Zingaro a écrit:Je suis frappé par son approche de l'être humain, il semble dépasser de loin tous les paradoxes propres à l'objet sociologique et sur lesquels nombre de sociologues planchent encore.
Pourriez-vous développer ?
Cette impression vient sans doute du fait que Nietzsche est moins un sociologue qu'un penseur. Je ne parle évidemment pas des sociologues classiques ou de ceux qui ont fait école, mais de la majorité des sociologues, c'est-à-dire le sociologue du commun (ne pense pas ou n'a pas nécessairement besoin dans le cadre de son activité de penser). Ce dernier, notre contemporain, n'est-il pas un savant voire un expert (d'un domaine particulier) ? Par conséquent, ce sociologue ne peut proposer une approche de "l'être humain" qui ne soit mutilée, fragmentaire. Il est instructif de lire, à cet égard, le brillant chapitre XII de La révolte des masses d'Ortega s'intitulant " la barbarie du "spécialisme" " dans lequel il développe l'idée que le spécialiste, autrement dit "l'homme de science" n'est ni un ignorant, ni un savant étant donné que le savoir de "l'homme de science" est particulier et non général. Ortega qualifie donc ce dernier de "savant-ignorant".