Aristippe de cyrène a écrit:est-ce que je fais une erreur si j'affirme que le Dasein est la possibilité pour les autres étants d'être ? Je m'explique par un exemple : il n’y a de soleil que parce que l’homme regarde le soleil. Un animal ne le regarde pas, il ne le voit même pas. Mais l’homme, qui est en rapport avec le rien, qui est au-delà de l’étant (Dasein), peut regarder le soleil et le laisser être. Ainsi l’homme, par sa parole (en tant qu’il prononce l’objet) délimite l’apparition de l’objet, sa possibilité d’être.
La formulation me paraît encore trop classique, trop traditionnelle (cf. Schopenhauer, par exemple). Bien sûr, l'homme est cet existant, cette ouverture qui permet de rendre présents, de se rendre présents les étants. Mais l'être se manifeste. On ne peut faire abstraction des acquis de la phénoménologie de Husserl pour lire Heidegger, sans quoi on revient au "cartésianisme", au couple sujet-objet, au sujet comme représentation du monde, comme intériorisation, à l'objet comme objet extérieur. On revient à la métaphysique traditionnelle au fond, puisque le rapport sujet-objet implique la fermeture de notre intériorité : jamais on ne peut accéder au monde extérieur (objectif). On n'en a qu'une représentation.
Pour Heidegger, qui hérite en cela de Husserl et qui en tire des conséquences, exister c'est être ouvert. L'intentionnalité, c'est une relation, une relation intentionnelle. Le monde n'est pas ma représentation (ça c'est de l'abstraction théorique, logique). Le monde est vécu. J'ai conscience du monde. Je suis donc présent au monde, mais le monde est présent. La conscience est orientée vers le monde (intentionnalité, acte), et le monde est "intentionné", visé. C'est un rapport, une relation. Nous sommes bien en dehors de la relation sujet-objet.
Dernière édition par Euterpe le Jeu 11 Aoû 2016 - 18:43, édité 1 fois