Liber a écrit:Si vous souhaitez occulter l'aspect politique de la conclusion de cet exposé, en effet ce n'était pas le fond du problème. Mais effectivement, l'exposé (durée au moins 1h30 je crois bien) consacrait un court passage sur la position de Kant sur ces questions, passage sur lequel je ne me suis pas attardé dans mon court résumé compte tenu que je m'en suis tenu à l'essentiel du raisonnement.Janus a écrit:je n'ai fait que résumer les termes de l'exposé en expliquant comment le conférencier concluait que la Justice actuelle était fondée sur la vengeance... pour étayer sa plaidoirie en vue de "ne pas infliger de souffrance aux coupables", autrement dit encore plus de laxisme envers les criminels.
D'abord, même remarque qu'envers Vicaire. Je vais être plus clair qu'hier, je vous prie d'éviter les propos de café du commerce en dehors de la section bavardage, autrement vous irez discuter sur un autre forum. Il n'y aura pas d'autre avertissement, puisque vous n'aimez pas le laxisme. Tolérance zéro. :D
Maintenant, revenons à la philosophie si vous le voulez bien. Elle évoque Kant sur la loi du talion (c'est une des rares personnes à l'avoir lu sur ce thème de la peine de mort, la plupart des gens croient en effet que Kant était contre la peine de mort), loi du talion dont il était le défenseur, et l'oppose à Platon, qui lui récusait cette loi, tout comme Nietzsche, mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Il est clair pourtant que la loi du talion est un progrès, car elle modère la vengeance. Donc, pourquoi s'arrêter sur cette voie du progrès ? Pourquoi continuer à chercher une équivalence entre le crime et sa punition ? Il y a déjà là un problème de logique. Ensuite, il serait normal de se demander pourquoi, en bon philosophe, cherche-t-on une équivalence ? Pourquoi instaurer un rapport d'égalité entre un crime et sa punition ? Dans quel but ? De faire peur ? La question ne se pose même pas, la loi du talion n'a jamais eu pour but de dissuader les criminels. Kant a essayé de justifier par la morale ce qui n'était que modération des ardeurs à la vengeance d'un peuple.
Sur ce point, j'avais noté : "chez Kant la seule justice possible c'est punir, non pas pour faire le bien de la société, ni celui du coupable, mais punir uniquement car un crime a été commis et qu'il y a eu transgression à la loi qui l'interdit" : ce raisonnement s'il reflète bien celui de Kant (je n'ai pas vérifié) me semble tout à fait correspondre au reste de sa philosophie de la Raison (Raison pure - raison pratique - impératif catégorique qui se résume par une obéissance à un principe "universel" volontairement adopté, fondement de sa conception de la Liberté). Il se trouve que cette conception de la liberté est aussi la mienne, donc je n'ai rien à objecter sur ce point très théorique.
Pour le reste, je ne crois pas que l'on puisse affirmer que la Justice moderne telle qu'elle se pratique dans nos pays démocratiques, se résume à une simple "loi du Talion" , car même si la gravité de l'infraction (classée crime, délit, contravention...) est le critère principal pour doser la peine. Le juge moderne tient largement compte des circonstances (aggravantes ou atténuantes) en considération de la personnalité de l'auteur, de même qu'est appliquée la "présomption d'innocence". La règle "oeil pour oeil, dent pour dent" est largement dépassée dans le Droit moderne, auteurs comme victimes étant considérés en fonction de leurs personnalités et ayant notamment de larges droits à la Défense, ce qui aboutit à des peines très personnalisées.
Quant à prétendre que le principe du "respect de la Loi" s'assimile à de la vengeance (lorsque vous dites par exemple "Kant a essayé de justifier par la morale ce qui n'était que modération des ardeurs à la vengeance d'un peuple") je ne vois pas comment un tel raisonnement pourrait se soutenir, la vengeance étant un acte purement personnel, sans rapport aucun avec une quelconque Loi, ni une Justice organisée. D'ailleurs je n'ai pas relevé que l'auteur de l'exposé ait tenu ce raisonnement. Elle s'est appuyée sur une oeuvre artistique de l'époque napoléonienne (tableau qui est d'ailleurs montré) lui-même fondé sur la mythologie (2 figures ailées, où la "vengeance divine" est allégoriquement représentée aux côtés de la "justice") pour fonder son argumentation, ce qui me semble "philosophiquement" léger.