Justement, le fameux "carpe diem" est bien mal traduit et, comme pour l'emploi moderne du substantif "épicurisme", l'altération du sens originel est si prononcée que ça ne veut plus rien dire, en l'état. D'abord, de quels poètes romantiques exactement parlez-vous ? Verlaine, pas plus que Rimbaud, n'est un poète romantique. Vous semblez tenir le
carpe diem pour un synonyme pur et simple de
passion. Et vous semblez ne retenir de la passion que le
pathos, en lui attribuant un sens péjoratif (l'égoïsme). C'est un point de vue moral étranger à l'épicurisme.
Le
carpe diem n'est pas d'origine romantique (on le tient d'Horace, dans ses
Odes*), et ne se comprend que dans une conception de l'existence qui intègre l'expérience de la mort, pour ainsi dire comme une donnée immédiate de la conscience. Je ne distingue que deux moments dans l'histoire où le carpe diem correspond à une sensibilité et à des représentations identifiables, le premier est le siècle d'Auguste, le deuxième la Renaissance (Cf. Ronsard, par exemple, pas seulement dans ses fameux
Sonnets à Hélène). En outre, le
carpe diem ne consiste pas à se dessaisir de toute responsabilité, c'est une variante latine de l'épicurisme et, pour être exact, c'est une forme de la prudence, si chère aux Romains (
prudentia futurorum), et si contraire à l'inconséquence.
Concernant le coup de foudre, il a fait l'objet de conceptions plus spirituelles que matérielles ou charnelles ("physiques").
Votre exposé est encore trop syncrétique (mélange de notions, de périodes et de domaines que vous rapprochez, mais dont vous ne dites pas en quoi ils sont
liés logiquement) ; il constitue plutôt, à mon avis, une photographie de l'état actuel de vos recherches et de votre réflexion.
Horace, Odes, I, XI, 7-8 a écrit: * [...] La vie étant courte, supprime les longs espoirs. Pendant que nous parlons, l'heure jalouse a déjà fui. Cueille le jour présent, ne te fie pas à celui qui luira demain
Dernière édition par Euterpe le Sam 30 Juil 2016 - 10:50, édité 1 fois