Bonjour,
la peur me semble être fondamentale dans la plupart des philosophies. Mais elle représente une étape du raisonnement, étape qui doit être dépassée. La peur est liée à l'ignorance. On la retrouve dans les thèses dénonçant les illusions, notamment lorsqu'il s'agit de critiquer la religion et la crédulité. Elle peut avoir pour contre-partie la volonté de se rassurer, et par extension manifeste un souci de se conserver et de vivre en sécurité. En effet, la peur nous confronte à l'inconnu, elle est aussi en partie liée à l'imagination et à l'altérité qui nous menace puisqu'elle nous dérange et nous échappe du fait qu'elle n'est pas comme nous. On retrouve donc la peur aussi bien lorsqu'il s'agit de s'initier à la philosophie et de troquer ses opinions contre le risque à prendre dans la recherche de la vérité et la connaissance (on valorise la raison, cf. le mythe de la caverne dans la République de Platon) que lorsqu'il s'agit de théories politiques (notamment dans les théories du contrat, chez Hobbes par exemple qui fonde son Léviathan et la société sur la nécessité de mettre fin à la menace que représente la guerre perpétuelle de chacun contre chaque autre ; cf. également la dialectique du maître et du valet de Hegel). On peut même trouver des réflexions sur la peur dans la philosophie existentielle (Kierkegaard, Sartre, Heidegger) même si l'on y trouvera des distinctions précises entre la peur et l'angoisse existentielle (c'est une peur sans objet, une peur du Néant, de la possibilité de ne pouvoir pas être ou que le monde ne soit pas ; ainsi que le dit Kierkegaard "l'angoisse est le vertige de la liberté" - l'incertain peut effrayer). Il y a aussi la peur de la mort ("philosopher c'est apprendre à mourir", Platon - c'est donc aussi lutter contre nos peurs irrationnelles qui paralysent notre volonté et notre entendement, notre jugement) ou encore la crainte du jugement dernier ou du châtiment divin souvent infligé par les hommes eux-mêmes au nom de la divinité et des lois, de la coutume, etc., cf. les critiques du christianisme par Nietzsche par exemple.