La question de l'âme, ou plutôt de la conscience de soi, ou tout simplement de la conscience m'intéresse.
La conception que j'ai de la conscience est éminemment neuronale, et si je ne suis pas tout à fait d'accord avec la définition de la conscience que propose Changeux, je le rejoins tout de même sur un point :
Pour ce qui est du libre-arbitre, je finis par croire que la conscience n'a pas d'influence sur nos actions immédiates, ou alors elle en a très peu.
L'expérience de Libet (1983) me pousse à considérer la conscience en terme de "seuil", j'entends par là qu'une chose émerge à notre conscience quand elle dépasse un certain seuil d'activation neuronale, mais là je n'ai pas beaucoup d'informations et ce n'est qu'une hypothèse. Pour reprendre l'expérience de Libet, l'action, quand elle nous apparaît consciente, est, semble-t-il, déjà engagée depuis un moment (à prendre à la vitesse neuronale bien sûr). Aussi je ne pense pas que la conscience nous serve dans l'immédiat. Son action est plus rétrospective, c'est une bonne occasion pour vous faire part de mes hypothèses quant à la conscience.
Je vous ai déjà parlé de la notion de seuil. Parlons maintenant du rôle de la conscience qui, si elle ne contrôle pas ou peu nos actions immédiates, nous permet tout de même un contrôle a posteriori, après l'action. Ce contrôle a posteriori qui permet lui-même un contrôle de fait, sur une action future. La conscience se situe, dans son action en tout cas, entre l'action passée et l'action future. Elle est utile dans l'immédiat dans le fait que la prise de conscience de notre action nous permet, non pas de pouvoir l'interrompre mais de pouvoir analyser la raison de notre action a posteriori. Cette analyse qui nous permet d'essayer de comprendre pourquoi et comment nous avons agi, l'analyse consciente faite, nous pouvons ainsi tenter de perfectionner et d'élaborer une action plus précise et plus adaptée.
Nous arrivons donc à ma seconde hypothèse : la conscience n'est pas un épiphénomène mais bien un phénomène adaptatif. C'est parce que nous avons conscience de nous-mêmes que nous pouvons essayer de comprendre et donc de modifier notre environnement. La conscience nous permet d'élaborer des comportements adaptatifs qui seront mis en œuvre (peut-être pas au début, mais à force d'entraînement) de manière non contrôlée par elle, et donc mis en œuvre avec bien plus de rapidité.
Et nous en venons à ma troisième hypothèse qui rejoint la seconde : la conscience, qui nous permet d'élaborer des comportements nouveaux, ou du moins de comprendre des comportements passés (ce qui est aussi adaptatif car une action hasardeuse se révélant efficace peut être à nouveau utilisée) permet également de transmettre. La conscience permet la communication et la transmission des connaissances et des savoirs. La transmission des savoirs (et donc la construction culturelle en fait) permet à une population d'évoluer par l'apprentissage. Encore un élément hautement adaptatif.
Par ailleurs, je dirais que le déterminisme génétique n'est pas tout-puissant, il a une grande influence bien sûr, mais elle n'est pas totale, et encore moins absolue. Ce qui me semble le plus adapté serait de dire que l'homme naît avec la capacité d'apprendre et d'évoluer ; en fait, il ne naît pas avec des connaissances, mais avec des outils, des outils fondamentaux qui vont lui permettre de comprendre et d'apprendre. Ses outils l'aident d'une part à acquérir de nouvelles connaissances, et d'autre part à créer de nouveaux outils pour acquérir de nouvelles connaissances.
Si élucider l'esprit constitue l'ultime frontière pour les sciences du vivant, la conscience apparait bien souvent comme le dernier mystère dans l'élucidation de l'esprit. Certains le tiennent même pour insoluble.
Pourtant, on peut difficilement songer à un défi plus séduisant pour la réflexion et la recherche. La question de l'esprit, en général, et de la conscience, en particulier, permet aux êtres humains d'exercer, jusqu'à plus soif, leur désir de comprendre et leur appétit d'émerveillement sur leur propre nature, qu'Aristote tenait pour l'apanage de l'humanité. Qu'y a-t-il de plus difficile à connaître que la manière dont nous connaissons ? Qu'y-a-t-il de plus étourdissant que de s'apercevoir que c'est le fait même d'avoir une conscience qui nous rend possibles et même inévitables les questions sur la conscience ?
