Résumé :
Dans son ouvrage : « Le code de la conscience », Stanislas Dehaene qui précise pour l’essentiel la théorie de l’espace de travail neuronal global évoque en parallèle ce qu’on pourrait appeler la « thèse du cerveau voyant ». Selon cette thèse, la conscience de l’image visuelle apparaîtrait comme un phénomène émergeant à partir des diverses analyses des messages provenant du nerf optique par des processeurs répandus dans l’espace du cerveau. C’est l’intégration cybernétique de toutes ces analyses qui produirait cette conscience. Cependant cette thèse ne repose pas sur une définition satisfaisante de l’image en tant que sensation visuelle et l’intégration qu’elle nécessite n’apparaît pas avoir un effet sensible concevable. La thèse du « cerveau aveugle » oblige au contraire à partir d’une définition rigoureuse de l’image visuelle, constituée de points-images coexistant dans l’espace. Elle tient compte de l’analyse algorithmique effectuée par le cerveau mais soutient que cette analyse ne produirait pas l’image en elle-même. Elle ne ferait qu’informer point par point les constituants de l’aire rétinotopique du cortex visuel primaire, les colonnes corticales visuelles, qui induiraient seules la luminosité et la couleur de chaque point de l’image projeté dans l’espace. Des recherches déjà entreprises pourraient confirmer l’existence d’inductions électromagnétiques produisant à la fin d’un processus de modulation l’émergence réelle.
[size=24][size=24]L’hypothèse du cerveau aveugle[/size][/size]
« On voit avec le cerveau, pas avec les yeux. » Il y a des assertions censées exprimer des vérités de science qui claquent comme de limpides slogans et dont le contenu essentiel s’avère vite obscur. Celle que je viens de citer était claironnée il n’y a pas huit ans par la neuropsychologue Sylvie Chokron dans une vidéo de Youtube au titre benoitement interrogatif : « Voir avec les yeux… ou le cerveau ? » (1)Arrivée avec un damier d’Adelson et ses cases faussement sombres ou claires, la docte dame montre l’illusion, l’explique et en tire sur le champ une conclusion définitive : « L’œil va capter les rayons lumineux et cela de la manière la plus fidèle possible. Donc pas d’illusion à ce stade-là. Et puis, arrivé au nerf optique, le signal visuel qui était projeté sur la rétine va être totalement déconstruit. Il va être transformé en un signal électrique qui va transiter jusqu’au cerveau. Et, à partir de la sortie de l’œil, il n’existe plus d’image... Le cerveau va recevoir toutes les informations de taille, de couleur, d’orientation, de mouvement. Il va nous construire une image. Et ce que nous avons devant les yeux, c’est l’image que le cerveau a construit. Ce n’est pas une image que les yeux ont capté. »
On serait tenté de dire : « parfait ! » si on savait clairement ici quelle thèse était soutenue et quelle thèse était réfutée. Pour la thèse réfutée, disons tout de suite qu’on ne le sait pas. La formulation ; « on ne peut voir sans les yeux », si on ne tient pas compte du problème des images mentales ( 2), n’apparaît pas a priori discutable. La formulation : « on ne voit qu’avec les yeux » qui nous renvoie aux seuls organes sphériques contenus dans l’espace orbital et relié au corps par un cordon assimilé au nerf optique, formulation qui laisserait penser qu’un œil arraché continuerait à voir et à transmettre les images à notre conscience, apparaît au contraire d’une évidente absurdité...
En réalité, on comprend vite à écouter Sylvie Chokron que sa conception de la vision s’articule sur la théorie de l’espace de travail neuronal global élaboré par Jean-Pierre Changeux, Lionel Naccache et Stanislas Dehaene et particulièrement développée par ce dernier dans son ouvrage ; « Le code de la conscience » (3). En effet la pensée de Dehaene s’appuie la plupart du temps sur des expériences concernant la vision et finit par lier l’émergence de la conscience à la perception de l’image. Elle apparaît donc finalement comme une théorie de la vision montrant les sensations visuelles résultant de l’activité cybernétique du cerveau. Le « Code de la conscience » paraît ainsi développer à côté de son objet explicite une thèse qu’on pourrait appeler : « la thèse du cerveau voyant ». Exposer les grandes lignes de cette thèse sera l’objet de ma première partie. Montrer qu’elle débouche sur une impasse sera l’objet de la seconde. Dans une troisième partie, je présenterai ce que pourrait être « une hypothèse du cerveau aveugle » qui tiendrait compte compte de l’activité cybernétique des neurones mais sans lui donner un rôle générateur dans les impressions visuelles. Restera enfin à déterminer les voies de recherche qui pourraient donner un fondement sûr à cette dernière hypothèse.
