Liber a écrit: Eh bien si, Mélenchon a été le seul à critiquer l'austérité. Voyant que ça marchait, Hollande lui a emboîté le pas. Aucun parti politique n'avait osé critiquer Mme Merkel jusqu'à ce que vienne J-L Mélenchon. Qui aurait cru que Rajoy et Monti allaient s'opposer à Merkel il y a encore quelques mois, pendant la campagne ? Les choses vont vite, car la situation économique se détériore rapidement. Je dois dire que seul Mélenchon et Syriza, le FDG grec, avaient vu l'inconvénient de cette option politique, ainsi que quelques économistes, pas spécialement de gauche du reste, comme Christian Saint Etienne que j'ai vu à de nombreuses reprises à C dans l'air. Mettre les banques sous tutelle, quand Montebourg avait dit ça, tout le monde à droite lui avait ri au nez, et pourtant l'UE vient de décider d'envoyer une troïka à Madrid pour superviser le renflouement des banques espagnoles. Moi je ne suis ni de droite ni de gauche, mais je cherche ce qui est vrai, ce qui marche et ce qui ne marche pas, qui que ce soit qui le dise. Je ne suis pas prisonnier d'une idéologie, qu'elle soit socialiste, libérale, nationaliste, communiste, etc.
Vous parlez de politique économique, pas de politique.
Silentio a écrit: Mais il est clair que nos candidats n'ont pas, par exemple, l'éloquence et les idées d'un Victor Hugo, ni même n'approchent d'un pas d'un Bossuet en ce qui concerne les gens beaucoup plus à droite.
Bossuet n'était pas un parlementaire. Il a eu une influence certaine sur les parlementaires du XVIIIe siècle. Quant à Victor Hugo, il n'a pas que des titres de gloire. Ça pue la rhétorique, c'est d'un pédantisme qui n'amuse que les collégiens des écoles de la IIIe république.
Silentio a écrit: Je ne demande pas que l'on perde notre vitalité et notre passion au profit du flegme anglais, on s'ennuierait, mais la probité et la rigueur intellectuelle manquent. Les débats ne sont plus que des joutes entre des noms d'oiseaux, des caricatures et des salves de chiffres et d'explications techniques pour nous endormir.
Ne confondez pas les pseudo débats télévisés, formatés par et pour la télévision, et les débats parlementaires, lesquels sont aujourd'hui souvent exclusivement techniques et ne reposent que sur de vagues idées. Mais d'une manière générale, vous êtes nombreux à ne pas lire les débats parlementaires depuis qu'ils existent, français et européens ; et ça se voit. Ils ont toujours été animés, on s'est toujours foutu sur la gueule, et on s'est toujours envoyé des noms d'oiseaux, avec plus ou moins d'humour. La plupart des débats qu'on entendait, déjà en 1789, étaient techniques et ennuyeux à mourir, et beaucoup de parlementaires ne se gênaient pas pour le signifier de manière peu élégante. Ça manquait singulièrement de discipline. En Angleterre, de même. Mais, au milieu de la masse des parlementaires, vous avez toujours quelques dizaines de bons ou de grands orateurs, qui ne sont pas seulement des orateurs, mais des penseurs politiques. Les débats parlementaires, ce sont et ça reste la meilleure école politique. Aussi faut-il commencer par le commencement.
Par ailleurs, si vous lisez un peu ce qui se dit aujourd'hui, aussi bien en Espagne qu'en Angleterre ou ailleurs, vous verrez que les débats sont souvent de grande valeur. Quelqu'un veut-il comprendre quelque chose à la politique, qu'il éteigne sa télévision et qu'il ne lise que la presse qualifiée qui retranscrit les discours et qui se contente de les expliquer ou de les résumer, pas de les commenter comme le font toutes les mégères.
Liber a écrit: déjà De Gaulle c'était pas terrible
De Gaulle a pour lui d'avoir rencontré l'histoire, d'avoir été un homme d'action. A ce titre, c'est un vrai penseur. On ne lui demande pas d'avoir été un littérateur ou un écrivain mais, comme tous les hommes d'action, il a pensé, et sa pensée vaut la peine en ceci que, comme toute pensée véritable, elle est une pensée du réel, puisque l'homme fut un homme d'action.
Aristippe de Cyrène a écrit: Du reste, les hommes politiques français me paraissent en général être assez cultivés, en comparaison des hommes politiques d'autres pays par exemple...
Les hommes politiques du reste de l'Europe n'ont rien à envier à leurs homologues français !
Silentio a écrit: Ainsi, Fabius ou Peillon. Le premier a écrit récemment un livre sur la peinture tandis que l'autre a publié sur Merleau-Ponty.