Le sentiment même de Soi.
Damasio.
La conception que j'ai de la conscience est éminemment neuronale, et si je ne suis pas tout à fait d'accord avec la définition de la conscience que propose Changeux, je le rejoins tout de même sur un point :
Les opérations sur les objets mentaux et surtout leurs résultats, seront "perçus" par un système de surveillance composé de neurones très divergents, comme ceux du tronc cérébral, et de leurs réentrées. Ces enchaînements et emboîtements, ces "toiles d'araignée", ce système de régulation fonctionneront comme un tout. Doit-on dire que la conscience "émerge" de tout cela ? Oui, si l'on prend le mot "émerger" au pied de la lettre, comme lorsqu'on dit que l'iceberg émerge de l'eau. Mais il nous suffit de dire que la conscience est ce système de régulations en fonctionnement. L'homme n'a dès lors plus rien à faire de l'"Esprit", il lui suffit d'être un Homme Neuronal.
L'Homme Neuronal, Changeux.
Pour ce qui est du libre-arbitre, je finis par croire que la conscience n'a pas d'influence sur nos actions immédiates, ou alors elle en a très peu.
L'expérience de Libet (1983) me pousse à considérer la conscience en terme de "seuil", j'entends par là qu'une chose émerge à notre conscience quand elle dépasse un certain seuil d'activation neuronale, mais là je n'ai pas beaucoup d'informations et ce n'est qu'une hypothèse. Pour reprendre l'expérience de Libet, l'action, quand elle nous apparaît consciente, est, semble-t-il, déjà engagée depuis un moment (à prendre à la vitesse neuronale bien sûr). Aussi je ne pense pas que la conscience nous serve dans l'immédiat. Son action est plus rétrospective, c'est une bonne occasion pour vous faire part de mes hypothèses quant à la conscience.
Je vous ai déjà parlé de la notion de seuil. Parlons maintenant du rôle de la conscience qui, si elle ne contrôle pas ou peu nos actions immédiates, nous permet tout de même un contrôle a posteriori, après l'action. Ce contrôle a posteriori qui permet lui-même un contrôle de fait, sur une action future. La conscience se situe, dans son action en tout cas, entre l'action passée et l'action future. Elle est utile dans l'immédiat dans le fait que la prise de conscience de notre action nous permet, non pas de pouvoir l'interrompre mais de pouvoir analyser la raison de notre action a posteriori. Cette analyse qui nous permet d'essayer de comprendre pourquoi et comment nous avons agi, l'analyse consciente faite, nous pouvons ainsi tenter de perfectionner et d'élaborer une action plus précise et plus adaptée.
Nous arrivons donc à ma seconde hypothèse : la conscience n'est pas un épiphénomène mais bien un phénomène adaptatif. C'est parce que nous avons conscience de nous-mêmes que nous pouvons essayer de comprendre et donc de modifier notre environnement. La conscience nous permet d'élaborer des comportements adaptatifs qui seront mis en œuvre (peut-être pas au début, mais à force d'entraînement) de manière non contrôlée par elle, et donc mis en œuvre avec bien plus de rapidité.
Et nous en venons à ma troisième hypothèse qui rejoint la seconde : la conscience, qui nous permet d'élaborer des comportements nouveaux, ou du moins de comprendre des comportements passés (ce qui est aussi adaptatif car une action hasardeuse se révélant efficace peut être à nouveau utilisée) permet également de transmettre. La conscience permet la communication et la transmission des connaissances et des savoirs. La transmission des savoirs (et donc la construction culturelle en fait) permet à une population d'évoluer par l'apprentissage. Encore un élément hautement adaptatif.
Par ailleurs, je dirais que le déterminisme génétique n'est pas tout-puissant, il a une grande influence bien sûr, mais elle n'est pas totale, et encore moins absolue. Ce qui me semble le plus adapté serait de dire que l'homme naît avec la capacité d'apprendre et d'évoluer ; en fait, il ne naît pas avec des connaissances, mais avec des outils, des outils fondamentaux qui vont lui permettre de comprendre et d'apprendre. Ses outils l'aident d'une part à acquérir de nouvelles connaissances, et d'autre part à créer de nouveaux outils pour acquérir de nouvelles connaissances.