jean ghislain a écrit: Les gens attendent de la justice qu'elle les venge, la plupart du temps, sans quoi, ils ne font pas de beaux rêves... Après on peut toujours faire la différence entre la justice et la vengeance, mais je pense que dans l'esprit de la multitude cela revient au même.
Mais c'est le but ! La justice (celle des tribunaux) est d'équilibrer une faute par une peine, ou, ce qui revient au même, de mettre à égalité coupable et victime par l'intermédiaire d'une peine équivalant à la somme de souffrances de la victime. Jeudi soir je regardais
Envoyé spécial, une personne a eu sa maison cambriolée et sa voiture incendiée, le coupable (qui avait avoué) a eu un an et demi de prison ferme, la victime trouvait cette peine insuffisante ("ça n'équivaut pas à la souffrance ressentie" a-t-elle dit à peu près). Les gens ont une idée de la justice qui correspond à ce pour quoi elle est faite. Ensuite, et je répondrai ainsi à votre seconde idée, le juge a une vision plus positive de la peine. Ainsi, il a estimé que le coupable avait recherché du travail, donc qu'il avait la volonté de se réinsérer, etc. L'avocat avait plaidé dans ce sens. Tout le monde sait ce qu'il a à dire dans ces circonstances. Il est en effet établi dans notre vision de la société que la justice ne sert pas seulement à venger la victime de façon modérée et conforme à notre vision démocratique de la société.
L'idée qu'on pourrait punir sans être trop injuste et cela afin d'améliorer un individu est illusoire... quand on a passé l'age de 10 ans, après on devient incorrigible, enfin je crois.
Eh bien non, justement. Car dans l'esprit de la victime, et chose plus étonnante, de la masse, qui décide ainsi quand elle passe dans le box des jurés, la peine est vue comme une injustice si elle est uniquement décidée dans un esprit de compensation pour les torts subis. Le justiciable, qui se trouve alors dans une situation de faiblesse, paraît moins coupable. La société s'étant prouvée à elle-même qu'elle avait la supériorité sur celui qui a voulu déranger son ordre, devient plus compatissante. Quant à la réinsertion, elle est possible surtout si l'éducation basée sur la mauvaise conscience, dont je parlais plus haut, et qui a été faite pour répondre à ce genre de situation, a été bien réalisée. Inutile de préciser que dans ce système, l'individu et ses virtualités sont broyés dès la naissance, ce que déplorait Nietzsche.