Dès avant les caractères spécifiques qu'ils présentent, la radio, internet ou encore la télévision reposent sur des progrès techniques par lesquels ils ont été rendus possibles, maintenus et améliorés.
Quoi que votre télévision produise, cela résulte d’un enchaînement de processus techniques par lesquels de l’information a été extraite de la réalité à un instant T, traduite et maintenue sous différentes formes jusqu'à être assemblée et convertie à nouveau en expérience humaine : des images et des sons produisant un certain sens. Et, à bien y réfléchir, à chaque étape de cet enchaînement des êtres humains ont travaillé, constamment : metteurs en scène, acteurs et caméramans ; scientifiques inventant de nouveaux écrans destinés à une production industrielle en Chine pour qu'un homme d’affaire américain les vende dans toute l’Europe ; logisticiens et dockers… Etc.
Bien qu’à la vue d’une simple publicité, vous puissiez vous féliciter qu'elle résulte de 4000 ans de connaissances transformées en progrès techniques et en « choses » à votre disposition ; vous auriez des difficultés à présenter la même performance en termes de travail, d’efforts, d’exploits et de souffrances bien incarnées. A l’évidence, tous ces gens n’ont pas joint leurs forces ni travaillé si dur pour que puisse être admirée cette publicité. A l’évidence, la qualité de l’expérience n’explique ni ne justifie le gigantesque déploiement d’énergie que représente en fait la publicité. Mais oui, il y a bien des êtres humains derrière cette publicité, desquels vous faites peut-être partie vous-même (sans forcément le savoir). N’est-ce pas une sorte de paradoxe ?
La force et l’intelligence journalières que les êtres humains déployaient pour assurer leur survie à travers des activités culturelles, s’assimile aujourd'hui à une fonction qui ne fait aucun sens par elle-même sinon d’être insérée dans le champ technologique [technological field] pour y être convertie en puissance. Mais personne ne sait vraiment quoi faire de cette puissance. Bien peu s’en préoccupent. Simplement, cela "arrive".
Nous ne joignons plus nos forces pour surmonter la Nature, ni non plus nous réunissons-nous pour produire les conditions d’une vie décente ; avant toute autre chose, chacun, le plus souvent d’une manière inconsciente, participe à maintenir le champ technologique opérationnel. Le stade de système a été franchi : l’informatique permettant de "connecter" les diverses domaines techniques, les techniques s’intègrent dorénavant à un ensemble où elles s’articulent les unes en fonction des autres. Lors, chaque aspect de la réalité peut être extrait, traduit sous forme d’informations et ainsi être converti en puissance. Cependant, cela n’est pas l’œuvre d’un projet économique ou politique. Il faut admettre la possibilité que le champ technologique engendre ses propres raisons d’exister. Et nous de le servir.
Nous n’éprouvons pas le besoin de montrer que l’état général des libertés et de l’autonomie a décliné. Mais nous essaierons de comprendre comment cela se fait.
Nous pourrions arriver à la conclusion que les êtres humains n’ont nulle part où être libres. En outre, notre thèse est que la réalité disparaît par l’effet de la Technique, en sorte que la dernière réponse existentielle laissée aux individus est la puissance.
Pour les développements à venir, nous ignorons les exceptions pour nous concentrer sur les règles générales et les conditions moyennes qu’elles produisent. Nous prétendons que les individus peuvent être compris d’après les règles générales que la société applique à leurs subjectivités. Cependant, la réalité n’y est pas épuisée.
En fait, nous prétendons que les individus sont libres par nature. C’est pourquoi nous ressentons le besoin de comprendre les mécanismes de leur soumission. Nous pensons que ces mécanismes, tels que notre époque les produit, doivent être compris en rapport au champ technologique et au but qu’il poursuit. Nous essaierons de clarifier ce but.