I – La thèse du cerveau voyant.
- [size=18][size=18]L’œil « voit » très mal.[/size][/size]
[size=18][size=18]S’il existait une « perception rétinienne », c’est à dire directement liée à l’image que le cristallin projette sur la rétine, cette perception nous donnerait une image monstrueusement déformée du monde : « Ce serait d’ailleurs un bien étrange spectacle : un amas confus de points sombres ou lumineux, monstrueusement élargi en son centre (la fovéa), masqué en partie par des vaisseaux sanguins, troué d’une vaste « tache aveugle » à l’endroit où le nerf optique quitte la rétine... » (4) Dehaene ajoute plus loin que tout le pourtour de l’image, c’est à dire tout ce qui est en dehors de la fovéa ne serait perçu qu’en noir et blanc. L’éclairage de la scène visuelle ne serait nullement contrasté et entraînerait ainsi une confusion sur les sources de lumière comme en témoigne l’illusion du damier d’Adelson.. Toutes les autres illusions d’optiques qui sont en fait des biais pour rendre l’image plus réaliste à la conscience n’existeraient pas non plus comme le rappelait Sylvie Chokron. Donc la simple projection sur la rétine ne peut former l’objet que notre conscience perçoit.[/size][/size]
- Un délai entre le début d’analyse du stimulus et l’apparition de l’image à la conscience
Dehaene a construit une expérience lui permettant de suivre le stimulus visuel lié à l’image d’un mot que le patient devait découvrir. Il en a conclu que lorsque le message lié au stimulus atteignait le cortex visuel primaire, le mot n’était pas perçu. Pour qu’il le soit, il faut que ce qu’il appelle l’onde P3 parcoure l’espace cérébral quelque 300 millisecondes plus tard.
- Une prise de conscience de l’image liée à l’activité dans tout l’espace de travail neuronal.
[size=18][size=18]Le délai séparant l’arrivée du message dans l’aire primaire et la prise de conscience correspond à un temps de croissance de l’activité du cerveau. Cette activité se manifeste particulièrement par le parcours d’une onde électrique positive d’arrière en avant du cerveau, l’onde P100, cent millième de seconde après le stimulus, suivie d’une autre, négative celle-là, l’onde N170, soixante dix millième de seconde plus tard. Ensuite, encore cent millisecondes plus tard, une onde de grande amplitude parcourt les réseaux préfrontaux et pariéraux : l’onde P300. Cette onde s’accompagnerait d’une prise de conscience. Il existe cependant un certain flou chronologique sur lequel je reviendrai qui empêche de dater précisément l’arrivée dans le cortex visuel primaire d’une onde rétrograde P3b qui partirait du cortex prépariétal. [/size][/size]
[size=18][size=18]- Des modalités d’activité inédites de la matière cérébrale.[/size][/size]
Ces phénomènes électriques ondulatoires traduiraient pour Dehaene l’apparition d’une propriété particulière de l’activité cérébrale caractérisée par la spontanéité, l’ampleur et la rapidité de sa croissance, accompagnée d’une multitude de réactions en chaîne et assimilable à ce que les physiciens appellent une transition de phase dans l’évolution de la matière cosmique. Dehaene à son propos parle tour à tour d’embrasement cérébral et d’avalanche consciente.
