Avez-vous vu le dernier film sur Hitler diffusé par France 2 cette semaine ? Si tel est le cas, vous aurez constaté combien Wagner était associé à Hitler, sans du reste aucune explication sur le compositeur ou ses œuvres. Loin de moi l'idée de chercher à corriger le très médiocre commentaire qui accompagnait les images d'histoire, en elles-mêmes très intéressantes (sauf la colorisation). Généralement, quand nous cherchons quels sont les rapports entre Hitler et les grands intellectuels de l'Allemagne, nous tombons en premier lieu sur Nietzsche et Wagner. Il y avait donc une citation obligée de Nietzsche, qui fut ce soir-là épargné, contrairement à Wagner. Elle était appliquée à Goebbels : "Le fanatisme est la seule forme de volonté qui peut être insufflée aux faibles et aux timides", citation qu'on croirait écrite ad hoc pour ce genre de personnage, pied bot et toujours souriant. Ce "deux poids deux mesures" entre Nietzsche et Wagner à vrai dire m'indiffère. Mais il me donne l'occasion de chercher à savoir ce que Wagner et Nietzsche ont à voir exactement avec Hitler. Commençons par Wagner.
Dans le documentaire, l'opéra de Rienzi, œuvre reniée par le compositeur et absente du Festival de Bayreuth, nous est présentée comme la préférée d'Hitler. L'explication qui nous a été donnée est que Rienzi, c'est Hitler lui-même ! Cela paraît assez curieux quand on connaît la complexité des opéras wagnériens. On pourra objecter qu'Hitler était lui-même un personnage très complexe. Soit. Allons voir de plus près.
Deux choses apparaissent qui ne nous avaient pas été dites. D'abord, Rienzi se bat pour la culture, la beauté et la liberté, non pour le pouvoir, ce qui est tout à fait conforme aux thèmes des grands drames wagnériens et à l'effort du compositeur lui-même durant toute sa vie. Ensuite, le héros est déchu et la ville périt dans les flammes, comme plus tard les Dieux de la tétralogie. La culture. Elle a été la grande préoccupation de Wagner, ce qui explique combien Nietzsche trouva d'échos chez lui, et l'amitié intellectuelle très forte qui se créa rapidement entre eux. A présent, entrons dans le vif du sujet. Qu'est-ce que Wagner reprochait aux Juifs ? Nous retiendrons deux livres, Le Judaïsme dans la musique et Qu'est-ce qui est allemand ? Wagner avait peur que les Juifs corrompent la musique allemande et de manière plus générale, tout ce qui est allemand. Rappelons que Rienzi est la dernière œuvre de Wagner qui soit encore dépendante de la musique de Meyerbeer, un musicien juif. Voilà donc ce qu'on peut reprocher à Wagner, un antisémitisme et un nationalisme culturels. Il n'est pas question de politique. Wagner a très vite rangé ses ambitions révolutionnaires après avoir failli perdre la vie en 1848. Il s'est contenté de créer le personnage de Siegfried, épris de liberté et d'amour, et de représenter de manière allégorique la chute du Reich dans Le crépuscule des Dieux, à l'instar de Nietzsche, qui choisira un titre très proche pour un de ses derniers livres, Le crépuscule des idoles, comme un écho (ambigu) de ses années d'intimité avec la pensée wagnérienne.
A présent que nous avons mieux défini l'antisémitisme et le nationalisme wagnériens, regardons de plus près les écrits de Nietzsche sur cette question. Un fait saute aux yeux dès l'abord, ses critiques récurrentes à l'adresse des antisémites, souvent brandies comme un bouclier par les lecteurs de Nietzsche. Mais ces critiques, nous les retrouvons formulées avec la même virulence à l'égard des socialistes, des féministes (pour ne pas dire des femmes), des Hohenzollern, bref de tout groupe qui par son action idéologique ou politique est confronté à la pensée de Nietzsche, à moins que ce ne soit l'inverse, car à l'époque, personne ne le connaît. Critique donc à l'égard de toute tendance à la socialisation, à la formation d'un groupe (ou "instinct grégaire", pour parler nietzschéen).
