jem a écrit:J'ai peut-être semblé dire que tout dépendait du "fond" de l'individu, mais ce n'est pas uniquement cela qu'il faut en retenir, car ce "fond" justement résulte lui-même et de nature et de culture, soit d'innés et d'acquis à la fois, les deux ne pouvant être dissociés, tout comme dans le couple individu-société. Les facteurs "environnementaux" en tout cas ne sont pas les seuls à incriminer, comme généralement l'opinion est tentée de le faire en accusant les techniques qui accompagnent le modernisme, c'est ce que je voulais dire.Berkowitz dira que: "Si le doigt presse la détente, la détente presse aussi le doigt."
Ses expériences tendent à montrer que la présence d'une arme augmente l'agressivité du sujet. Cependant une expérience menée par Mahjoub et Leyens en 1995, montre aussi que la signification de l'arme dans la culture est déterminante dans l'augmentation de l'agressivité. Il montre notamment que des enfants belges sont plus agressifs lorsqu'ils sont en présence d'un jouet en forme d'arme alors que pour des enfants palestiniens, la présence d'un jouet en forme d'arme ne modifie pas leurs comportements. Les chercheurs expliquent ce fait par la signification de l'arme qui a un symbole positif dans la culture palestinienne.
Pour autant, les recherches ne se limitent pas à ce que vous semblez dire. On dit aussi que l'agressivité dépend de facteur multiples, mais en effet, le "fond" de l'individu n'est pas seulement en cause. Ce n'est pas parce qu'on est agressif qu'on a un mauvais fond. Et la théorie "frustration-agression" (théorie psychanalytique) a été abandonnée.
Avec Freud, ce que j'en retiens, c'est que comme tout ce qui résulte de pulsions, l'agressivité est bipolaire, avec un aspect négatif (pulsion destructrice, de mort) mais aussi un aspect positif, donc utile à la vie. Amour-haine, pulsion de vie-pulsion de mort sont concomitants. Il y a bien refoulement de cette agressivité (frein d'origine sociale, environnementale) mais seulement partiel. Quelqu'un qui n'aurait aucune agressivité serait quelqu'un de mort.
Que la présence d'un jouet en forme d'arme éveille cette agressivité "dormante", pas très surprenant en fait, mais je dirais que ce n'est pas un jouet qui en soi sera dangereux. Si on veut voir du danger, regardons plutôt du côté de la manipulation mentale qui peut être exercée par une "autorité" (quelqu'un qui aurait une emprise- on en revient ici à l'expérience de Milgram, mais seulement dans le statut d'autorité du donneur d'ordre) et qui peut ainsi "endormir" la "bonne" conscience de l'enfant ou même de l'adulte, en éveillant sa peur, sa haine, etc. là on est dans le schéma de l'embrigadement tel qu'on a pu le voir dans les dictatures mais pas dans les systèmes de liberté de pensée.
Bref, dire que c'est le jouet qui rend l'enfant agressif c'est un peu stupide.