[size=18][size=18]- De multiples analyses spécialisées opérant simultanément.[/size][/size]
[size=18][size=18]La diffusion de l’onde cérébrale d’arrière en avant du cerveau s’accompagne d’une transmission du message visuel reçu à de multiples aires d’analyse qui, chacune, se spécialise sur une propriété particulière de l’image. Dehaene évoque ainsi ces analyses démutipliées : « Dans le seul cortex visuel, on trouve des neurones qui répondent aux visages, aux mains, aux objets, à la perspective, aux formes, aux lignes, aux courbes, aux couleurs, à la troisième dimension... » (5) Chacune de ces analyses s’effectue dans des parties éloignées du cerveau qui sont reliées par des axones longs. L’ensemble de ces analyses en simultané aboutissant à une connaissance complète de la scène visuelle.[/size][/size]
[size=18][size=18]- Apparition de l’image au moment où se réalise l’intégration de tous les éléments d’analyse.[/size][/size]
De la perception d’une image constituée par la graphie d’un mot sur un écran, Dehaene passe à l’image d’un tableau comme celui de la Joconde. Il parle alors d’une « coalition de neurones »(6) qui aboutit à souder, intégrer les unes aux autres des données venues de divers processeurs aboutissant à un tout cohérent qui est l’image visuelle. « Lorsque nous contemplons la Joconde, notre conscience ne nous donne jamais à voir une sorte de Picasso éviscéré dont les mains, les yeux et le sourire magique tireraient à hue et et à dia. »(7) « Nous intégrons tous les fragments de la scène en un tout cohérent. »(8)« Mis en contact, les différents modules sensoriels peuvent s’accorder sur une interprétation unifiée et cohérente (« une séduisante italienne ») ».(9)
-Retour à l’aire primaire pour vérification
Cette interprétation « unifiée et cohérente » est renvoyée aux aires sensorielles d’origine . En l’occurrence, l’aire visuelle primaire . « En diffusant des messages globaux depuis le cortex préfrontal et les autres aires associatives supérieures en direction des régions sensorielles, les neurones pourvus d’axones longs créent les conditions nécessaires à l’émergence d’un état unifié de conscience, à la fois différentié et intégré »(10).. Cet état serait la phase finale d’un « dialogue » intercérébral qui se poursuit « jusqu’à ce que le moindre recoin de l’image ait été expliqué. »(11)
Dans son ouvrage : « Le code de la conscience », Stanislas Dehaene qui précise pour l’essentiel la théorie de l’espace de travail neuronal global évoque en parallèle ce qu’on pourrait appeler la « thèse du cerveau voyant ». Selon cette thèse, la conscience de l’image visuelle apparaîtrait comme un phénomène émergeant à partir des diverses analyses des messages provenant du nerf optique par des processeurs répandus dans l’espace du cerveau. C’est l’intégration cybernétique de toutes ces analyses qui produirait cette conscience. Cependant cette thèse ne repose pas sur une définition satisfaisante de l’image en tant que sensation visuelle et l’intégration qu’elle nécessite n’apparaît pas avoir un effet sensible concevable. La thèse du « cerveau aveugle » oblige au contraire à partir d’une définition rigoureuse de l’image visuelle, constituée de points-images coexistant dans l’espace. Elle tient compte de l’analyse algorithmique effectuée par le cerveau mais soutient que cette analyse ne produirait pas l’image en elle-même. Elle ne ferait qu’informer point par point les constituants de l’aire rétinotopique du cortex visuel primaire, les colonnes corticales visuelles, qui induiraient seules la luminosité et la couleur de chaque point de l’image projeté dans l’espace. Des recherches déjà entreprises pourraient confirmer l’existence d’inductions électromagnétiques produisant à la fin d’un processus de modulation l’émergence réelle.
