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Trop de liberté ?

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Silentio
Euterpe
Collegienmv
7 participants

descriptionTrop de liberté ? EmptyTrop de liberté ?

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La liberté est bien sûr le bien de tous, comme nous le montre le printemps arabe, mais aux USA il y en a peut-être trop, comme l'histoire de l'homme qui a voulu brûler le livre religieux pour la fête nationale.
Tout d'abord, la liberté pour tous est obligatoire ; libre de penser, de s'exprimer... Telles sont les bases de notre société. Mais, le surplus de liberté n'est-il pas un inconvénient ? car il faut des limites à toutes choses ; si nos libertés personnelles dérangent le profit ou le bien d'autrui, n'est-ce pas un déficit de ce merveilleux principe ? Alors que la liberté permet l'expression d'opinions opposées, cela crée-t-il des conflits ?

Par ailleurs, cela n'entraîne-t-il pas une surenchère énorme ?

Donc la liberté est une valeur suprême mais dont il faut se méfier, c'est une source de conflits, autant pour la (re)conquérir que pour les opinions qu'elle permet d'exprimer. Mais elle est vague, alors qu'est-ce que la pure, la vraie liberté ? Je dis "pure", "vraie",  je ne parle pas de la liberté des médias, encore moins des réseaux sociaux, largement utilisés.

Enfin, y a-t-il des devoirs parallèles à cette liberté, mais surtout une éthique pour l'utiliser ? Je vous demande donc si ce principe n'est pas d'une manière ou d'une autre mauvais, sauf à l'encadrer ?

descriptionTrop de liberté ? EmptyRe: Trop de liberté ?

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Collegienmv a écrit:
Mais, le surplus de liberté n'est-il pas un inconvénient ? car il faut des limites à toutes choses

Les hommes des années 1789-1848 avaient un mot qu'on n'emploie guère aujourd'hui, parce qu'on a le confort de vivre en des temps moins troublés autour de nos chaumières : la licence. La licence, c'est la liberté quand elle devient excessive, quand elle sort de son lit, quand elle déborde, quand elle est déraisonnable. Autrement dit, elle se confond alors avec les conséquences qu'elle provoque : l'anarchie, la guerre civile.

Au moment de rédiger la DDHC, en août 1789, on a mis l'accent sur les droits (quoique la Déclaration fasse mention des devoirs, mais à peine). Pour la rédaction de la Constitution de l'an III (1795), qui était déjà la 3e Constitution (!) en 6 ans (la 2e meurt avec la Convention, et ne fut jamais appliquée : on la trouvait trop démocratique et sociale, à un moment où les premiers élans démocratiques s'étaient déchaînés dans la fureur), avec la Constitution de l'an III donc, qui ouvre le Directoire, on a cru bon de parler des devoirs autant que des droits, de rappeler que ceux-ci sont impossibles sans ceux-là, qu'il y a implication réciproque. Ça n'a pas eu le succès escompté, ce qui n'a rien d'étonnant...

Collegienmv a écrit:
Alors que la liberté permet l'expression d'opinions opposées, cela crée-t-il des conflits ?

Oui cela crée des conflits, nécessairement. Mais les théoriciens contemporains de la démocratie, forts de l'expérience historique, ne manquent pas de rappeler que la démocratie consiste à instituer les conflits, autrement dit à imaginer des institutions faites pour les réguler, en leur donnant la possibilité de s'exprimer (cf. Jean Baechler, par exemple).

Collegienmv a écrit:
qu'est-ce que la pure, la vraie liberté ? Je dis "pure", "vraie", je ne parle pas de la liberté des médias, encore moins des réseaux sociaux, largement utilisés.

Qu'entendez-vous par liberté pure ? En tant que puissance physique, la liberté pure n'existe pas : vous n'êtes pas libre de vous rendre sur Mars prendre un bain de soleil, ni sur Pluton pour vous rafraîchir ; en tant que puissance morale, autrement dit en fonction des liens sociaux qui vous attachent nécessairement à autrui, être libre c'est pouvoir trucider ma concierge quand elle ne m'apporte pas mon courrier avec la célérité désirée, etc. Voyez comme on se retrouve dans le grand n'importe quoi. La liberté implique aussi et surtout de proportionner ce qu'on veut à ce qu'on peut et à ce qu'on doit. D'où, comme vous le suggérez vous-même, la nécessité d'encadrer la liberté, autrement dit de lui ménager les conditions de son exercice. A cette condition, on peut parler de liberté réelle (pas infinie ou indéfinie).

@Ronin,
qu'entendez-vous par philosophie de terrain, ça m'intéresse ?...

Dernière édition par Euterpe le Ven 29 Juil 2016 - 16:30, édité 1 fois

descriptionTrop de liberté ? EmptyRe: Trop de liberté ?

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Comme l'a dit Euterpe, la liberté c'est à la fois des droits et des devoirs. Ce sont deux conditions de la liberté. Ne nous faites donc pas le coup de l'autoritarisme. Si nous n'étions pas là pour rappeler chacun à son devoir il n'y aurait que des revendications de droits. Or cette liberté-là, que chacun s'autorise, comporte en elle-même un risque de démesure, notamment du fait qu'elle ne reconnaît comme autorité et limite que la volonté de son auteur. Notre forum est un lieu de rencontre et d'échange, au demeurant philosophique, privilégiant la recherche et le partage d'idées aux égoïsmes individuels. Pour faire tenir ensemble une pluralité il faut aussi des règles qui à la fois restreignent la liberté individuelle et permettent la liberté de tous dans un même lieu, un espace commun. Quant à l'orthographe, il s'agit à la fois de simple politesse et de confort de lecture, voire même plus spécifiquement de permettre l'expression claire d'une pensée et son intelligibilité pour le lecteur. Bref, il vous faut apprendre à supporter un minimum de contrainte pour jouir de votre liberté. Peut-être votre malaise est-il révélateur de l'existence d'un tyran indomptable en vous. ;)

Dernière édition par Silentio le Dim 22 Jan 2012 - 16:52, édité 1 fois

descriptionTrop de liberté ? EmptyRe: Trop de liberté ?

