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Autour d'une pensée de l'existence

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descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 23 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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kercoz a écrit:
l' ensemble de votre intervention dépasse et mes compétences et mes capacités d'analyse. Pourtant je voudrais réagir sur ce passage terminal:

Il y a une possibilité de croiser le chemin de Nietzsche. Ainsi Heidegger dans sa propre démarche consacre un énorme texte à Nietzsche. Pour Nietzsche, il n’y a pas d’être. L’être est dénoncé comme une sorte de simulacre qui renvoie à la valeur. Nous avons nous les êtres humains besoin d’évaluer, dire si les choses sont belles, laides, bonnes ou mauvaises, utiles, inutiles…Nous proférons sans cesse des jugements. Nous ne pouvons exister sans juger, et juger c’est peser. Cet acte est au fondement de notre existence.

Le vrai cela n’existe pas, ce qui existe c’est du vrai comme valeur. Cette valeur il convient de se demander comment je la pose, à partir de quoi et sur quel critère je m’appuie pour juger. C’est ce que Nietzsche appelle la généalogie des valeurs.

Toutes ces questions forment une énorme problématique et formulent la richesse de ce terme existence sur le plan philosophique.



Ce qui , me fait penser au tractatus de W ( déja pour  "tractacus" je ne suis pas certain, alors pour W..!) dès la première page:

1/ Le Monde est tout ce qui a lieu.
1.1/ Le monde est la totalité des faits, non des choses. ( notion de dynamique, néguentropie...)
..
2/ Ce qui a lieu, le fait, est la subsistance ° d'état de choses

etc
° Subsistance pose problème en tant que traduction de "Das Bestehen" , existence aussi, ...il semble que c'est la notion d'événement qu'il faut retenir.
Il y a bien sur le retour de la notion du temps.


Vous voulez parler de "Tractatus logico-philosophicus" de Ludwig Wittgenstein. C'est un livre que j'ai sur mon bureau mais je n'ai pas encore trouvé le temps de le lire. Je ne peux donc pas vous répondre sur les points précis que vous soulevez.

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 23 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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b) L’existence comme modalité de l’être (Parménide)

Nous pourrions prendre Parménide comme fil conducteur et partir du constat que l’existence est toujours présupposée. Présupposée par notre pensée et chacune de nos expériences. Mais comme le souligne Gabriel Marcel dans son journal métaphysique : « L’esprit se doit d’oublier l’existence, s’il veut s’attacher à tel ou tel objet ». Nous voyons tout de suite où est le paradoxe, l’existence est bien la condition de possibilité de la pensée, mais elle se dérobe à la pensée. C’est pourquoi nous pouvons toujours dire avec Gabriel Marcel que le commencement de la pensée correspond au commencement de l’oubli de l’existence.

L’existence est le fondement de la pensée. Elle est première non seulement au sens chronologique, mais au sens logique. Cependant elle ne saurait véritablement être un objet pour la pensée. Sans doute parce que pour la pensée il nous faudrait un point fixe sur lequel prendre appui. Nous ne pouvons penser l’existence que si nous parvenons à lui trouver un fondement, c’est-à-dire quelque chose de stable, fixe, invariable, contrairement à elle qui n’est que fluctuation, écoulement, flux donc changement.

L‘existence est la négation de la notion même d’identité. Si nous voulons assurer la pensabilité de l’existence, il suffit de lui trouver un fondement (G. Marcel).
Cette recherche du fondement est menée en premier lieu par Parménide et ce fondement de l’existence ce sera précisément l’être.

Si Parménide pose que l’être est au fondement de tout ce qui existe, c’est donc de l’être et de lui seul dont il faut s'occuper. La pensée ne peut être que penser de l’être. Sous ce terme « être » il y a cette exigence propre à notre pensée qui est que quelque chose demeure identique à lui-même.

Il faut donc poser l’existence de quelque chose qui demeure identique à lui-même pour pouvoir ensuite étayer le devenir, étayer ce qui toujours change, l’existence elle-même.