[size=24][size=24]L’hypothèse du cerveau aveugle[/size][/size]
« On voit avec le cerveau, pas avec les yeux. » Il y a des assertions censées exprimer des vérités de science qui claquent comme de limpides slogans et dont le contenu essentiel s’avère vite obscur. Celle que je viens de citer était claironnée il n’y a pas huit ans par la neuropsychologue Sylvie Chokron dans une vidéo de Youtube au titre benoitement interrogatif : « Voir avec les yeux… ou le cerveau ? » (1)Arrivée avec un damier d’Adelson et ses cases faussement sombres ou claires, la docte dame montre l’illusion, l’explique et en tire sur le champ une conclusion définitive : « L’œil va capter les rayons lumineux et cela de la manière la plus fidèle possible. Donc pas d’illusion à ce stade-là. Et puis, arrivé au nerf optique, le signal visuel qui était projeté sur la rétine va être totalement déconstruit. Il va être transformé en un signal électrique qui va transiter jusqu’au cerveau. Et, à partir de la sortie de l’œil, il n’existe plus d’image... Le cerveau va recevoir toutes les informations de taille, de couleur, d’orientation, de mouvement. Il va nous construire une image. Et ce que nous avons devant les yeux, c’est l’image que le cerveau a construit. Ce n’est pas une image que les yeux ont capté. »
On serait tenté de dire : « parfait ! » si on savait clairement ici quelle thèse était soutenue et quelle thèse était réfutée. Pour la thèse réfutée, disons tout de suite qu’on ne le sait pas. La formulation ; « on ne peut voir sans les yeux », si on ne tient pas compte du problème des images mentales ( 2), n’apparaît pas a priori discutable. La formulation : « on ne voit qu’avec les yeux » qui nous renvoie aux seuls organes sphériques contenus dans l’espace orbital et relié au corps par un cordon assimilé au nerf optique, formulation qui laisserait penser qu’un œil arraché continuerait à voir et à transmettre les images à notre conscience, apparaît au contraire d’une évidente absurdité...
En réalité, on comprend vite à écouter Sylvie Chokron que sa conception de la vision s’articule sur la théorie de l’espace de travail neuronal global élaboré par Jean-Pierre Changeux, Lionel Naccache et Stanislas Dehaene et particulièrement développée par ce dernier dans son ouvrage ; « Le code de la conscience » (3). En effet la pensée de Dehaene s’appuie la plupart du temps sur des expériences concernant la vision et finit par lier l’émergence de la conscience à la perception de l’image. Elle apparaît donc finalement comme une théorie de la vision montrant les sensations visuelles résultant de l’activité cybernétique du cerveau. Le « Code de la conscience » paraît ainsi développer à côté de son objet explicite une thèse qu’on pourrait appeler : « la thèse du cerveau voyant ». Exposer les grandes lignes de cette thèse sera l’objet de ma première partie. Montrer qu’elle débouche sur une impasse sera l’objet de la seconde. Dans une troisième partie, je présenterai ce que pourrait être « une hypothèse du cerveau aveugle » qui tiendrait compte compte de l’activité cybernétique des neurones mais sans lui donner un rôle générateur dans les impressions visuelles. Restera enfin à déterminer les voies de recherche qui pourraient donner un fondement sûr à cette dernière hypothèse.
I – La thèse du cerveau voyant.
- [size=18][size=18]L’œil « voit » très mal.[/size][/size]
[size=18][size=18]S’il existait une « perception rétinienne », c’est à dire directement liée à l’image que le cristallin projette sur la rétine, cette perception nous donnerait une image monstrueusement déformée du monde : « Ce serait d’ailleurs un bien étrange spectacle : un amas confus de points sombres ou lumineux, monstrueusement élargi en son centre (la fovéa), masqué en partie par des vaisseaux sanguins, troué d’une vaste « tache aveugle » à l’endroit où le nerf optique quitte la rétine... » (4) Dehaene ajoute plus loin que tout le pourtour de l’image, c’est à dire tout ce qui est en dehors de la fovéa ne serait perçu qu’en noir et blanc. L’éclairage de la scène visuelle ne serait nullement contrasté et entraînerait ainsi une confusion sur les sources de lumière comme en témoigne l’illusion du damier d’Adelson.. Toutes les autres illusions d’optiques qui sont en fait des biais pour rendre l’image plus réaliste à la conscience n’existeraient pas non plus comme le rappelait Sylvie Chokron. Donc la simple projection sur la rétine ne peut former l’objet que notre conscience perçoit.[/size][/size]
- Un délai entre le début d’analyse du stimulus et l’apparition de l’image à la conscience
Dehaene a construit une expérience lui permettant de suivre le stimulus visuel lié à l’image d’un mot que le patient devait découvrir. Il en a conclu que lorsque le message lié au stimulus atteignait le cortex visuel primaire, le mot n’était pas perçu. Pour qu’il le soit, il faut que ce qu’il appelle l’onde P3 parcoure l’espace cérébral quelque 300 millisecondes plus tard.
