J'y vois pour ma part l'éternel débat existentialisme et essentialisme, l'art du constat absolument similaire depuis un référentiel différent, l'importance choisie - consciemment ou non, puisque sans aucun doute dépendante d'un contexte et d'orientations personnelles -
Par absolument similaire, j'entends ici résultat ou l'esthétique avec les peintres Delacroix et Ingres.
Pour le cas particulier de Spinoza, ne l'ayant pas lu, je ne peux tellement me prononcer de façon significative. Cependant, il me semble que de la substance il dégage une idée de dieu ou son système de valeur. C'est ici de la forme que se dégage la lumière. Cela fait inévitablement songer à "la Nausée" de Sartre, qui, de son existence dégage une bien sombre impression.
Dans ces deux cas, le questionnement de base est le même : l'existence. La différence majeure est probablement de direction ; Spinoza va plus vers l'intérieur de lui-même ou de l'implicite de l'objet substance, et en vient donc à une idée de Dieu ou de lumière. Sartre, lui, va plus à l'extérieur de lui-même en constatant sa propre existence, un peu comme s'il se voyait à la troisième personne. Si l'on se cantonne à
La Nausée, le raisonnement n'est pas abouti et paraît bien sombre. Il faut attendre son dernier livre, je crois, pour trouver que Dieu, finalement, c'est pas si mal.
Bref, nous avons affaire ici à deux auteurs qui, partant de la forme, dégagent une valeur.
En prenant par exemple plutôt Aristote et sa règle de trois induite par la logique, on voit quelqu'un qui réfléchit plutôt à la forme selon la valeur. En jugeant l'homme en "trop" ou "pas assez", il dégage un juste milieu, une idée de justesse, "d'homme juste" pour reprendre des termes qui lui seraient plus chers.
Si l'on veut y superposer une idée de dieu : ce serait le donné par définition donc le "trop" ou "pas assez" mais évidemment constaté de façon humaine : avec un jugement imparfait. La question de Dieu ne se pose donc pas dans l'
Éthique à Nicomaque qui n'évoque pas explicitement l'existence et admet donc l'idée de l'homme depuis belle lurette. Il est alors affaire de "l'homme juste" soit l'idée parfaite de l'homme ou encore l'homme tendant au bonheur donc finalement l'homme tendant vers Dieu de la compréhension des injustices du "trop" et "pas assez".
En prenant maintenant Nietzsche, il est à nouveau histoire de morale : il définit cette fois comment l'imparfait ne peut l'être puisqu'il l'est par définition. Ainsi, on ne peut se permettre décemment de le considérer comme imparfait. Dans la lignée d'Aristote, le versant qui nous intéresse est celui de la descente de la montagne, la descente parmi ses pairs : comment le sage paraît sage par la bêtise des idiots, soit la forme "bien" du sage se dégageant de la valeur "mal" des imbéciles.
Zingaro a écrit: le premier expire, le second inspire
Je trouve cette phrase assez justement trouvée : elle met en exergue le centre d'attention. Dans l'inspiration, on trouve matière depuis l'extérieur ; dans l'expiration, on la trouve depuis l'intérieur.
C'est en partie là que se révèle l'un des caractères de génie de Nietzsche : par l'éternel retour, il arrive à concilier les deux versants. Parmi ses pairs, il dégage une forme ; en remontant sur sa montagne et par là négligeant tout à fait sa forme, il retrouve valeur à ses yeux.
Ahahah ! Bon.