Mais en même temps si l’être est précisément ce qui demeure identique à lui-même, nous devons refuser le terme d’être à tout ce qui est en devenir, à tout ce qui change. Si nous nous souvenons qu’être c’est être identique à soi-même, mais aussi être adéquat à son concept sur le plan logique, l’être ne peut être donné : «à tout ce qui nait et meurt, à tout ce qui cause ou est causé, à tout ce qui devient et change, c’est-à-dire à tout ce qui apparait d’abord comme doué d’une existence empiriquement constatable » (Gilson).

Donc à partir de Parménide une coupure se fait. L’être convient à qui échappe au devenir, au changement. Tout ce qui devient change. Nous qui sommes soumis au devenir, forcément nous sommes exclus de l’être. Ceci va nous enfermer dans un certain nombre de problèmes. Parménide nous met en garde et dit celui qui veut mesurer l’être à l’aune de son existence s’égare sur la voie de l'opinion. Ne permutons pas l’ordre des choses, nous ne pouvons pas évaluer l’être et nous définir à partir de l’existence. Nous ne pouvons pas trouver l’identité, comprendre ce qu’est l’identité en partant de choses qui par définition ne sont jamais identiques à elles-mêmes puisque soumises au temps.

L’existence ne peut rien nous dire de l’être. Le propos parménidien nous dit : "si tu jettes les qualités des choses qui existent, c’est-à-dire deviennent (exister ici veut dire devenir), si tu transfères les qualités propres des choses qui sont soumises au devenir, qui sont donc périssables, qui vieillissent, qui meurent pour le vivant par exemple, qui s’altèrent tout simplement pour l’inanimé, si cela tu le confères à l’être parce que toi tu vis dans ce monde changeant (« Tu ne peux pas descendre deux fois dans les mêmes fleuves, car de nouvelles eaux coulent toujours sur toi.» Héraclite), alors tu rateras la réalité, tu n’obtiendras aucune vérité et tu t’égareras. Sache que tu t’égareras dans la voie obscure de l'opinion".

Pourquoi Parménide nous dit cela? Parce que l'opinion par définition plaque et colle aux choses. Elle ne peut être que changeante, relative et donc nous donner des vérités qui sont toujours partielles, partiales, et la philosophie ne les retiendra pas comme étant des vérités.

L’être est, mais il ne saurait pénétrer les choses dans l’ordre de l’existence. C’est en raison de ce paradoxe qu’il faut poser l’être au moins comme principe ou plus exactement comme fondement des choses tout en se disant que de l’être à l’existence, de l’être comme fondement des choses qui en dérivent il y a un abîme qui les sépare.
La question est de savoir comment les choses, d’une certaine façon, sont. Car dans l’existence il y a tout de même un petit peu d’être. Allons-nous exclure l’existence de l’être? Mais si nous renonçons à l’être rien n’est pensable. Comment comprendre les rapports? Il faut nécessairement les séparer, les opposer. Comment?

c) L’existence comme participation à l’être (Platon).

Platon hérite de ce problème que lui lègue Parménide. Il va tenter de répondre à ce problème par la théorie de la participation des choses existantes à l’être. Deux grandes résonances : Phédon et Parménide.

Platon va nous montrer puisque nous ne pouvons renoncer à l’être, fondement de toutes choses, sans lequel rien ne serait pensable, mais qu’en même temps on ne peut confondre les choses existantes avec l’être, introduire dans l’être des choses compatibles avec l’être, comme le devenir, le changement, qu'il faut trouver une voie médiane, une troisième voie comme dit le Sophiste (dialogue). Cette troisième voie c’est la voie participative. Il va falloir comprendre que l’être existe, pur, qu’il se décline sous les Formes, ces formes pures que Platon nomme idées (leidos), ou encore les archétypes qui sont de pures essences, des absolus invariables, identiques, tel que le bon en soi, le vrai en soi, le juste en soi…

Dans le « Lachès » il est question de courage. Qu’est-ce que le courage? Lachès est un stratège qui ne comprend pas la question et dit : " moi je sais ce que c’est, sur les champs de bataille etc."… Socrate lui répond ce n’est pas ce que je te demande. Je te demande l’essence même du courage. Qu’est-ce que le courage? Platon pose que si nous pouvons déterminer que tel acte est courageux, telle conduite est courageuse, c’est que dans notre esprit nous savons ce qu’est le courage.

