Le regretté Marc Sautet proposait de traduire Wille zur Macht par "Volonté de pouvoir". Rien selon lui ne s'y opposait. Citons Nietzsche lui-même dans Par-delà Bien et Mal, un ouvrage qui a été publié par son auteur et qu'on ne peut soupçonner de falsification fraternelle ou nazie :
Eloquent, n'est-ce pas ? On pourrait aussi reprendre par le menu les deux premières dissertations de la Généalogie de la morale, où Nietzsche relit l'histoire humaine comme une lutte entre forts et faibles pour la domination des uns par les autres ou inversement, les faibles ayant le nombre pour eux.
Et puis, comme le rappelle encore Marc Sautet, qu'est-ce que la puissance sans ce qu'elle peut ? Justement, c'est là une des thèses essentielles de Nietzsche, sinon sa thèse principale. La force qui ne se déploie pas se retourne contre celui qui la possède. Détenir la puissance, la faire grandir en soi sans jamais l'exploiter — de peur de faire du mal aux autres, non pardon, parce que ce ne serait pas noble — serait une aberration dans la philosophie nietzschéenne. Pourtant, c'est ce qu'un nietzschéisme dit "de gauche" a essayé de faire croire depuis le colloque de Royaumont où on tenta de réhabiliter le Nietzsche "inspirateur des Nazis".
Il est plus que temps, aujourd'hui que Nietzsche est lavé de tout soupçon d'influence à l'égard de la barbarie nazie, de rétablir le sens de sa fameuse formule, qui est en réalité d'une grande banalité. Quel être vivant ne tente pas d'en dominer d'autres ? Nous grandissons comme cela, quand nous mangeons et assimilons nos aliments. Même la séduction amoureuse est un rapport de dominé à dominant. Gardons-nous par ailleurs de penser que cette domination soit autre chose que temporaire. Pour Nietzsche, le monde est une mer de forces qui ne se calme jamais. Et à y regarder de plus près, nous trouverons chez Schopenhauer une Volonté bien plus terrible que la volonté nietzschéenne, car malgré son nom combatif, celle-ci se divise en d'innombrables corps qui sont autant d'espoirs pour les êtres qu'elle habite, bien qu'ils soient promis à un combat inévitable. Le pessimiste de Francfort, lui, en faisait une substance unique (d'où notre "v" majuscule), l'équivalent d'un dieu tout-puissant, dévorant sans pitié ses créatures pour son propre spectacle, que le philosophe appelait cyniquement... la vie.
Avez-vous des objections sur la nouvelle traduction française de Wille zur Macht par "Volonté de pouvoir" ou doit-on la considérer désormais comme définitive, ce que tout laisse à penser ?
§ 259 a écrit:La vie est essentiellement appropriation, agression, assujettissement de ce qui est étranger et plus faible, oppression, dureté, imposition de ses propres formes, incorporation et exploitation.
Eloquent, n'est-ce pas ? On pourrait aussi reprendre par le menu les deux premières dissertations de la Généalogie de la morale, où Nietzsche relit l'histoire humaine comme une lutte entre forts et faibles pour la domination des uns par les autres ou inversement, les faibles ayant le nombre pour eux.
Et puis, comme le rappelle encore Marc Sautet, qu'est-ce que la puissance sans ce qu'elle peut ? Justement, c'est là une des thèses essentielles de Nietzsche, sinon sa thèse principale. La force qui ne se déploie pas se retourne contre celui qui la possède. Détenir la puissance, la faire grandir en soi sans jamais l'exploiter — de peur de faire du mal aux autres, non pardon, parce que ce ne serait pas noble — serait une aberration dans la philosophie nietzschéenne. Pourtant, c'est ce qu'un nietzschéisme dit "de gauche" a essayé de faire croire depuis le colloque de Royaumont où on tenta de réhabiliter le Nietzsche "inspirateur des Nazis".
Il est plus que temps, aujourd'hui que Nietzsche est lavé de tout soupçon d'influence à l'égard de la barbarie nazie, de rétablir le sens de sa fameuse formule, qui est en réalité d'une grande banalité. Quel être vivant ne tente pas d'en dominer d'autres ? Nous grandissons comme cela, quand nous mangeons et assimilons nos aliments. Même la séduction amoureuse est un rapport de dominé à dominant. Gardons-nous par ailleurs de penser que cette domination soit autre chose que temporaire. Pour Nietzsche, le monde est une mer de forces qui ne se calme jamais. Et à y regarder de plus près, nous trouverons chez Schopenhauer une Volonté bien plus terrible que la volonté nietzschéenne, car malgré son nom combatif, celle-ci se divise en d'innombrables corps qui sont autant d'espoirs pour les êtres qu'elle habite, bien qu'ils soient promis à un combat inévitable. Le pessimiste de Francfort, lui, en faisait une substance unique (d'où notre "v" majuscule), l'équivalent d'un dieu tout-puissant, dévorant sans pitié ses créatures pour son propre spectacle, que le philosophe appelait cyniquement... la vie.
Avez-vous des objections sur la nouvelle traduction française de Wille zur Macht par "Volonté de pouvoir" ou doit-on la considérer désormais comme définitive, ce que tout laisse à penser ?