- Une prise de conscience de l’image liée à l’activité dans tout l’espace de travail neuronal.
[size=18][size=18]Le délai séparant l’arrivée du message dans l’aire primaire et la prise de conscience correspond à un temps de croissance de l’activité du cerveau. Cette activité se manifeste particulièrement par le parcours d’une onde électrique positive d’arrière en avant du cerveau, l’onde P100, cent millième de seconde après le stimulus, suivie d’une autre, négative celle-là, l’onde N170, soixante dix millième de seconde plus tard. Ensuite, encore cent millisecondes plus tard, une onde de grande amplitude parcourt les réseaux préfrontaux et pariéraux : l’onde P300. Cette onde s’accompagnerait d’une prise de conscience. Il existe cependant un certain flou chronologique sur lequel je reviendrai qui empêche de dater précisément l’arrivée dans le cortex visuel primaire d’une onde rétrograde P3b qui partirait du cortex prépariétal. [/size][/size]
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Ces phénomènes électriques ondulatoires traduiraient pour Dehaene l’apparition d’une propriété particulière de l’activité cérébrale caractérisée par la spontanéité, l’ampleur et la rapidité de sa croissance, accompagnée d’une multitude de réactions en chaîne et assimilable à ce que les physiciens appellent une transition de phase dans l’évolution de la matière cosmique. Dehaene à son propos parle tour à tour d’embrasement cérébral et d’avalanche consciente.
[size=18][size=18]- De multiples analyses spécialisées opérant simultanément.[/size][/size]
[size=18][size=18]La diffusion de l’onde cérébrale d’arrière en avant du cerveau s’accompagne d’une transmission du message visuel reçu à de multiples aires d’analyse qui, chacune, se spécialise sur une propriété particulière de l’image. Dehaene évoque ainsi ces analyses démutipliées : « Dans le seul cortex visuel, on trouve des neurones qui répondent aux visages, aux mains, aux objets, à la perspective, aux formes, aux lignes, aux courbes, aux couleurs, à la troisième dimension... » (5) Chacune de ces analyses s’effectue dans des parties éloignées du cerveau qui sont reliées par des axones longs. L’ensemble de ces analyses en simultané aboutissant à une connaissance complète de la scène visuelle.[/size][/size]
[size=18][size=18]- Apparition de l’image au moment où se réalise l’intégration de tous les éléments d’analyse.[/size][/size]
De la perception d’une image constituée par la graphie d’un mot sur un écran, Dehaene passe à l’image d’un tableau comme celui de la Joconde. Il parle alors d’une « coalition de neurones »(6) qui aboutit à souder, intégrer les unes aux autres des données venues de divers processeurs aboutissant à un tout cohérent qui est l’image visuelle. « Lorsque nous contemplons la Joconde, notre conscience ne nous donne jamais à voir une sorte de Picasso éviscéré dont les mains, les yeux et le sourire magique tireraient à hue et et à dia. »(7) « Nous intégrons tous les fragments de la scène en un tout cohérent. »(8)« Mis en contact, les différents modules sensoriels peuvent s’accorder sur une interprétation unifiée et cohérente (« une séduisante italienne ») ».(9)
-Retour à l’aire primaire pour vérification
Cette interprétation « unifiée et cohérente » est renvoyée aux aires sensorielles d’origine . En l’occurrence, l’aire visuelle primaire . « En diffusant des messages globaux depuis le cortex préfrontal et les autres aires associatives supérieures en direction des régions sensorielles, les neurones pourvus d’axones longs créent les conditions nécessaires à l’émergence d’un état unifié de conscience, à la fois différentié et intégré »(10).. Cet état serait la phase finale d’un « dialogue » intercérébral qui se poursuit « jusqu’à ce que le moindre recoin de l’image ait été expliqué. »(11)