelle, l’exercice analogique opère selon l’intelligibilité de la recherche de l’unicité des corps, c’est-à-dire ce qui leur donne d’être localisés par leurs limites et donc répartis qualitativement et quantitative selon les divers lieux, et ce que révèle l’analogie formelle comme ressort intelligible, c’est donc de manifester une appartenance et une dépendance de la partie dans le tout, la forme est « utilisée » dès lors pour rendre compte de la diversité dans la multiplicité, et cela autant pour les corps vivants que non vivants…
-ainsi pour le corps animal, l’analogie formelle montre que sa nutrition lui donne de choisir les lieux correspondant le mieux à la dépendance quotidienne de son besoin de nourriture, ou autrement dit lui permet qu’il se localise pour que cette opération de vie/survie soit possible, vu ainsi, le schéma évolutif de l’humain qui cultive et fait se reproduire du bétail, est un effet direct de la saisie formelle du rapport lieu/nourriture…
-pour le sommeil, l’analogie formelle nous permet de voir en quoi la répartition des corps vivants est une appartenance à un milieu de vie qui subit l’alternance jour/nuit, car la forme du corps animal se stabilise en trouvant un juste milieu entre l’apport et le manque de lumière/chaleur, qu’elles proviennent du soleil ou d’une autre source plus restrictive…
-pour la respiration, qui est saisie analogiquement comme une des formes de régulation thermique, le souffle entretient un équilibre vital indispensable entre ce qui est consommé et ce qui est brûlé, ainsi la causalité formelle de la respiration c’est d’opérer une des étapes de la transduction cellulaire, ou dit avec des mots non-scientifiques, de rendre viable la continuité de la forme dans son lieu par la régulation de sa dépense énergétique…
-pour la reproduction, qui est analogiquement une forme qui se meut en une autre forme, la qualité évolutive de la vie apparaît comme ce qui conduit cette mutation, ou plus exactement ce qui lui donne une direction, ce sera donc une appartenance qualitative de répartition quantitative du vivant, une sorte de soumission active, un instinct de survie qui veut dépasser la vie du corps singulier pour aller vers la survie de toute l’espèce…
3/Si nous recherchons maintenant en quoi l’analogie tient aussi dans la cause efficiente quelque chose de la dynamique des corps, c’est que l’efficience est analogiquement un mouvement restitutif d’une appartenance et d’une dépendance au lieu, mais aussi d’une certaine réitération contrôlée des corps vivants en situation, ou autrement dit de leur vitalité effective…
-Pour le cas de la nutrition, l’analogie efficiente se manifeste par la diversité et l’amplitude des mouvements du corps pour garder le contrôle de sa vitalité, à savoir toutes les pensées et gestes efficaces par l’effort pour faire passer telle réalité dans un état favorable à la pérennité de la vie, donc dans une disposition projective à la cueillette, (à la chasse) ou à la culture des sols, la cause efficiente est analogiquement sous entendu dans le rapport corps/milieu…
-Pour le sommeil, qui est une efficience saisie analogiquement comme une ressource de disponibilité du corps à toutes ses activités, le passage de la veille au repos permet de rendre efficace l’appartenance du corps à son milieu, puisque dormir recentre la vitalité et présage son expansion d’activité, concrètement le fait de dormir à analogiquement la même capacité de revitalisation que la nutrition et la respiration, mais dans le domaine de la transformation de la propre dépendance et appartenance du corps à lui même…(voir la réalité efficiente du sommeil pour la tension nerveuse et dans l’activité du rêve)
-La reproduction vu par l’analogie efficiente apporte aussi une compréhension de l’extrêmalité de la durée de vie, sous un aspect qui prolonge analogiquement l’efficience comme cause du corps dans le domaine du don de soi, puisque une des efficacités de la vie c’est qu’elle est reproductible, nous saisissons qu’analogiquement ce mode d’extension soit l’efficience de la qualité dimensionnelle de la corporéité, qui elle même est l’effet de la répartition de la matière dans le lieu…
4/Voyons maintenant la causalité exemplaire qui est analogiquement une cause de singularisation des éléments s’additionnant, se soustrayant, se divisant et se multipliant selon les limites physiques (bien que l’exemplarité strictement physique soit plus ténu à identifier) et génétiques, l’analogie de l’exemplarité permet de repérer toutes les manifestations de contacts entre les divers éléments, car de l’identification de ces contacts surgit une exemplarité nécessaire comme efficacité du temps et du lieu des mouvements matière/vie pour l’évolution des corps vivants…
(et n’est-ce pas par son efficience que nous disons que la nature ne fait rien en vain ?)
-dans la nutrition, l’exemplarité saisie analogiquement par ce rapport temps/lieu permet de voir en quoi l’opération de nutrition est individuée selon une certaine qualité et quantité d’aliments, tout comme elle permet de transposer adroitement la notion de partage physique de la nourriture à partir de l’échange de la production de ces aliments, n’est-ce pas par l’exemplarité de certaines espèces végétales et animales que l’agriculture a évoluée ?
-la respiration étant une opération vitale liée à la singularisation du corps en osmose continue avec son milieu de vie, l’exemplarité se trouve manifestée analogiquement par la consommation individuelle d’air, c’est-à-dire par une juxtaposition des limites physiques du corps par cette consommation, ainsi la taille du corps se définit plus régulièrement dans son évolution par la respiration que par la nourriture disponible, car du fait que l’air est partout présent (même dans l’eau), la respiration est analogiquement l’exemplaire de l’échange du lieu dans le temps…(nous y reviendrons)
-le sommeil quand à lui, étant le phénomène évolutif de certaines espèces par adaptativité à la circularité de la terre sur elle même, est aussi un exemplaire analogiquement connu comme parité extrême, puisque que le jour étant physiquement l’extrême de la nuit et réciproquement, le corps conscient éveillée sera le contraire du corps endormi, mais il s’agit bien de contraires et pas d’opposés…
Aparté : car les contraires peuvent s’unir dans leurs diversités respectives, alors que les opposés sont divisés numériquement par leur quantité respectives, confondre les deux conduit à ne plus voir l’exemplarité du corps comme singularité du temps et du lieu…
-la reproduction, est une des manifestations des plus patentes de l’exemplarité saisie analogiquement comme passage de l’un au multiple par la diversité, car l’évolution est toujours singularisée en chaque individu par ce qu’il concentre d’informations exemplaires, ce qui est appelé patrimoine génétique est donc dans le lieu et le temps la manifestation analogique de la singularité exemplaire d’un corps…
5/ Pour la cause finale appelée aussi cause des causes par une partie de la tradition philosophique, elle est une analogie de la réalisation perfectible de tout être et de tout mouvement, comme de tout lieu et de toute temporalité, car à chaque fois que l’on recherche la cause finale, c’est le pourquoi qui sert de questionnement, et permet de fait, l’alignement de tous les comment(s) dans une direction, cette direction finale du tout peut être aussi vue analogiquement comme un sens ultime pour la pensée cherchant à comprendre pourquoi telle réalité est distincte et complémentaire de telle autre, et ce faisant donne un repos, une satiété, un équilibre de souffle et une nouvelle génération dans les dépendances et appartenances du corps vivants avec la nature…
Cette finalité ne serait-elle donc saisie uniquement comme la récapitulation d’un cycle ?
Certes non, mais les cinq causes sont analogiquement comme les rayons de la roue, c’est le vide de son centre qui leur donne leur rayonnement…