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Nietzsche et la sociologie.

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4 participants

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Zingaro a écrit:
Je suis frappé par son approche de l'être humain, il semble dépasser de loin tous les paradoxes propres à l'objet sociologique et sur lesquels nombre de sociologues planchent encore.

Pourriez-vous développer ?
Cette impression vient sans doute du fait que Nietzsche est moins un sociologue qu'un penseur. Je ne parle évidemment pas des sociologues classiques ou de ceux qui ont fait école, mais de la majorité des sociologues, c'est-à-dire le sociologue du commun (ne pense pas ou n'a pas nécessairement besoin dans le cadre de son activité de penser). Ce dernier, notre contemporain, n'est-il pas un savant voire un expert (d'un domaine particulier) ? Par conséquent, ce sociologue ne peut proposer une approche de "l'être humain" qui ne soit mutilée, fragmentaire. Il est instructif de lire, à cet égard, le brillant chapitre XII de La révolte des masses d'Ortega s'intitulant " la barbarie du "spécialisme" " dans lequel il développe l'idée que le spécialiste, autrement dit "l'homme de science" n'est ni un ignorant, ni un savant étant donné que le savoir de "l'homme de science" est particulier et non général. Ortega qualifie donc ce dernier de "savant-ignorant".

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Kthun a écrit:
Zingaro a écrit:
Je suis frappé par son approche de l'être humain, il semble dépasser de loin tous les paradoxes propres à l'objet sociologique et sur lesquels nombre de sociologues planchent encore.

Pourriez-vous développer ?
Cette impression vient sans doute du fait que Nietzsche est moins un sociologue qu'un penseur. Je ne parle évidemment pas des sociologues classiques ou de ceux qui ont fait école, mais de la majorité des sociologues, c'est-à-dire le sociologue du commun (ne pense pas ou n'a pas nécessairement besoin dans le cadre de son activité de penser). Ce dernier, notre contemporain, n'est-il pas un savant voire un expert (d'un domaine particulier) ? Par conséquent, ce sociologue ne peut proposer une approche de "l'être humain" qui ne soit mutilée, fragmentaire. Il est instructif de lire, à cet égard, le brillant chapitre XII de L'ère des masses d'Ortega s'intitulant " la barbarie du "spécialisme" " dans lequel il développe l'idée que le spécialiste, autrement dit "l'homme de science" n'est ni un ignorant, ni un savant étant donné que le savoir de "l'homme de science" est particulier et non général. Ortega qualifie donc ce dernier de "savant-ignorant".

C'est très lié. C'est-à-dire que Nietzsche frappe dans le sens où lorsqu'il décrit ses types, celui du prêtre ascétique par exemple, on reconnaît, on voit, on gémit presque ; il dépasse l'ossature théorique par la chair et le sang. Il nous atteint, nous maltraite dans notre intimité. Ce faisant nous démontre que cette chair est partagée, se partage, pour le pire et le meilleur. Sa position est profondément ancrée dans lui-même, il méprise tout ce qui prétend à l'en-soi, et il s'appuie précisément sur lui-même pour plonger dans l'autre, pour faire éclore autant de regards. Fait-il jamais éclore celui d'une entité supérieure ?
Il y eut mille fins jusqu'à présent, car il y eut mille peuples. Ne manque encore que la bride sur mille nuques, manque la fin unique. Encore, l'humanité n'a pas de fin.
Mais dites moi, mes frères, si à l'humanité il manque encore la fin, n'est-ce pas aussi que manque encore l'humanité elle-même ?

De mille et une fins, Ainsi parlait Zarathoustra.
;)

Les peuples, certes, mais qui toujours se caractérisent par leurs valeurs, du moins se nuancent selon leurs valeurs dans la dialectique Nietzschéenne.
Je pense également à l'esprit moutonnier qui revient continuellement, mais qui est finalement bien "esprit", interne, sensible. Je repense à l'esprit Juif que j'ai lu il y a peu de temps. Et finalement je ne vois aucun concept sociologique, aucune tentative de penser en dehors des individus. On est bien proche de Weber, pas si loin d'un Tocqueville, des penseurs en effet, et non des statisticiens.
Vous m'avez dit que Bourdieu s'inspire de Nietzsche. Dans quelle mesure reconnaît-il cet héritage ? Est-ce lui-même ou une filiation établie a posteriori ?

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Zingaro a écrit:
Les peuples, certes, mais qui toujours se caractérisent par leurs valeurs, du moins se nuancent selon leurs valeurs dans la dialectique Nietzschéenne.
Je pense également à l'esprit moutonnier qui revient continuellement, mais qui est finalement bien "esprit", interne, sensible. Je repense à l'esprit Juif que j'ai lu il y a peu de temps. Et finalement je ne vois aucun concept sociologique, aucune tentative de penser en dehors des individus.

Vous trouvez en somme chez Nietzsche ce que cherchaient les Romantiques allemands dans l'histoire, l'âme d'un peuple, le "Volkgeist". Je pense que ce Nietzsche est celui de Naissance de la tragédie, encore proche d'Herder et de Goethe. Nietzsche par la suite sera moins romantique, il verra davantage une lutte des peuples les uns contre les autres, créatrice de valeurs, qu'un esprit éternel propre à chaque peuple. La sociologie nietzschéenne est donc volonté de puissance.

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Liber a écrit:
Zingaro a écrit:
Les peuples, certes, mais qui toujours se caractérisent par leurs valeurs, du moins se nuancent selon leurs valeurs dans la dialectique Nietzschéenne.
Je pense également à l'esprit moutonnier qui revient continuellement, mais qui est finalement bien "esprit", interne, sensible. Je repense à l'esprit Juif que j'ai lu il y a peu de temps. Et finalement je ne vois aucun concept sociologique, aucune tentative de penser en dehors des individus.

Vous trouvez en somme chez Nietzsche ce que cherchaient les Romantiques allemands dans l'histoire, l'âme d'un peuple, le "Volkgeist". Je pense que ce Nietzsche est celui de Naissance de la tragédie, encore proche d'Herder et de Gœthe. Nietzsche par la suite sera moins romantique, il verra davantage une lutte des peuples les uns contre les autres, créatrice de valeurs, qu'un esprit éternel propre à chaque peuple. La sociologie nietzschéenne est donc volonté de puissance.

Oui, volonté de puissance, ça se voit très clairement dans le texte cité plus haut. Je me souviens avoir à propos de la dégénérescence des peuples que, selon lui lorsque deux peuples trop différents se mélangent on assiste à une dégénérescence, à une mollesse et à la lassitude des individus. On est encore et toujours dans une dialectique individuelle, sensible. De même lorsqu'il dit que le peuple juif a toujours introduit du raffinement, de la subtilité, de l'intelligence et aussi du mensonge dans les peuples qu'il a côtoyés. Si je ne me trompe pas c'est du Nietzsche du Gai savoir qu'il s'agit. Donc si on synthétise, il n'y a peuple que s'il y a sens commun, valeurs partagées. Partant de là, on aborde le peuple à la manière d'un esprit.

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Zingaro a écrit:
Partant de là, on aborde le peuple à la manière d'un esprit.

Je ne vois vraiment pas comment vous pouvez mêler esprit et volonté de puissance. Pour parler concrètement, où voyez-vous un esprit des peuples dans la Généalogie de la morale ? Les valeurs chez Nietzsche ne sont pas spirituelles, elles sont l'expression d'une volonté de puissance.
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