Et voilà un autre bouclier plus efficace à mon avis que les précédentes critiques à l'égard des antisémites, car après tout, Wagner malgré son antisémitisme, s'est toujours appuyé sur des amis juifs : le mépris de la masse. Or, rien de plus essentiel au nazisme que cette masse. Sans elle, sans la fascination pour Hitler, allant précisément jusqu'au fanatisme, rien n'eût été possible (souvenons-nous de la citation plus haut : la masse n'est composée que de faibles). Passons maintenant aux critiques plus profondes que nous pourrions adresser à Nietzsche. Car, ce ne sera pas surprenant, comme pour Wagner, c'est dans le domaine de la culture que Nietzsche a quelque chose à reprocher aux Juifs. Les Juifs, non, soyons précis, le peuple juif, non, encore plus précis, l'idéal juif, "l'idéal de la Judée", pour reprendre les termes de Nietzsche, est accusé d'être la cause de la "décadence européenne" et de la dégénérescence du "type homme".
Voilà qui sonne fort* tout à coup, plus fort que les trombones wagnériens. Certes, cela s'est passé il y a 2000 ans, voire plus en amont dans le fleuve de l'histoire, quand les Juifs ont perdu leur statut de grand peuple puissant et confiant dans l'avenir, quand ils se sont retrouvés avec la croyance d'être toujours le peuple élu mais sans les moyens de l'être dans la réalité. Face à la puissance romaine, ils ont alors trouvé le moyen de le redevenir, en passant par les souterrains de l'âme humaine, ce que les Romains dans leur noblesse, n'ont pu combattre. Pour Nietzsche, c'est l'acte de naissance du christianisme. Et ce fut le début de la décadence de toute l'Europe, de la science, de l'art, de la culture, et surtout, de la race humaine. Mais ce terme ne convient pas tout à fait ici, bien qu'il soit repris très souvent par Nietzsche. Nietzsche en effet ne se limite pas à la race, l'homme est beaucoup plus que cela pour lui : un pont entre l'animal et le surhomme, une direction, une flèche, un sens (et non un but, différence importante avec les idéologies). Le surhomme nietzschéen n'est pas davantage cette brute blonde aux traits martiaux représentée par l'iconographie nazie. Son surhomme ne possède en effet aucune caractéristique physique, si ce n'est ce que le philosophe appelle la "grande santé", laquelle ne consiste pas à faire des exercices physiques à l'aube après le lever du drapeau. Il s'agit avant tout d'une santé morale, c'est-à-dire selon le paradoxe nietzschéen classique, une anti-moralité, une autre évaluation de la morale que le surhomme oppose à celle du Bien et du Mal.
* Cf. quelques citations trouvées sur l'article Mysticisme nazi de Wikipédia :
Ce bref résumé des thèmes nietzschéens qui pourraient prêter à controverse montre toute la différence entre lui et les Nazis, mais aussi toute la difficulté à la percevoir sans une lecture approfondie, rendue très difficile par cet art du paradoxe et ce sens de la formule, formules qui restent néanmoins très obscures au "lecteur non initié", obscurité augmentée par leur sens paradoxal.
Revenons une dernière fois à Wagner, pour mesurer une différence entre eux deux qui en général n'est que très peu évoquée, mais qui est néanmoins capitale. Que pensait Wagner du christianisme ? Nous avons vu que Nietzsche, en remontant à l'histoire du peuple juif, faisait du christianisme un avatar de ce peuple, mais cela était-il le cas pour Wagner ? La réponse se trouve dans Parsifal. Ce drame raconte l'histoire du Saint Graal. Wagner y abandonne les grands thèmes nationalistes allemands pour mettre en scène un des mythes du christianisme. Après la soif de liberté et d'amour de ses héros, voilà maintenant que Wagner se schopenhauérise. Il se radicalise, finis l'amour et la liberté, place à la pitié et à la pureté virginale, à la sainteté. Nietzsche ne s'est jamais remis de ce revirement.
