Crosswind a écrit: Je n'ai malheureusement pas encore eu le temps matériel de lire son livre, ma question pourrait en conséquence sembler naïve si la réponse s'y trouve, mais que sous-tend chez lui le mot "existence" ? J'intègre facilement la première partie de votre intervention, qui concerne la difficile constatation de l'étrangeté de l'Être, mais dès qu'il s'agit de l'existence, je vibre. Vous écrivez "
Dire que l'existence est contingente revient à dire que nous ne pouvons que constater que nous existons. L'existence est de l'ordre du constat, du factuel"
Je n'oserais pour ma part jamais aller aussi loin en ce qui concerne l'établissement existentiel absolu d'un "je" (du moins c'est ainsi que je le comprends). Faire le constat d'une expérience est une chose, cela revient à dire il y a, en déduire une ontologie de la personne (la proposition est peut-être un peu forte mais c'est en l'état celle qui me semble la plus parlante) est abusif en droit : il n'y a pas nécessairement quelque chose pour quelqu'un. A moins que je ne comprenne pas du tout le fond de sa pensée ce qui est fort possible ! De même, s'il est d'évidence impossible d'opérer une déduction lorsqu'il s'agit de s'ouvrir à l'expérience (et cette phrase devrait être lue et relue par les neurologues), il en est de même d'une quelconque opération déductive en ce qui concerne la nature même de cette existence, si d'ailleurs une nature peut être invoqué ici. De quel droit attribuer une quelconque caractéristique à ce constat d'évidence de l'éprouvé puisque, de facto on ne peut en sortir pour en avoir une vision objective ? Enoncer "il y a" ou "je suis là", ce qui n'est pas pareil mais passons, ne permet pas d'inférer la proposition "il y a mais il aurait pu ne pas y avoir" (ou "je suis là mais j'aurais pu ne pas être là"), du moins pas sans se projeter dans une métaphysique particulière. On peut en effet envisager l'existence de quelque chose, une chose transcendante, d'où émergerait le fait de l'éprouvé d'existence, et dans ce cas il est à la rigueur possible (à la rigueur car je crains que même cette position reste faible) de dire "j'existe et j'aurais pu ne jamais l'être". Mais c'est un choix, pas une implacable déduction logique. Toute utilisation d'une partie du contenu de l'éprouvé en vue de le caractériser implique un choix métaphysique de la part de l'auteur.
Vous êtes dans l'analyse exclusive des mots dissociés de leur rapport entre eux. Je dirai que vous êtes totalement acquis à l'analyse. Sartre est un écrivain, et il vient à la philosophie par la voie de l'écrit. Un écrivain, imaginez Proust, ne construit pas son écrit comme vous, vous le pensez. Il n' y a pas analyse mais synthèse immédiate des mots entre eux. Un écrivain entre en liaison avec le sentiment (je vous laisse chercher le sens de "sentiment "en philosophie).
J'ai bien conscience que mon approche du langage n'est pas la vôtre. Je reste néanmoins chevillée à ma manière d'écrire en raison des résultats que j'obtiens, puisque je suis une
femme enseignante, et que je j'obtiens des résultais probants près de mes élèves.
Pour avoir la possibilité de fréquenter d'autres "philosophes" en quoi je diffère de vous? En ce sens que je suis dans le "sentiment", que je perçois les réalités à partir du
sens interne comme dirait Kant (je suis l'exposé actuel d'aliochaverkiev).
Il est nécessaire que vous vous laissiez aller à la musique du texte que j'écris; quand vous l'aurez lu en entier, alors vous pourrez me faire part de vos remarques.
Bien à vous.
Nicole.