La philosophie pour Platon, c’est cette recherche de l’essence. Il existe une essence, une entité qui s’appellerait le courage. Que contient cette idée : l’essence, la forme du courage. C’est parce que nous sommes capables de définir le courage en soi, le définir d’une façon invariable, de saisir l’idée en soi, qu’ensuite nous pouvons revenir au monde changeant, et nous pourrons nous repérer dans ces mobilités.

Les choses existantes, toutes les choses existantes y compris nous, sont notre vérité, nous la tenons du degré de participation à l’être. Nos vertus sont la résultante du degré de participation que nous entretenons avec les purs esprits. Dans le système métaphysique la philosophie c’est cette discipline qui doit nous révéler cette théorie de la participation pour augmenter cette participation. Plus nous allons participer à l’être, plus nous allons nous modifier, devenir plus justes, devenir meilleurs. Il va falloir gagner des degrés d’être. Nous ne pouvons exister que par participation à l’être. Toutes ces solutions vont être revues et rejetées par l’existentialisme.

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 23 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Arcturus
Nous pourrions prendre Parménide comme fil conducteur et partir du constat que l’existence est toujours présupposée. Présupposée par notre pensée et chacune de nos expériences. Mais comme le souligne Gabriel Marcel dans son journal métaphysique : « L’esprit se doit d’oublier l’existence, s’il veut s’attacher à tel ou tel objet ». Nous voyons tout de suite où est le paradoxe, l’existence est bien la condition de possibilité de la pensée, mais elle se dérobe à la pensée. C’est pourquoi nous pouvons toujours dire avec Gabriel Marcel que le commencement de la pensée correspond au commencement de l’oubli de l’existence.
L’existence est le fondement de la pensée. Elle est première non seulement au sens chronologique, mais au sens logique. Cependant elle ne saurait véritablement être un objet pour la pensée. Sans doute parce que pour la pensée il nous faudrait un point fixe sur lequel prendre appui. Nous ne pouvons penser l’existence que si nous parvenons à lui trouver un fondement, c’est-à-dire quelque chose de stable, fixe, invariable, contrairement à elle qui n’est que fluctuation, écoulement, flux donc changement.

L'existence est un mot qui permet de créer des pensées. Ce n'est pas l'existence qui est le fondement de la pensée, sauf à entendre l'existence en tant qu'être qui crée des pensées, mais le fait que nous puissions créer des mots pour désigner des choses qui existent, qui vont alimenter nos pensées. Un chat existe mais ne pense pas. Cela signifie que nous pouvons penser qu'il existe mais pas lui. Dans son référentiel, il n'existe pas plus qu'un caillou. Ce sont nos pensées qui nous permettent de dire que nous existons, c'est-à-dire que nous savons nous distinguer du néant, donc des choses et des êtres qui nous entourent. Notre existence (par la pensée) est cette distinction. Le chat se distingue également des choses qu'il connaît, la différence est que son existence n'a d'autre fondement que celle que l'homme peut inventer pour lui. La notion de néant est importante car elle est d'une certaine façon religieuse selon que nous considérons que nous savons ce qu'il signifie ou pas, dit autrement de savoir si nous nous distinguons de rien (que nous existons objectivement indépendamment de tout être pensant et aussi de toutes choses) ou de tout, des autres choses que nous percevons et que nous pouvons décrire par nos pensées.
Arcturus a écrit:
L‘existence est la négation de la notion même d’identité. Si nous voulons assurer la pensabilité de l’existence, il suffit de lui trouver un fondement (G. Marcel).  Cette recherche du fondement est menée en premier lieu par Parménide et ce fondement de l’existence ce sera précisément l’être.

