roussecl a écrit: ...ou tout simplement à quoi vous fait penser cette citation : que vous inspire-t-elle ?
Une sorte de regard à porter sur ce qui nous entoure et non pas sur l'avenir ou le passé. Inciter à vivre l'instant présent, seule réalité aux quelques certitudes. Le passé est déformé par les souvenirs qui s'évadent ou s'estompent avec la poursuite du présent. Le futur n'est qu'imagination de tout un chacun. On s'y projette volontiers, on aime à se croire capable de le modeler à notre guise, sentir que l'on crée ce que l'on veut être mais en vérité, seul le présent compte. Le futur nous échappe dans sa fuite en avant, tandis que le passé se trouble lorsque nous essayons de l'effleurer.
"N'aspire pas à l'existence éternelle..."L'existence éternelle est un rêve pour ceux qui craignent la mort et une torture pour ceux qui aiment la vie.
Les dieux grecs raffolaient des punitions éternelles : le mythe de Sisyphe, le mythe de Prométhée, le supplice de Tantale et tant d'autres. Ainsi, la punition réside-t-elle en la souffrance ou en l'éternité ?
L'éternité est un voyage d'une trop grande ampleur pour que l'homme puisse y survivre. Nous ne désirons sans doute l'éternité que parce que nous sommes mortels. Étant immortels, nous n'aspirerions peut-être qu'à la mort. Je connais plus de mortels heureux de l'être que d'immortels heureux de l'éternité, ainsi ces précédentes suppositions restent (pour l'instant) infondées.
"...mais épuise le champ du possible"Le champ du possible n'existe qu'au présent : ne pouvant revenir sur une décision prise, ni connaître le champ du possible de l'avenir, il ne nous reste qu'à regarder autour de nous, et voir qu'elles sont les possibilités que l'instant présent nous offre. Regarder le présent. Cela semble bien difficile. Mais plus que le regarder, peut-être faut-il encore le vivre. Dans cet épuisement du champ du possible, j'entends l'idée de prendre en compte tout ce qui nous entoure et non l'évidence. A chaque question posée, seules quelques réponses nous viennent à l'esprit et non l'infinité qui existe. Alors dans ce mot employé "épuise", il est possible d'y trouver une invitation à considérer beaucoup plus que ce que nous considérons spontanément.
Néanmoins, si la citation réelle commence par "Ô mon âme, n'aspire pas à la vie immortelle...", c'est un discours du poète avec lui-même. Et je n'aurais la prétention d'essayer d'interpréter les profondeurs de son âme. Je ne peux alors que m'évertuer à épuiser le champ d'interprétations possibles, sans malheureusement ne jamais connaître le fond réel de cette pensée.
Selon les réflexions extraites de l'article partagé par Euterpe :
Michel Briand a écrit: il n'est guère possible de reconstituer les circonstances de son énonciation, par exemple son cadre spatio-temporel, ni même les modalités de cette profération poétique, qui peut être aussi bien monodique que chorale. La voix ici, même à la première personne du singulier, peut être la trace d'un dispositif choral, fondé sur un système traditionnel de délégation, mais le genre, pré- ou para-rhétorique, de la consolation autorise les interprétations personnelles, fondées sur la notion de contrat public entre le tyran et le poète officiel. Il est peu probable aussi que cette épître, peut-être envoyée en accompagnement d'une autre épinicie, comme la première Pythique, réponde à une commande directe : il s'agirait plutôt d'un complément, fondé sur une initiative du poète.
Navrée de ne guère pouvoir plus me rapprocher de la réalité de Pindare dont tant de siècles nous séparent pour vous offrir les réponses à vos questions. Mais si cette phrase était adressée à son âme, peut-être alors vaut-il la peine d'interroger la vôtre ?