Il faut lire intégralement :
Lacan a écrit: Car que fait-il cet enfant de cet objet sinon de l’abolir à cent reprises, sinon de faire son objet de cette abolition. Sans doute n’est-ce que pour que cent fois renaisse son désir, mais ne renaît-il pas déjà désir de ce désir. Nul besoin donc de reconnaître par le contexte et le témoin que le mal d’attendre la mère a trouvé ici son transfert symbolique. Le meurtre de la chose dont Juliette Boutonier a relevé le terme dans mon discours, est déjà là. Il apporte à tout ce qui est, ce fonds d’absence sur quoi s’enlèveront toutes les présences du monde.
C'est dans la monographie qu'Anika Lemaire consacra à Lacan (1977), qu'on trouve plusieurs occurrences de l'expression exacte. Deux extraits issus de l'édition Mardaga de son
Jacques Lacan (8e éd. 1997) :
Anika Lemaire a écrit: il a été dit que le mot engendre le meurtre de la chose, qu'il faut que la chose se perde pour être représentée (p. 113)
Anika Lemaire a écrit: On sait en effet que le mot est le meurtre de la chose et que cette mort est la condition du symbole (p. 121)
D'après Claire Bourguignon, Anika Lemaire s'est inspirée de ce passage de Kojève, extrait de l'
Introduction à la lecture de Hegel :
Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Gallimard, Paris, 1947 a écrit: Dans le Chapitre VII de la PhG, Hegel a dit que toute compréhension-conceptuelle (Begreifen) équivaut à un meurtre. Rappelons donc ce qu'il avait en vue.
Tant que le Sens (ou l'Essence, le Concept, le Logos, l'Idée, etc.) est incarné dans une entité existant empiriquement, ce Sens ou cette Essence, ainsi que cette entité, vivent. Tant que, par exemple, le Sens (ou l'Essence) 'chien' est incarné dans une entité sensible, ce Sens (Essence) vit : c'est le chien réel, le chien réel qui court, boit, mange. Mais lorsque le Sens (Essence) 'chien' passe dans le mot 'chien' c'est-à-dire devient concept abstrait qui est différent de la réalité sensible qu'il révèle par son Sens, le Sens (Essence) meurt : le mot 'chien' ne court pas, ne boit pas et ne mange pas ; en lui le Sens (l'Essence) cesse de vivre ; c'est-à-dire qu'elle meurt. Et c'est pourquoi la compréhension-conceptuelle de la réalité équivaut à un meurtre. (p. 372-373)
Je vous joins un article anglais de Daniel J. Selcer à télécharger, plutôt intéressant : "The Discursivity Of The Negative : Kojève On Language In Hegel".
Dernière édition par Euterpe le Ven 12 Aoû 2016 - 18:55, édité 2 fois
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