Euterpe a écrit: Compte tenu de mes lectures, j'aurais tendance à faire débuter l'impérialisme disons entre 215 (alliance de Philippe V avec Hannibal), 211 (proconsulat de Scipion en Espagne), et 204 av. J. - C. (Consulat de Scipion, débarquement en Afrique). La présence romaine en Afrique ne contribue-t-elle pas à la décision d'Évergète II, en 155, de léguer à l'État romain la Cyrénaïque, s'il n'a pas de descendance ? Ainsi, j'y vois comme vous le fait du hasard et de la force des choses. Si Philippe V ne s'était pas rendu en Illyrie, qui sait ?...
Si je suis votre raisonnement, pourquoi ne pas débuter directement avec la première guerre extérieure ? La défense de Messine, alors sombre repère de mercenaires, peut aisément s’entendre comme un prétexte pour étendre l’influence romaine sur le grenier à blé sicilien.
Sur Evergète II et Philippe V, je vous rejoins.
C'est Auguste qui tranchera, en un sens. Avant que d'autres empereurs ne cèdent à nouveau à la tentation du despotisme version hellénistique, Antoine en fut l'exemple le plus abouti, surtout à partir de sa victoire à Philippes
Octave-Auguste est d’une finesse politique rare. Un véritable prince, comme l’entend Machiavel.
Le fondement légal de son pouvoir était naturellement la qualité de triumvir, puisque cette magistrature collégiale était désormais proclamée et reconnue. Mais aux yeux des Grecs, formés depuis bientôt trois siècles aux usages de la monarchie, il n'est pas douteux que le prestige d'Antoine était la conséquence directe de sa victoire à Philippes et se trouvait lié à l'appareil militaire dont il était entouré : de même que les souverains des dynasties grecques apparaissaient comme des favoris de la victoire et étaient révérés comme tels, de même le triumvir tirait en fait sa légitimité des forces armées dont il disposait et de l'éclatant succès qu'il venait de remporter. On lui obéissait sans discussion, comme à un monarque.
Je ne peux qu’être d’accord. Le roi hellénistique ne l’est que parce qu’il gagne. La défaite d’Antoine durant la campagne parthe lui coûte cher.
Dans le chapitre VIII, Le grand projet monarchique (36-32), Chamoux développe une thèse convaincante : le sort de Rome (et du monde) dépendait de l'issue de l'affrontement entre Auguste et Antoine, entre deux types d'exercice du pouvoir. Si Antoine l'avait emporté, c'eût été un nouveau bail pour la civilisation hellénistique, pour le dire de façon très sommaire. Si tel avait été le cas, la "thèse" de Polybe fût tombée à l'eau.
Indéniablement.
PS : Si le traitement par Rome de sa victoire sur la Macédoine vous intéresse, je posterai un extrait de devoir sur cette question précise.
Oui, ça m'intéresse.
J’ouvre un sujet dédié à cette question, en y apportant quelques précisions.
Avez-vous des extraits, des résumés (ou d'autres choses) du livre de Ferrary, Philhellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique ? Je ne l'ai jamais lu.[/font]
Ferrary – qui hélas ne prend plus d’élèves en Master – est d’une érudition qui fait pâlir d’envie. Je vous conseille – si vous ne l’avez pas déjà lu –
Rome et la conquête du monde méditerranéen (tome 2, Genèse d’un empire) J-L. Ferrary écrit plusieurs chapitres, notamment sur la conquête de l’Orient.
Un compte rendu, téléchargeable en pdf de Jean Andreau
Un second compte rendu, aussi disponible en pdf par Pierre Cabanes
Et un troisième, que je n'ai pas lu de Pierre Salmon
Sinon, vous devriez pouvoir l’avoir par le biais de prêt entre bibliothèques universitaires. Il est disponible sur Aix-Marseille. C’est un service payant, la somme reste correcte, mais très pratique.
Sinon, je peux vous envoyer des extraits que je scannerai, si toutefois vous avez une partie qui vous intéresse particulièrement.
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Dernière édition par Eunomia le Dim 15 Juin 2014 - 0:39, édité 1 fois