1. Le champ technologique ne poursuit pas l’application, mais la concentration de puissance
Les objets qui en résultent ne peuvent expliquer ni justifier l’existence du champ technologique. Pas plus que les conditions décentes de vie qu'il produirait. Ce serait un mensonge. Dans leur quotidien, les individus n’utilisent pas les produits de la Technique pour améliorer leur condition ni atteindre à la liberté : ils rencontrent des problèmes techniques et utilisent des techniques pour les résoudre. Ainsi sont-ils maintenus dans un constant besoin de techniques et ont l’impression d’être libérés par elles. Cette situation serait compréhensible si elle concernait quelques-uns d’entre nous, fascinés par la prouesse technique. Mais c’est la condition moyenne dans notre société. Cela peut s’expliquer en considérant que le champ technologique poursuit son propre but, qui n’est pas l’application d’une quelconque puissance mais sa concentration.
1°) Il faut renouveler l’enveloppe physique du champ
2°) Le champ doit progresser pour se maintenir
3°) La puissance réside dans l’information
2. La progression du champ implique le contrôle et la manipulation des comportements individuels
Les individus sont chaudement conviés à cercler leurs forces avec des « choses ». Ces choses ne fonctionnent que s’ils adoptent certains comportements [patterns] qu'ils répéteront indéfiniment avec elles (plus d’essence : allons à la pompe !) L’on peut considérer comme un fait que ce n’est ni la chose ni le comportement correspondant qui satisfont l’individu ; en premier lieu, c’est le comportement lui-même qui satisfait le champ, en tant que la réalisation fluide et efficace de « quelque chose » qu'il peut comprendre et contrôler.
Donc,
3. Les individus et les communautés qu’ils forment sont désarticulés et vidés de leurs forces (cultures) dans la progression du champ, et, puisque la concentration de puissance est potentiellement infinie, l’Histoire est révolue [over] jusqu'à ce que l’espèce humaine dépasse [overcomes] la Technique.
La technique a été appliquée à des activités dont elle aurait dû faciliter la réalisation (dans le but de soulager l’être humain, apparemment). Pour ce faire, ces activités ont été décomposées et rassemblées en intégrant la Technique [within technology] : sous la forme d’unités fonctionnelles répondant au langage informatique. […] Cela ne signifie pas que l’activité ou le « boulon » ont perdu toute spécificité ; cela signifie qu'avant toute autre chose, ils jouent le rôle d'un "nœud" pour l’information de transiter, et leurs caractères spécifiques ne peuvent plus aller à l’encontre des caractères du champ : ils existent afin que le champ existe. Ils n’ont plus d’autonomie.
Quoi que votre télévision produise, cela résulte d’un enchaînement de processus techniques par lesquels de l’information a été extraite de la réalité à un instant T, traduite et maintenue sous différentes formes jusqu'à être assemblée et convertie à nouveau en expérience humaine : des images et des sons produisant un certain sens. Et, à bien y réfléchir, à chaque étape de cet enchaînement des êtres humains ont travaillé, constamment : metteurs en scène, acteurs et caméramans ; scientifiques inventant de nouveaux écrans destinés à une production industrielle en Chine pour qu'un homme d’affaire américain les vende dans toute l’Europe ; logisticiens et dockers… Etc.
Bien qu’à la vue d’une simple publicité, vous puissiez vous féliciter qu'elle résulte de 4000 ans de connaissances transformées en progrès techniques et en « choses » à votre disposition ; vous auriez des difficultés à présenter la même performance en termes de travail, d’efforts, d’exploits et de souffrances bien incarnées. A l’évidence, tous ces gens n’ont pas joint leurs forces ni travaillé si dur pour que puisse être admirée cette publicité. A l’évidence, la qualité de l’expérience n’explique ni ne justifie le gigantesque déploiement d’énergie que représente en fait la publicité. Mais oui, il y a bien des êtres humains derrière cette publicité, desquels vous faites peut-être partie vous-même (sans forcément le savoir). N’est-ce pas une sorte de paradoxe ?
La force et l’intelligence journalières que les êtres humains déployaient pour assurer leur survie à travers des activités culturelles, s’assimile aujourd'hui à une fonction qui ne fait aucun sens par elle-même sinon d’être insérée dans le champ technologique [technological field] pour y être convertie en puissance. Mais personne ne sait vraiment quoi faire de cette puissance. Bien peu s’en préoccupent. Simplement, cela "arrive".