Car la source historique que Wagner utilise pour ce drame, c'est un des plus vieux poètes allemands, un des plus respectés : Wolfram Von Eschenbach. Or, il va lui faire dire tout le contraire de ce Parzival bien allemand (le poète s'oppose avec force à la version de Chrétien de Troyes). Chez Wolfram, le Graal est gardé par des Templiers, la source de son livre est la Provence, le pays d'où est originaire la gaya sienza, le "gai savoir", celui des esprits libres, les futurs disciples de Nietzsche ! Wagner trahit donc l'esprit du poème de Wolfram, pour qui le Graal a un sens ésotérique, en en faisant le drame de la pitié judaïque, cette arme redoutable qui leur avait servi pour détruire l'empire romain et qui maintenant menace l'humanité tout entière (c'est-à-dire l'Europe, replaçons-nous à l'époque de Nietzsche) !
A ce propos, nous aurons sans doute l'occasion de revenir sur le végétarisme d'Hitler, ainsi que son paganisme, deux thèmes que l'on associe souvent à Wagner, sans comprendre d'où ils proviennent. Rappelons brièvement que Wagner devint végétarien suite à son quasi bouddhisme, influencé par la pensée schopenhauérienne. Nietzsche voulut l'imiter mais n'y parvint pas, car, à cause de ses troubles digestifs, il se nourrissait beaucoup de lait et de viande. Plus tard, il dira que la viande rouge convient aux êtres passionnés, critiquant indirectement Wagner et son idéal du "dernier homme". Quant au paganisme wagnérien, nous avons vu d'une part que le compositeur l'a abandonné à la fin de sa vie, d'autre part, il s'appuyait sur des légendes nordiques, qui s'opposaient fortement à la musique italienne et permettaient mieux la création d'une "musique de l'avenir", un type nouveau de drame musical, l'œuvre d'art totale. Wagner voulait recréer chez le peuple allemand la même ferveur que celle des Athéniens quand ils assistaient aux tragédies d'Eschyle (cf. Naissance de la tragédie).
Alors, en conclusion, qui des deux est le plus (ou le moins) nationaliste, qui est le plus (ou le moins) antisémite ? Peut-on même les relier à Hitler ? Ou cela n'a t-il aucun sens ? Faites-vous votre opinion, ou discutons-en.
Dans le documentaire, l'opéra de Rienzi, œuvre reniée par le compositeur et absente du Festival de Bayreuth, nous est présentée comme la préférée d'Hitler. L'explication qui nous a été donnée est que Rienzi, c'est Hitler lui-même ! Cela paraît assez curieux quand on connaît la complexité des opéras wagnériens. On pourra objecter qu'Hitler était lui-même un personnage très complexe. Soit. Allons voir de plus près.
Wikipédia a écrit:Le jeune Rienzi vivait à une époque misérable pour le peuple de Rome. Il mena une révolution puis, ayant pris le pouvoir par la volonté du peuple romain, il redonna à Rome sa beauté et sa force d'antan dans les arts, les sciences et la culture. Les années passèrent et lentement Rienzi perdit son influence et le peuple à nouveau se révolta mais cette fois contre lui. Rienzi maudit à jamais le peuple romain avant de mourir dans une Rome mise à feu et en ruine.
Deux choses apparaissent qui ne nous avaient pas été dites. D'abord, Rienzi se bat pour la culture, la beauté et la liberté, non pour le pouvoir, ce qui est tout à fait conforme aux thèmes des grands drames wagnériens et à l'effort du compositeur lui-même durant toute sa vie. Ensuite, le héros est déchu et la ville périt dans les flammes, comme plus tard les Dieux de la tétralogie. La culture. Elle a été la grande préoccupation de Wagner, ce qui explique combien Nietzsche trouva d'échos chez lui, et l'amitié intellectuelle très forte qui se créa rapidement entre eux. A présent, entrons dans le vif du sujet. Qu'est-ce que Wagner reprochait aux Juifs ? Nous retiendrons deux livres, Le Judaïsme dans la musique et Qu'est-ce qui est allemand ? Wagner avait peur que les Juifs corrompent la musique allemande et de manière plus générale, tout ce qui est allemand. Rappelons que Rienzi est la dernière œuvre de Wagner qui soit encore dépendante de la musique de Meyerbeer, un musicien juif. Voilà donc ce qu'on peut reprocher à Wagner, un antisémitisme et un nationalisme culturels. Il n'est pas question de politique. Wagner a très vite rangé ses ambitions révolutionnaires après avoir failli perdre la vie en 1848. Il s'est contenté de créer le personnage de Siegfried, épris de liberté et d'amour, et de représenter de manière allégorique la chute du Reich dans Le crépuscule des Dieux, à l'instar de Nietzsche, qui choisira un titre très proche pour un de ses derniers livres, Le crépuscule des idoles, comme un écho (ambigu) de ses années d'intimité avec la pensée wagnérienne.