Tous écrivent à un moment ou à un autre : ils savent qu'ils seront publiés, contrairement aux anonymes... Bayrou et Henri IV ; Juppé et Montesquieu ; etc. On n'en finirait plus de compter les mauvais livres publiés par les uns et les autres. Ça fait genre. A la télévision seulement. Dans les cénacles où l'on se sustente de nourritures spirituelles, ça ne fait pas genre.
JimmyB a écrit: Peillon est agrégé de philo je crois également.
Héraclite a écrit: Vincent Peillon est agrégé de philosophie, oui, ouf, et tout le monde le sait, on le clame haut et fort sans arrêt, tellement c'est chose rare maintenant parmi les hommes politiques...
Périclès n'était pas agrégé. Ça se voit.
Héraclite a écrit: En revanche, je ne crois pas du tout que les hommes politiques actuels soient aussi cultivés que ceux des générations précédentes. Loin de là. Loin, loin, loin...
Vous êtes nombreux à relayer ce genre d'affirmations lapidaires que rien ne justifie. Rocard, qui avait de quoi en remontrer, tout le monde se foutait de sa gueule, les gens sérieux compris, au seul motif que ses discours étaient complexes. Il faut savoir ce qu'on veut. Que ferait un Mirabeau aujourd'hui ? Il n'aurait rien à dire. Et il n'aurait rien à dire parce que les gens ne veulent plus de discours. Ils ne veulent plus de discours parce qu'ils ne veulent pas d'action politique. Ils veulent de la gestion, ils veulent être administrés, mais administrés comme un enfant par une mère au foyer. Bref, ils veulent court-circuiter le seul moyen pour eux de vivre : ensemble, en société.
Héraclite a écrit: Sans être excessif et sans vouloir prétendre qu'ils sont des ignorants, il me semble que leurs références ne sont pas les mêmes, sont bien plus rares et de moindre qualité. Et leurs discours, leurs comportements, montrent souvent que la dite culture n'a pas eu un impact profond, humainement et philosophiquement parlant. Ils leur manquent un je-ne-sais-quoi, une aura, une classe, une profondeur de coeur et d'esprit...
On n'a jamais que les hommes politiques qu'on mérite. On ne veut pas des hommes charismatiques, mais des gens qui nous ressemblent, comme dans l'industrie du disque, du cinéma et de la télévision.
Héraclite a écrit: Michel Onfray, que je n'apprécie pas beaucoup, mais c'est un autre débat, a rapporté ses entretiens avec l'ancien président, et le résultat est affligeant. Onfray a parlé d'indigence culturelle quand même, et qu'il était stupéfait et inquiet qu'une telle personne puisse prendre le pouvoir. Nicolas Sarkozy lui aurait même dit que la fameuse devise "connais-toi toi-même", pourtant essentielle, ne voulait rien dire, que c'était une faribole ridicule et inutile...
Ça ne plaide pas en faveur d'Onfray, qui ne connaît pas Sarkozy et qui se donne le droit de le juger sur une conversation de quelques minutes, et qui, surtout, l'avait déjà jugé avant même de "discuter" avec lui... Consternant.
Aristippe de cyrène a écrit: Mais peut-être faudrait-il se demander en quoi un homme politique doit être cultivé. Je trouve ça étrange d'ériger la culture en critère pour un politique. Alors quoi ? Si un homme politique n'est pas agrégé de littérature, d'histoire et de philosophie, c'est qu'il n'est pas apte à gouverner ? Je ne pense pas. La politique est un exercice. Je ne vois pas en quoi avoir une connaissance parfaite de l’œuvre de Proust fera de lui un meilleur homme politique.
Et puis est-il besoin de rappeler les grand-messes culturelles du parti nazi et la légendaire culture de certains SS à l'œuvre... qui écoutant Mozart, qui lisant ceci ou cela.
Héraclite a écrit: De Gaulle, Malraux, François Mitterrand, parmi tant d'autres, ont quand même il me semble une autre histoire, une autre stature et une autre crédibilité culturelle, humaine et politique que Frédéric Mitterrand, Sarkozy et consorts.
François Mitterand a lu des livres, oui. Comme des millions d'hommes avant lui. Le reste, c'est du flan. Question Q.I., il était loin, très loin derrière Giscard, qui lisait tout autant, mais qui n'avait pas besoin de caméras de télévision ou de scribes attitrés pour le faire savoir.
Malraux a écrit: Malraux était un grand écrivain, ses romans ne sont pas des journaux personnels, mais de vraies inventions.
Malraux est un écrivain secondaire, qui a joui et jouit encore du blanc-seing usurpé que lui a donné son mythe d'homme de la résistance.