Dali dégouline de partout, je n'aime plus trop ça, cette surabondance, jusqu'à l'excès, de symboles. Mais j'aime bien ses paysages, grandes étendues figurant l'inconscient comme une scène de théâtre où prennent forme des figures éphémères, passagères, comme autant de fantasmes au sein de notre imaginaire. Je préfère quand même d'autres surréalistes et d'autres peintres. Certaines toiles de Hopper, par exemple, sont d'une incroyable beauté, d'une incroyable étrangeté aussi, et me donnent énormément à réfléchir. Hopper, à mon sens, et bien qu'il ait sa propre singularité, est peut-être plus susceptible d'être compris en dialogue avec Deleuze (surtout parce que Hopper interroge le dehors, au lieu d'en rester au dedans qui se mire dans les paysages comme chez la plupart des impressionnistes : l'hyper-romantisme se change en réalisme dérangeant) et Freud que Bacon (que j'aime aussi énormément). Si l'on me dit que tout cela est trop intellectualiste, je vanterais alors les qualités de Turner. Je n'aime pas tellement les classiques en peinture. Par exemple, je trouve les croquis de De Vinci cent fois plus stimulants que ses œuvres achevées.