L'existence est le mot qui nous permet de distinguer les choses.
L'identité permet par la pensée de définir comment nous nous différencions des choses. Cela mène à un autre sujet qui est d'où provienne les pensées. J'existe car je peux le penser, et cette pensée définit mon identité.
Je ne vois pas d'opposition.
Arcturus a écrit:
Si Parménide pose que l’être est au fondement de tout ce qui existe, c’est donc de l’être et de lui seul dont il faut s'occuper. La pensée ne peut être que penser de l’être. Sous ce terme « être » il y a cette exigence propre à notre pensée qui est que quelque chose demeure identique à lui-même.
Il faut donc poser l’existence de quelque chose qui demeure identique à lui-même pour pouvoir ensuite étayer le devenir, étayer ce qui toujours change, l’existence elle-même.
Mais en même temps si l’être est précisément ce qui demeure identique à lui-même, nous devons refuser le terme d’être à tout ce qui est en devenir, à tout ce qui change. Si nous nous souvenons qu’être c’est être identique à soi-même, mais aussi être adéquat à son concept sur le plan logique, l’être ne peut être donné : «à tout ce qui nait et meurt, à tout ce qui cause ou est causé, à tout ce qui devient et change, c’est-à-dire à tout ce qui apparait d’abord comme doué d’une existence empiriquement constatable » (Gilson).

Tout cela vient d'une ambiguïté, seuls les mots qui désignent les choses existent. Lorsque j'observe un caillou, je pense qu'il existe car je crois qu'il ne change pas. Mais entre le temps t0 et le temps t1, ce n'est plus (tout à fait) le même, il n'est pas indépendant des autres choses qui le transforment. Le caillou n'existe que parce que je peux le nommer en considérant qu'il ne change pas. Le problème soulevé pour l'être humain est le même, sauf qu'il change plus rapidement que le caillou. Il change car il n'est pas indépendant de son environnement, il doit s'adapter à ce qui change autour de lui. La question de savoir ce qui semble être identique entre t0 et t1 est bien ce qui définit l'identité, pas l'existence. Mais, c'est instable et nous n'aurons probablement jamais une réponse précise.
Arcturus a écrit:
Donc à partir de Parménide une coupure se fait. L’être convient à qui échappe au devenir, au changement. Tout ce qui devient change. Nous qui sommes soumis au devenir, forcément nous sommes exclus de l’être. Ceci va nous enfermer dans un certain nombre de problèmes. Parménide nous met en garde et dit celui qui veut mesurer l’être à l’aune de son existence s’égare sur la voie de l'opinion. Ne permutons pas l’ordre des choses, nous ne pouvons pas évaluer l’être et nous définir à partir de l’existence. Nous ne pouvons pas trouver l’identité, comprendre ce qu’est l’identité en partant de choses qui par définition ne sont jamais identiques à elles-mêmes puisque soumises au temps.
L’existence ne peut rien nous dire de l’être. Le propos parménidien nous dit : "si tu jettes les qualités des choses qui existent, c’est-à-dire deviennent (exister ici veut dire devenir), si tu transfères les qualités propres des choses qui sont soumises au devenir, qui sont donc périssables, qui vieillissent, qui meurent pour le vivant par exemple, qui s’altèrent tout simplement pour l’inanimé, si cela tu le confères à l’être parce que toi tu vis dans ce monde changeant (« Tu ne peux pas descendre deux fois dans les mêmes fleuves, car de nouvelles eaux coulent toujours sur toi.» Héraclite), alors tu rateras la réalité, tu n’obtiendras aucune vérité et tu t’égareras. Sache que tu t’égareras dans la voie obscure de l'opinion".

C'est cela :-)...
Arcturus a écrit:
Pourquoi Parménide nous dit cela? Parce que l'opinion par définition plaque et colle aux choses. Elle ne peut être que changeante, relative et donc nous donner des vérités qui sont toujours partielles, partiales, et la philosophie ne les retiendra pas comme étant des vérités.

Qu'est-ce que la vérité, puisque les choses n'existent que par nos pensées ? Nous pourrions dire que ce sont les pensées qui ne peuvent être remises en cause entre un intervalle de temps t0 et t1 qui est au-delà de l'existence humaine ?
Arcturus a écrit:
L’être est, mais il ne saurait pénétrer les choses dans l’ordre de l’existence. C’est en raison de ce paradoxe qu’il faut poser l’être au moins comme principe ou plus exactement comme fondement des choses tout en se disant que de l’être à l’existence, de l’être comme fondement des choses qui en dérivent il y a un abîme qui les sépare.
La question est de savoir comment les choses, d’une certaine façon, sont. Car dans l’existence il y a tout de même un petit peu d’être. Allons-nous exclure l’existence de l’être? Mais si nous renonçons à l’être rien n’est pensable. Comment comprendre les rapports? Il faut nécessairement les séparer, les opposer. Comment?

