Il est en effet difficile de démêler ces concepts métaphysiques afin de comprendre leurs liens et leur différences. Pour commencer à comprendre, il faut s'attacher aux traductions effectuées au cours de l'histoire de la philosophie. Les mots latins
essentia et
substantia traduisent tous les deux l'original grec οὐσία. L'évolution de cette traduction doit être comprise comme mouvement historique/philosophique, puisque si
essentia et
substantia traduisent le même mot, ils en sont chacun une interprétation différente. L'
essentia tend vers une compréhension de l'être comme la permanence de l'étant (autrement dit ce qui à propos d'un étant offre un visage immuable) ; la
substantia, quant à elle, offre une interprétation de l'οὐσία comme ce qui se tient en dessous de l'étant et le fonde (si on décompose le mot on voit bien que -sub- et -stare- portent en eux cette interprétation) ; ici, et comme le pense Heidegger, l'être se laisse penser comme ce qu'on peut saisir :
Heidegger, Nietzsche, II, p.344 a écrit: Ce qui gît au-dessous et est posé au-dessous prend en charge le rôle de fondement en raison duquel quelque chose est posé, de telle sorte que ce qui est se tient au-dessous et qui est ainsi constant avant tout.
Bien sûr, ma réponse à votre question est schématique et incomplète. Je vous conseille donc de lire, en vue d'éclaircir ces questions, l'
Être et l'essence d'Etienne Gilson, puis également les §20 et 21 de
Être et temps de Heidegger.