Aristippe de cyrène a écrit: Mais si j'ai bien compris ce que vous dites là, il faut oublier ce qui s'est fait en vue de la morale, oublier ce qui est la manifestation de celle-ci ?
Il faut retourner à l'état animal pour ce qui est de la force de l'oubli, mais en conservant la capacité de l'homme à prévoir l'avenir. Dans
l'Inactuelle que vous citez, il y a un passage où Nietzsche décrit l'homme en proie à la nostalgie de ne plus pouvoir oublier comme le fait l'animal. Ce texte est à relier au premier paragraphe de la dissertation II de la
Généalogie. Vous pouvez au passage voir l'évolution considérable de la pensée de Nietzsche, notamment après la venue du Surhomme et de Dionysos (période du
Gai Savoir et de
Zarathoustra).
Silentio a écrit: ll s'agit d'oublier pour oublier la culpabilité et la tradition chrétienne, afin de s'en libérer et de libérer notre agir en vue de nouveaux commencements. Il y a aussi cette idée que l'homme doit d'abord décliner pour retrouver ses instincts animaux et viser ensuite le surhumain comme dépassement de soi et du ressentiment, de la faiblesse et de l'impuissance (à agir, à vivre, à créer) chrétiens.
Le processus dont parle Nietzsche remonte bien avant le christianisme, au moment où dans la bête humaine, qui n'est encore qu'un animal ayant à peine appris à se relever, se crée une conscience, qui va devenir mauvaise conscience (voir
Généalogie, dissertation II, le passage sur le jeu de dés d'Héraclite). L'homme, après avoir appris à promettre (ici Nietzsche dit : "élever un animal capable de faire des promesses", la nature a été l'artisan de cet apprentissage, c'est-à-dire de la morale, voir aussi
Aurore, le livre qui décrit l'importance des mœurs dans la vie des hommes du passé), doit se libérer de cette morale. Tout est expliqué dans les deux textes que j'ai donnés à lire à Aristippe.