Dénoncer le racisme et l'eugénisme, pourquoi pas, mais se baser uniquement là-dessus pour faire un procès à un auteur d'une autre époque et le discréditer en ramenant toute sa pensée à ces éléments, ça me semble malhonnête. Et puis il faut être bien naïf pour être choqué ainsi, Onfray joue la vierge effarouchée. Il continue, de plus, à faire croire au grand public que toute la philosophie universitaire est mauvaise et il continue de prendre une posture subversive pour dénoncer des choses que tout lecteur de philosophie connaît. A-t-on réellement besoin d'une contre-philosophie ? Les philosophes mineurs de l'histoire ont-ils été occultés par la main-mise universitaire sur l'ordre du discours et du savoir institué ? Je n'y crois pas une seule seconde. C'est prendre les professeurs et les étudiants pour des imbéciles. Les premiers ont peut-être même au contraire une trop grande érudition tant ils sont spécialisés. Et puis tous ceux qui s'intéressent sérieusement à Nietzsche rencontrent un jour le nom de Guyau. Il suffit d'ouvrir l'Histoire de la philosophie de Bréhier pour trouver un texte sur Guyau (qu'il soit positif ou non). Le prochain livre d'Onfray sera sur Camus, pour le réhabiliter comme philosophe contre ceux qui en ont fait un "philosophe de Terminale" ; Onfray en profitera pour déboulonner Sartre (en ressortant des documents de la période de la Seconde Guerre mondiale, pour montrer le rapport - déjà connu, semble-t-il - entre Sartre, de Beauvoir et Vichy). Chose amusante, pour finir, Onfray a souhaité que l'on respecte les chrétiens intégristes choqués par une pièce de théâtre où les comédiens jetaient des grenades et des excréments sur un portrait géant du Christ.