Le problème de la conception de l'évolution par la sélection naturelle (réponse la mieux adaptée à un environnement donné) c'est qu'elle ne rend pas compte de la diversité des espèces et des solutions. L'évolution semble linéaire et unidirectionnelle. Le cafard est-il plus adapté que l'humain ?
Contrairement à nnikkolass, définir la théorie de l'Évolution en référence à la meilleure adaptation à un environnement me semble exact. Par contre, il est faux de prétendre qu'elle ne rend pas compte de la diversité des espèces. Elle est aussi loin d'être linéaire (regardez par exemple l'hypothèse de l'équilibre ponctuel). Ça a beau être présenté dans un contexte philosophique, ça ne devrait pas empêcher de lire au minimum un article de wiki sur le sujet...
Unidirectionnelle ? Dans la mesure où l'Évolution se déroule au cours du temps et que la flèche du temps reste encore unidirectionnelle, je suis d'accord. Sinon l'Évolution peut revenir partiellement sur ses "pas", mais comme le contexte environnemental change constamment, ce ne se produira pas de façon exacte.
Il faut aussi, d'un point de vue biologique, laisser la conception des mèmes de Dawkins de côté. Il est légitime d'en parler comme d'un mouvement philosophique, formé sur la base d'une analogie biologique, mais elle n'est pas à confondre avec la théorie de l'Évolution biologique, laquelle est bien établie mais comme toute théorie scientifique, elle évolue.
D'un point de vue biologique, la psychologie évolutionniste aussi est douteuse dans ses fondements. En biologie, il n'existe pas un gène codant pour tel ou tel comportement social ou attribut psychologique, ce sont au contraire des réseaux d'interactions entre plusieurs gènes et leurs réseaux de régulation génique qui dans un contexte environnemental donné déterminent un ensemble de protéines qui, ensemble, produisent un comportement plus complexe. Il y a co-évolution simultanée des gènes qui finalement ne sont pas si égoïstes... Et le fondement biologique de ce comportement peut lui-même s'adapter sans que ce soit génétique. Ce peut être les réseaux de régulation qui se modifient par exemple. Et ce peut être en réponse directe avec l'environnement (par exemple la lumière ou un stress quelconque).
En plus il y a toute la question de l'épigénétique qui vient s'amuser à brouiller le beau schéma que nnikkolass nous a exposé. En gros, l'environnement produit des marqueurs sur les gènes qui en modifient l'expression, lesquels marqueurs pourront eux aussi être transmis aux descendants proches sans que les gènes ne soient modifiés. Une forme de transmission des caractères acquis en somme (plus proche de l'idée de Lamarck que de celle de la théorie synthétique de l'Évolution).
J'ai déjà lu plusieurs articles de psychologie évolutionniste (entre autres par rapport au comportement d'accouplement/appariement/séduction ("mating") des animaux et des humains), et je constate que toujours on nous sort une explication toute faite identique pour les humains et les autres animaux qui va dans le sens du renforcement du stéréotype de genre. Je ne veux pas nier l'importance du biologique bien sûr, mais il faut quand même rappeler que l'animalité de l'homme est médiatisée par sa culture. C'est-à-dire que si nos comportements ont ultimement une origine biologique (qui ne se réduit pas qu'au génétique non plus), ceux-ci sont altérés par les cultures humaines qui leurs donnent un sens. Dire qu'un homme (par exemple) aime naturellement rechercher plusieurs partenaires sexuels féminin parce que cela augmente la probabilité de reproduction de ses gènes, c'est quand même oublier que dans notre culture, la plupart des hommes préfèrent que leurs partenaires sexuelles occasionnelles ne tombent pas enceintes.
Mal fonder une science permet davantage d'abus. Certaines idéologies, de fait, instrumentalisent ce savoir supposé scientifique pour ensuite légitimer leur discours sociopolitique (qui ici est conservateur dans certains de ses aspects). Je suis d'accord avec nnikkolass sur les dangers du créationnisme, mais justement face à des idéologies pseudo-scientifiques il faut quand même prendre garde à ne pas en opposer une nouvelle. Si la science veut garder sa légitimité, elle doit se critiquer elle même.