A présent que nous avons mieux défini l'antisémitisme et le nationalisme wagnériens, regardons de plus près les écrits de Nietzsche sur cette question. Un fait saute aux yeux dès l'abord, ses critiques récurrentes à l'adresse des antisémites, souvent brandies comme un bouclier par les lecteurs de Nietzsche. Mais ces critiques, nous les retrouvons formulées avec la même virulence à l'égard des socialistes, des féministes (pour ne pas dire des femmes), des Hohenzollern, bref de tout groupe qui par son action idéologique ou politique est confronté à la pensée de Nietzsche, à moins que ce ne soit l'inverse, car à l'époque, personne ne le connaît. Critique donc à l'égard de toute tendance à la socialisation, à la formation d'un groupe (ou "instinct grégaire", pour parler nietzschéen).
Et voilà un autre bouclier plus efficace à mon avis que les précédentes critiques à l'égard des antisémites, car après tout, Wagner malgré son antisémitisme, s'est toujours appuyé sur des amis juifs : le mépris de la masse. Or, rien de plus essentiel au nazisme que cette masse. Sans elle, sans la fascination pour Hitler, allant précisément jusqu'au fanatisme, rien n'eût été possible (souvenons-nous de la citation plus haut : la masse n'est composée que de faibles). Passons maintenant aux critiques plus profondes que nous pourrions adresser à Nietzsche. Car, ce ne sera pas surprenant, comme pour Wagner, c'est dans le domaine de la culture que Nietzsche a quelque chose à reprocher aux Juifs. Les Juifs, non, soyons précis, le peuple juif, non, encore plus précis, l'idéal juif, "l'idéal de la Judée", pour reprendre les termes de Nietzsche, est accusé d'être la cause de la "décadence européenne" et de la dégénérescence du "type homme".
Voilà qui sonne fort* tout à coup, plus fort que les trombones wagnériens. Certes, cela s'est passé il y a 2000 ans, voire plus en amont dans le fleuve de l'histoire, quand les Juifs ont perdu leur statut de grand peuple puissant et confiant dans l'avenir, quand ils se sont retrouvés avec la croyance d'être toujours le peuple élu mais sans les moyens de l'être dans la réalité. Face à la puissance romaine, ils ont alors trouvé le moyen de le redevenir, en passant par les souterrains de l'âme humaine, ce que les Romains dans leur noblesse, n'ont pu combattre. Pour Nietzsche, c'est l'acte de naissance du christianisme. Et ce fut le début de la décadence de toute l'Europe, de la science, de l'art, de la culture, et surtout, de la race humaine. Mais ce terme ne convient pas tout à fait ici, bien qu'il soit repris très souvent par Nietzsche. Nietzsche en effet ne se limite pas à la race, l'homme est beaucoup plus que cela pour lui : un pont entre l'animal et le surhomme, une direction, une flèche, un sens (et non un but, différence importante avec les idéologies). Le surhomme nietzschéen n'est pas davantage cette brute blonde aux traits martiaux représentée par l'iconographie nazie. Son surhomme ne possède en effet aucune caractéristique physique, si ce n'est ce que le philosophe appelle la "grande santé", laquelle ne consiste pas à faire des exercices physiques à l'aube après le lever du drapeau. Il s'agit avant tout d'une santé morale, c'est-à-dire selon le paradoxe nietzschéen classique, une anti-moralité, une autre évaluation de la morale que le surhomme oppose à celle du Bien et du Mal.
* Cf. quelques citations trouvées sur l'article Mysticisme nazi de Wikipédia :
« Le Führer est profondément religieux, bien que totalement anti-chrétien ; il voit le christianisme comme un symptôme de décadence. Et pour cause, c’est une branche de la race Juive. » — Joseph Goebbels, dans son journal, 28 décembre 1939.