Je ne comprends pas cette phrase "L’être est, mais il ne saurait pénétrer les choses dans l’ordre de l’existence"... mais ce n'est sans doute pas important. Il faut séparer la pensée et l'être en cherchant à quoi cela lui sert de penser... J'ai vos réponses mais elles n'intéressent personne :-). Mais vous pouvez les demander...
Arcturus a écrit:
Platon va nous montrer puisque nous ne pouvons renoncer à l’être, fondement de toutes choses, sans lequel rien ne serait pensable, mais qu’en même temps on ne peut confondre les choses existantes avec l’être, introduire dans l’être des choses compatibles avec l’être, comme le devenir, le changement, qu'il faut trouver une voie médiane, une troisième voie comme dit le Sophiste (dialogue). Cette troisième voie c’est la voie participative. Il va falloir comprendre que l’être existe, pur, qu’il se décline sous les Formes, ces formes pures que Platon nomme idées (leidos), ou encore les archétypes qui sont de pures essences, des absolus invariables, identiques, tel que le bon en soi, le vrai en soi, le juste en soi…

Je n'ai rien compris... Les choses et les êtres existent de la même façon, sauf que les êtres (pensants) pensent et ce sont ces pensées qui nous permettent de décrire l'existence des choses et des êtres. Nous devons donc simplement distinguer les êtres des pensées. Lorsque Platon parle d'être pur, n'est-ce pas seulement ce que l'on attend d'un être dans une culture donnée ?
Arcturus a écrit:
La philosophie pour Platon, c’est cette recherche de l’essence. Il existe une essence, une entité qui s’appellerait le courage. Que contient cette idée : l’essence, la forme du courage. C’est parce que nous sommes capables de définir le courage en soi, le définir d’une façon invariable, de saisir l’idée en soi, qu’ensuite nous pouvons revenir au monde changeant, et nous pourrons nous repérer dans ces mobilités.

Le courage ce sont les comportements définis comme tels dans une culture donnée pour laquelle de tels comportements sont importants. Définir ce qu'est le courage est un problème politique, définir ceux qui doivent être récompensés.
Arcturus a écrit:
Les choses existantes, toutes les choses existantes y compris nous, sont notre vérité, nous la tenons du degré de participation à l’être. Nos vertus sont la résultante du degré de participation que nous entretenons avec les purs esprits. Dans le système métaphysique la philosophie c’est cette discipline qui doit nous révéler cette théorie de la participation pour augmenter cette participation. Plus nous allons participer à l’être, plus nous allons nous modifier, devenir plus justes, devenir meilleurs. Il va falloir gagner des degrés d’être. Nous ne pouvons exister que par participation à l’être. Toutes ces solutions vont être revues et rejetées par l’existentialisme.

Le "degré de participation à l’être" est-ce quelque chose qui veut dire quelque chose ? Est-ce que ce degré de participation ne serait pas la conformité à une culture donnée ? Comme l'être se distingue de son environnement, ce qui définit son identité, il doit se distinguer de sa communauté qui lui a enseigné les pensées et comportements communs qui ne le distinguent pas des autres êtres (d'où la question d'où proviennent nos pensées). Son identité est donc sa distinction en dehors des choses communes, cela peut-être d'être borgne, plus courageux qu'untel... mais il faut se distinguer sans s'exclure, donc selon des essences pures qui restent à définir ?

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Arcturus a écrit:
Vous voulez parler de "Tractatus logico-philosophicus" de Ludwig Wittgenstein. C'est un livre que j'ai sur mon bureau mais je n'ai pas encore trouvé le temps de le lire. Je ne peux donc pas vous répondre sur les points précis que vous soulevez.


Le plus important est la première phrase de la préface...