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Ronin a écrit:
Or, si chaque fois que je suis tenté de prendre mon crayon, je dois me demander si je ne viole pas la loi
Vous n'avez pas grand chose à vérifier, une orthographe correcte (indispensable quand on fait de la philo), vouvoyer, c'est un choix de l'administration, mais ce n'est pas plus difficile de s'y habituer que le tutoiement, et présenter votre pensée sous forme d'argumentation. Le but de ces mesures, comme le dit Silentio, est de favoriser la clarté des propos.

descriptionTrop de liberté ? EmptyRe: Trop de liberté ?

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Ronin a écrit:
Euterpe a écrit:
qu'entendez-vous par philosophie de terrain, ça m'intéresse...
C’est simple, j’entends que je suis un homme de terrain et que mes réflexions sont nourries davantage des rencontres, des confrontations physiques et pratiques avec le réel que des théories de ces illustres prédécesseurs auteurs de tant d’ouvrages, qui à mon sens, n’ont pas fait beaucoup évoluer la pensée.
Tout de même, à quoi on s'expose. Une analyse même rapide de ce que vous dites devrait pourtant vous ouvrir les yeux sur l'énormité de votre affirmation. Syntaxiquement, ce que vous dites consiste à affirmer ceci : philosophie de terrain = homme de terrain, l'égalité reposant sur... vous ("je suis..."). Mais, non content de glisser, consciemment ou pas, sur cette pente douteuse, vous parlez, vaguement, de prédécesseurs illustres qui, selon vous, n'auraient pas fait beaucoup évoluer la pensée. Pas moins ! Il va sans dire que, parmi les prédécesseurs illustres, vous comptez Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, etc., la liste est courte : le nombre de philosophes se réduit à rien comparé au nombre de romanciers, d'historiens, etc. Alors, puisque vous vous arrogez le droit de dire que vos propos n'ont rien d'arrogant, cela signifie que vous connaissez sur le bout des ongles les œuvres complètes de chacun des philosophes vos "illustres prédécesseurs", n'est-il pas ?

Maintenant, dites-moi, vos illustres prédécesseurs n'ont-ils pas vécu en chair et en os, n'ont-ils pas fait des rencontres, n'ont-ils pas eu des confrontations physiques et pratiques avec le réel ? Ou bien ces prédécesseurs illustres étaient-il de petites nuées ailées qui, par l'Opération du Saint Esprit, pensèrent, écrivirent, etc. ? Peut-être Aristote a-t-il vécu dans une boîte de conserve ? Après tout, les Grecs étaient capables de vivre dans des tonneaux...

Ronin a écrit:
J’ai l’impression que ce lieu (et corrigez-moi si je me trompe) est une sorte de prolongation des institutions, où les élèves viennent consulter leurs professeurs, se faire rectifier leur orthographe (en rouge s’il vous plaît), interdire la proximité par le bannissement du tutoiement, et surtout conseiller de ne pas exprimer d’opinions personnelles.
Vous ne pouvez incriminer l'administration du forum des règles du forum au seul motif que vous n'en avez pris connaissance qu'après vous être inscrit...

Ronin a écrit:
J'ai géré et je gère encore plusieurs lieux comme celui-ci avec un règlement qui ne dépasse pas trois lignes, les débordements sont rares, et simples à régler. Vous ne me ferez pas croire en l'utilité d'une si grande autorité, je crois d'avantage dans les moyens d'autogestion des hommes de bonne volonté, pour les autres, les ravageurs éventuels, il suffit d'un simple clic pour les jeter dehors.
Même remarque que pour coco66. La gestion d'un forum dépend de l'objet, de la thématique du forum. Personne, que je sache, ne s'improviserait homme de lois ou cordonnier, etc., au seul motif qu'il ou elle a lu des livres sur les hommes de lois ou les cordonniers. Je lis beaucoup de livres sur la biologie : je ne suis pas biologiste et je n'aurais pas le culot de débarquer sur un forum dédié à la biologie en exigeant d'y raconter tout ce qui me passe par la tête.

Si, toutefois, vous jugez que l'objet "philosophie" n'est ni plus ni moins qu'un objet comme un autre, il faut en tirer les conséquences par rapport au forum, en vous interrogeant sur les raisons pour lesquelles il y a des étudiants en philosophie, des enseignants, des autodidactes qui en connaissent autant que ceux qui sont passés par les voies habituelles (je dis bien qui connaissent...). Si, vraiment, pour vous, tout est opinion, agissez en conséquence. Pour ma part, je ne crois que vous soyez ouvert à la discussion si d'aventure quelqu'un débarque chez vous en étreignant votre épouse, arguant que votre mariage n'est qu'affaire d'opinion, qu'en réalité on ne sait pas bien si, oui ou non, vous êtes marié avec elle, etc. Inutile d'aller plus loin. En attendant, que ça vous plaise ou non, Rousseau a changé le monde, Marx a changé le monde, ça en dit long sur la faculté des philosophes à faire évoluer la pensée de leurs pairs...

Dernière édition par Euterpe le Mar 14 Aoû 2012 - 22:36, édité 2 fois
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