tierri a écrit: J'ai de grandes difficultés pour suivre le fil de votre idée.
Imaginons un être dont la conscience primitive n'est pas la conscience de soi. Il n'est question en son être que de ses actions et réactions au monde, sans possibilité de discerner cognitivement un soi et le monde. Ainsi tout son univers se résume à l'action et à la réaction et il n'y a pas de place pour quoi que ce soit d'autre que des actes sans sujet. Suite à une longue évolution de la conscience primitive vers la conscience de soi, apparaît en fin de compte un sujet ou un soi. Dès lors, il y a un soi et le monde (ou non-soi) car un soi ne peut pas être tout seul, sinon il serait aussi son propre monde. De cette figure apparaissent donc deux types d'être : ce qui est soi et ce qui ne l'est pas. Mais le schéma est incomplet. En effet si l'on distingue ce qui est soi et ce qui ne l'est pas, il faut que ces deux protagonistes se détachent sur fond d'autre chose parce que sinon ils occuperaient le même espace. Or s'il en était ils se fonderaient l'un dans l'autre et nous reviendrions à l'exemple ou le soi serait aussi le monde. Pour se démarquer il faut donc que le soi et le monde se distinguent aussi par l'espace qui les sépare. Et si la conscience de soi saisit intuitivement cela, elle est obligée de se figurer un troisième type d'être qui englobe soi et le monde.
Aujourd'hui nous pouvons l'appeler espace au sens très large, mais ce dut être une véritable abstraction pour les premiers hommes car c'est un espace qui englobe aussi le monde, toutes les terres et mers qu'il parcourt, tous les êtres vivants, les choses et le ciel, allant même jusqu'à leurs propres pensées. L'exercice est difficile, peut-être impossible, mais essayons d'imaginer comment ces premiers hommes se sont évertués à définir cela, cet espace qui englobe vraiment tout et qu'ils recevaient intuitivement. Qu'était-ce pour eux s'ils percevaient cette abstraction, cette chose comme n'étant ni eux ni le monde ? C'est l'étonnement particulier dont je parlais. Après, mais seulement après peut commencer l'histoire de l'homme face à ce que nous appelons aujourd'hui le divin.