Dans son ouvrage Comment s'en sortir ?, Sarah Kofman propose, à partir de la conception techniciste de la dialectique (cf. les dialectiques platoniciennes ?), en raison de son double travail de division et d'unification, de considérer la figure de Prométhée comme le modèle du dialecticien.
Prométhée est la figure même de la libération des hommes, dans la mesure où il leur permet de maîtriser les arts, en inventant sans cesse des façons de s'en sortir. Il est πολύμητις (intelligence rusée, "aux mille ruses") et πολύπορος (littéralement : 'qui a beaucoup de passages, d'ouvertures, de pores', en transposant : qui trouve des portes de sortie, des solutions, etc.). Il aurait même aidé Zeus, lors de l'accouchement d'Athéna (cf. possible à la maïeutique socratique).
Par deux fois, Platon fait explicitement référence à Prométhée :
- dans Protagoras (cf. le mythe de Protagoras, en 320d)
- dans le Philèbe (cf. le mythe du Philèbe)
Nous ne nous intéresserons qu'au Protagoras. Ce dernier est l'interlocuteur de Socrate, et choisit de raconter un mythe pour justifier sa position. Le dialogue pose la question de savoir si la vertu, et notamment la vertu politique, peut s'enseigner.
Les dieux ont donné à Épiméthée et à Prométhée le soin de doter les différentes espèces vivantes de ce dont elles ont besoin pour survivre. Si Prométhée voit loin, Épiméthée a la vue courte. Ce dernier, après avoir distribué aux différentes espèces animales ce qu'il avait à sa disposition, constate qu'il n'a plus rien à distribuer aux hommes. Or, c'est son imprévoyance qui va changer leur destin, qui va faire que les hommes ne seront plus tout à fait des animaux comme les autres. Prométhée décide en effet de dérober 2 choses : la compétence technique ; le feu (sans lequel cette compétence serait vaine).
Mais cela ne suffit pas à assurer la survie de l'humanité. L'intelligence 'fabricatrice' des hommes ne leur suffit pas pour résister, par exemple aux prédateurs. Il leur manque la vertu politique : ils sont incapables de vivre ensemble, et ils ne savent pas faire la guerre. C'est Zeus qui va intervenir, et qui va faire transmettre aux hommes les 2 vertus grâce auxquelles ils vont pouvoir vivre ensemble :
- la δίκη : sentiment du droit, exigence du droit, droit (même racine que le nom δικαιοσύνη : la justice). Conscience de l'obligation où nous sommes de tenir nos engagements, de respecter autrui.
- l'αἰδώς : la pudeur (mais terme qui réfère davantage à un rapport de soi à soi).
Le mythe insiste sur le fait que ces vertus ont été également distribuées à tous les hommes, c'est pourquoi n'importe quel citoyen a le droit de participer à la vie politique.
Protagoras s'efforce de montrer que cette vertu, possédée par tous, ne l'est ni par hasard, ni par nature, ni par l'enseignement (les hommes n'ont pas appris à être vertueux). La conception de Socrate implique de faire de la vertu un savoir, autrement dit quelque chose qui, au contraire, pourrait s'enseigner. On débouche finalement sur une aporie et, à la fin du dialogue, Socrate déclare que lui et Protagoras se sont comportés comme Épiméthée.
Le dialecticien semble devoir prendre Prométhée comme modèle, d'autant plus si on associe aporie technique et aporie dialectique.
Prométhée est la figure même de la libération des hommes, dans la mesure où il leur permet de maîtriser les arts, en inventant sans cesse des façons de s'en sortir. Il est πολύμητις (intelligence rusée, "aux mille ruses") et πολύπορος (littéralement : 'qui a beaucoup de passages, d'ouvertures, de pores', en transposant : qui trouve des portes de sortie, des solutions, etc.). Il aurait même aidé Zeus, lors de l'accouchement d'Athéna (cf. possible à la maïeutique socratique).
Par deux fois, Platon fait explicitement référence à Prométhée :
- dans Protagoras (cf. le mythe de Protagoras, en 320d)
- dans le Philèbe (cf. le mythe du Philèbe)
Nous ne nous intéresserons qu'au Protagoras. Ce dernier est l'interlocuteur de Socrate, et choisit de raconter un mythe pour justifier sa position. Le dialogue pose la question de savoir si la vertu, et notamment la vertu politique, peut s'enseigner.
Les dieux ont donné à Épiméthée et à Prométhée le soin de doter les différentes espèces vivantes de ce dont elles ont besoin pour survivre. Si Prométhée voit loin, Épiméthée a la vue courte. Ce dernier, après avoir distribué aux différentes espèces animales ce qu'il avait à sa disposition, constate qu'il n'a plus rien à distribuer aux hommes. Or, c'est son imprévoyance qui va changer leur destin, qui va faire que les hommes ne seront plus tout à fait des animaux comme les autres. Prométhée décide en effet de dérober 2 choses : la compétence technique ; le feu (sans lequel cette compétence serait vaine).
Mais cela ne suffit pas à assurer la survie de l'humanité. L'intelligence 'fabricatrice' des hommes ne leur suffit pas pour résister, par exemple aux prédateurs. Il leur manque la vertu politique : ils sont incapables de vivre ensemble, et ils ne savent pas faire la guerre. C'est Zeus qui va intervenir, et qui va faire transmettre aux hommes les 2 vertus grâce auxquelles ils vont pouvoir vivre ensemble :
- la δίκη : sentiment du droit, exigence du droit, droit (même racine que le nom δικαιοσύνη : la justice). Conscience de l'obligation où nous sommes de tenir nos engagements, de respecter autrui.
- l'αἰδώς : la pudeur (mais terme qui réfère davantage à un rapport de soi à soi).
Le mythe insiste sur le fait que ces vertus ont été également distribuées à tous les hommes, c'est pourquoi n'importe quel citoyen a le droit de participer à la vie politique.
Protagoras s'efforce de montrer que cette vertu, possédée par tous, ne l'est ni par hasard, ni par nature, ni par l'enseignement (les hommes n'ont pas appris à être vertueux). La conception de Socrate implique de faire de la vertu un savoir, autrement dit quelque chose qui, au contraire, pourrait s'enseigner. On débouche finalement sur une aporie et, à la fin du dialogue, Socrate déclare que lui et Protagoras se sont comportés comme Épiméthée.
Le dialecticien semble devoir prendre Prométhée comme modèle, d'autant plus si on associe aporie technique et aporie dialectique.