Et donc, comme ce que disent les philosophes ne peut être compris que par ceux qui ont déjà eu (ou appris :-)) les mêmes pensées, W. s'est alors demandé pourquoi nous disions telle ou telle chose... Et donc nous pourrions nous demander pourquoi Platon disait les choses que vous citez à une période où tout le monde ricanait de la démocratie Athénienne à la recherche de ses essences pures, peut-être (par nostalgie) celles qui lui avaient permis d'exister ?

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Kercoz
La notion de semblable me semble importante . Elle appelle à des invariances conceptuelles d' un autre ordre.
Saussure, cité dans "Signes" de Merleau Ponty ( premières phrase) dit aussi que le signifiant des mots ne réside pas dans les mots mais dans les écarts entre les mots.

Ce que vous dites ne demande pas de réponse, mais je m'en autorise une... La notion de semblable est effectivement importante, un individu apprend à produire des pensées... lorsqu'il entend une pensée, il cherche son identité par rapport à celles qu'il saurait produire. Cela signifie deux choses, d'une part il y a des invariances (a priori culturelle) qui sont difficiles à identifier, dont nous n'avons pas conscience, qui peuvent être liées (sans être semblables) au symbolisme évoqué par Bourdieu, d'autre part, nous avons tendance à chercher à réconcilier des pensées qui sont opposées... donc à imaginer que nous les comprenons, ce qui va au-delà de l'incompréhension, puisque cela empêche de remettre en cause ces invariants.
 
Ensuite, je ne suis pas certain de comprendre la notion d'écarts entre les mots. Mais, il faut comprendre qu'un dictionnaire est la liste des significations des mots à partir de leurs utilisations, ce n'est pas l'inverse. Ce sont les pensées qui donnent la signification des mots. Ce n'est pas flagrant pour des choses concrètes, pourtant la signification du mot pain aujourd'hui, ne peut être la même que celle d'il y a mille ou deux mille ans, puisque le blé n'existait pas, alors la définition de choses abstraites comme la liberté ou la démocratie ne peut que varier selon les époques. Bien que cela ne soit pas très significatif, le lien [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] permet de trouver des exemples intéressants.
 
D'où l'intérêt des autres ouvrages de Wittgenstein qui pose la question essentielle, lorsque je dis quelque chose, qu'est-ce que cela veut dire (dans le sens, qu'est-ce que je veux obtenir). Il ne s'intéresse alors pas aux mots, mais aux pensées. Ainsi, lorsque je dis que "seuls ceux qui ont eu les mêmes pensées..." qu'est-ce que je veux dire ? Il se trouve que probablement Wittgenstein n'a pas été compris : "Considérant à l'époque que le Tractatus signait la fin de la philosophie, Wittgenstein retourna en Autriche et devint instituteur. [...] Wittgenstein, alors considéré comme un génie de la philosophie, obtint la chaire de philosophie de Cambridge et acquit la nationalité britannique dans la foulée." Normalement, son ouvrage aurait effectivement dû signer la fin de la philosophie puisqu'il cherchait à démontrer que les pensées philosophiques étaient dépourvues de sens (ce n'est pas très différent de Althusser qui disait que les pensées philosophiques servent ceux qui ont le pouvoir)... Lorsque par la suite, il cherchait du sens aux pensées, ce n'était pas celles des philosophes :-). Aujourd'hui, les philosophes ignorent ce que disait "ce génie" et continuent inlassablement à émettre des pensées dépourvues de sens, qui ne peuvent être comprises que par ceux qui savent produire les mêmes... Alors que c'est l'une des clefs de la compréhension de l'être humain: nous ne pouvons comprendre autrui que si nous avons appris à produire les mêmes pensées, que nous avons appris les mêmes invariants. Et que donc la raison est relative à ces invariants.

Pour revenir sur l'existence, la question essentielle pour éviter de produire des pensées dépourvues de sens (relative à la raison des philosophes), c'est bien de savoir à quoi servent les pensées. Nous pouvons poser la question à la façon de Wittgenstein, d'un point de vue individuel (la finalité culturelle d'une pensée), ou selon l'aspect évolutionniste pour ce qui concerne l'espèce humaine (à quoi cela sert de penser puisque les autres animaux ne pensent pas).
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