Nous ne joignons plus nos forces pour surmonter la Nature, ni non plus nous réunissons-nous pour produire les conditions d’une vie décente ; avant toute autre chose, chacun, le plus souvent d’une manière inconsciente, participe à maintenir le champ technologique opérationnel. Le stade de système a été franchi : l’informatique permettant de "connecter" les diverses domaines techniques, les techniques s’intègrent dorénavant à un ensemble où elles s’articulent les unes en fonction des autres. Lors, chaque aspect de la réalité peut être extrait, traduit sous forme d’informations et ainsi être converti en puissance. Cependant, cela n’est pas l’œuvre d’un projet économique ou politique. Il faut admettre la possibilité que le champ technologique engendre ses propres raisons d’exister. Et nous de le servir.
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Nous n’éprouvons pas le besoin de montrer que l’état général des libertés et de l’autonomie a décliné. Mais nous essaierons de comprendre comment cela se fait.
Nous pourrions arriver à la conclusion que les êtres humains n’ont nulle part où être libres. En outre, notre thèse est que la réalité disparaît par l’effet de la Technique, en sorte que la dernière réponse existentielle laissée aux individus est la puissance.
Pour les développements à venir, nous ignorons les exceptions pour nous concentrer sur les règles générales et les conditions moyennes qu’elles produisent. Nous prétendons que les individus peuvent être compris d’après les règles générales que la société applique à leurs subjectivités. Cependant, la réalité n’y est pas épuisée.
En fait, nous prétendons que les individus sont libres par nature. C’est pourquoi nous ressentons le besoin de comprendre les mécanismes de leur soumission. Nous pensons que ces mécanismes, tels que notre époque les produit, doivent être compris en rapport au champ technologique et au but qu’il poursuit. Nous essaierons de clarifier ce but.
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Propositions1. Le champ technologique ne poursuit pas l’application, mais la concentration de puissance
Les objets qui en résultent ne peuvent expliquer ni justifier l’existence du champ technologique. Pas plus que les conditions décentes de vie qu'il produirait. Ce serait un mensonge. Dans leur quotidien, les individus n’utilisent pas les produits de la Technique pour améliorer leur condition ni atteindre à la liberté : ils rencontrent des problèmes techniques et utilisent des techniques pour les résoudre. Ainsi sont-ils maintenus dans un constant besoin de techniques et ont l’impression d’être libérés par elles. Cette situation serait compréhensible si elle concernait quelques-uns d’entre nous, fascinés par la prouesse technique. Mais c’est la condition moyenne dans notre société. Cela peut s’expliquer en considérant que le champ technologique poursuit son propre but, qui n’est pas l’application d’une quelconque puissance mais sa concentration.
1°) Il faut renouveler l’enveloppe physique du champ
2°) Le champ doit progresser pour se maintenir
3°) La puissance réside dans l’information
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Et, 2. La progression du champ implique le contrôle et la manipulation des comportements individuels
Les individus sont chaudement conviés à cercler leurs forces avec des « choses ». Ces choses ne fonctionnent que s’ils adoptent certains comportements [patterns] qu'ils répéteront indéfiniment avec elles (plus d’essence : allons à la pompe !) L’on peut considérer comme un fait que ce n’est ni la chose ni le comportement correspondant qui satisfont l’individu ; en premier lieu, c’est le comportement lui-même qui satisfait le champ, en tant que la réalisation fluide et efficace de « quelque chose » qu'il peut comprendre et contrôler.
Donc,
3. Les individus et les communautés qu’ils forment sont désarticulés et vidés de leurs forces (cultures) dans la progression du champ, et, puisque la concentration de puissance est potentiellement infinie, l’Histoire est révolue [over] jusqu'à ce que l’espèce humaine dépasse [overcomes] la Technique.
La technique a été appliquée à des activités dont elle aurait dû faciliter la réalisation (dans le but de soulager l’être humain, apparemment). Pour ce faire, ces activités ont été décomposées et rassemblées en intégrant la Technique [within technology] : sous la forme d’unités fonctionnelles répondant au langage informatique. […] Cela ne signifie pas que l’activité ou le « boulon » ont perdu toute spécificité ; cela signifie qu'avant toute autre chose, ils jouent le rôle d'un "nœud" pour l’information de transiter, et leurs caractères spécifiques ne peuvent plus aller à l’encontre des caractères du champ : ils existent afin que le champ existe. Ils n’ont plus d’autonomie.