Zingaro a écrit:Soit, mais vous avez dû lire la suite de l'article. L'auteur y conteste la thèse de Fleischmann. Certes, d'aucuns pourraient lui reprocher d'être boudonien (cf. ce qu'il dit à propos du ressentiment et de la rationalité weberienne), puisque le propos consiste à dire que Weber n'est pas un penseur du soupçon (cf. l'économie de la rationalité, mais aussi parce que les valeurs constituent des motifs pour comprendre les phénomènes collectifs dont se saisit la rationalité sociologique ; il est par conséquent inutile de chercher des motifs souterrains pour expliquer les valeurs, aux yeux de Weber), et à montrer que la pensée de Nietzsche, au sens boudonien, est irrationnelle. Pour ma part, je n'ai jamais été en accord avec Boudon, quand il oppose Nietzsche et Weber au motif que le premier serait nihiliste (cf. par exemple ce qu'il en dit dans Le sens des valeurs). Toujours est-il que ceux pour qui Weber constitue un pilier (Ellul, Castoriadis, Boudon, Aron, etc.) ne se réfèrent pas à Nietzsche comme à un fondement - non qu'ils le mésestiment ou qu'ils ne s'y intéressent pas : ce n'est pas le cas -, parce que du point de vue de la rationalité, il y a une incompatibilité entre les deux.J'ai suivi cette suggestion Euterpe et je lis : "Celui qui ne concède pas qu'il n'aurait pu mener des parties essentielles de son œuvre sans le travail que ces deux-là (Nietzsche et Marx) ont accompli se trompe lui-même et les autres", propos rapportés par le neveu de Weber.
Zingaro a écrit:Est-ce toujours le cas ?
Quels concepts ou axiomes ont été repris ou peuvent être repris dans une optique sociologique ?Silentio a écrit:Il a influencé la sociologie allemande de manière très profonde : voyez Weber, Simmel ou encore l'Ecole de Francfort. Globalement, il permet d'aborder des thèmes tels que le pouvoir, les valeurs (le perspectivisme ; le relativisme ; le subjectivisme et l'objectivité des sciences, savoirs et discours), la culture ou encore l'esthétique.
Nietzsche et Marx constituent un fonds de pensée, un horizon auquel il est impossible de se soustraire. On pense à partir d'eux (et d'autres). Quant à parler d'influence, ça me paraît imprudent et difficile à soutenir. Pas impossible, ni absolument erroné, mais pas sans y regarder dans le détail.
Kthun a écrit:Qu'entendez-vous par les "paradoxes propres à l'objet sociologique" ?Zingaro a écrit:Je suis frappé par son approche de l'être humain, il semble dépasser de loin tous les paradoxes propres à l'objet sociologique et sur lesquels nombre de sociologues planchent encore.
Pourriez-vous développer ?
Zingaro a écrit:Les individus constituent un objet d'étude central et constant de la sociologie ; quant à Weber et Tocqueville, ils ne sont pas réductibles au seul horizon individuel, loin de là.Et finalement je ne vois aucun concept sociologique, aucune tentative de penser en dehors des individus. On est bien proche de Weber, pas si loin d'un Tocqueville, des penseurs en effet, et non des statisticiens.