« Le christianisme est le prototype du Bolchévisme : la mobilisation des masses d’esclaves par les Juifs avec pour objectif d’ébranler la société. » — Adolf Hitler, 1941
« Le peuple allemand, en particulier la jeunesse, a appris une fois encore à évaluer racialement les gens. Il s’est une fois encore détourné des théories chrétiennes, de l’enseignement chrétien qui a régi l’Allemagne depuis plus de mille ans et qui a causé le déclin racial de l’identité allemande, et presque sa mort raciale. » — Heinrich Himmler, le 22 mai 1936 lors d’un discours à Brocken, Allemagne.
Ce bref résumé des thèmes nietzschéens qui pourraient prêter à controverse montre toute la différence entre lui et les Nazis, mais aussi toute la difficulté à la percevoir sans une lecture approfondie, rendue très difficile par cet art du paradoxe et ce sens de la formule, formules qui restent néanmoins très obscures au "lecteur non initié", obscurité augmentée par leur sens paradoxal.
Revenons une dernière fois à Wagner, pour mesurer une différence entre eux deux qui en général n'est que très peu évoquée, mais qui est néanmoins capitale. Que pensait Wagner du christianisme ? Nous avons vu que Nietzsche, en remontant à l'histoire du peuple juif, faisait du christianisme un avatar de ce peuple, mais cela était-il le cas pour Wagner ? La réponse se trouve dans Parsifal. Ce drame raconte l'histoire du Saint Graal. Wagner y abandonne les grands thèmes nationalistes allemands pour mettre en scène un des mythes du christianisme. Après la soif de liberté et d'amour de ses héros, voilà maintenant que Wagner se schopenhauérise. Il se radicalise, finis l'amour et la liberté, place à la pitié et à la pureté virginale, à la sainteté. Nietzsche ne s'est jamais remis de ce revirement.
Car la source historique que Wagner utilise pour ce drame, c'est un des plus vieux poètes allemands, un des plus respectés : Wolfram Von Eschenbach. Or, il va lui faire dire tout le contraire de ce Parzival bien allemand (le poète s'oppose avec force à la version de Chrétien de Troyes). Chez Wolfram, le Graal est gardé par des Templiers, la source de son livre est la Provence, le pays d'où est originaire la gaya sienza, le "gai savoir", celui des esprits libres, les futurs disciples de Nietzsche ! Wagner trahit donc l'esprit du poème de Wolfram, pour qui le Graal a un sens ésotérique, en en faisant le drame de la pitié judaïque, cette arme redoutable qui leur avait servi pour détruire l'empire romain et qui maintenant menace l'humanité tout entière (c'est-à-dire l'Europe, replaçons-nous à l'époque de Nietzsche) !
A ce propos, nous aurons sans doute l'occasion de revenir sur le végétarisme d'Hitler, ainsi que son paganisme, deux thèmes que l'on associe souvent à Wagner, sans comprendre d'où ils proviennent. Rappelons brièvement que Wagner devint végétarien suite à son quasi bouddhisme, influencé par la pensée schopenhauérienne. Nietzsche voulut l'imiter mais n'y parvint pas, car, à cause de ses troubles digestifs, il se nourrissait beaucoup de lait et de viande. Plus tard, il dira que la viande rouge convient aux êtres passionnés, critiquant indirectement Wagner et son idéal du "dernier homme". Quant au paganisme wagnérien, nous avons vu d'une part que le compositeur l'a abandonné à la fin de sa vie, d'autre part, il s'appuyait sur des légendes nordiques, qui s'opposaient fortement à la musique italienne et permettaient mieux la création d'une "musique de l'avenir", un type nouveau de drame musical, l'œuvre d'art totale. Wagner voulait recréer chez le peuple allemand la même ferveur que celle des Athéniens quand ils assistaient aux tragédies d'Eschyle (cf. Naissance de la tragédie).
Alors, en conclusion, qui des deux est le plus (ou le moins) nationaliste, qui est le plus (ou le moins) antisémite ? Peut-on même les relier à Hitler ? Ou cela n'a t-il aucun sens ? Faites-vous votre opinion, ou discutons-en.