Crosswind a écrit:Je n'ai malheureusement pas encore eu le temps matériel de lire son livre, ma question pourrait en conséquence sembler naïve si la réponse s'y trouve, mais que sous-tend chez lui le mot "existence" ? J'intègre facilement la première partie de votre intervention, qui concerne la difficile constatation de l'étrangeté de l'Être, mais dès qu'il s'agit de l'existence, je vibre. Vous écrivez "Dire que l'existence est contingente revient à dire que nous ne pouvons que constater que nous existons. L'existence est de l'ordre du constat, du factuel"Je n'oserais pour ma part jamais aller aussi loin en ce qui concerne l'établissement existentiel absolu d'un "je" (du moins est-ce ainsi que je le comprends). Faire le constat d'une expérience est une chose, cela revient à dire il y a, en déduire une ontologie de la personne (la proposition est peut-être un peu forte mais c'est en l'état celle qui me semble la plus parlante) est abusif en droit : il n'y a pas nécessairement quelque chose pour quelqu'un. A moins que je ne comprenne pas du tout le fond de sa pensée ce qui est fort possible ! De même, s'il est d'évidence impossible d'opérer une déduction lorsqu'il s'agit de s'ouvrir à l'expérience (et cette phrase devrait être lue et relue par les neurologues), il en est de même d'une quelconque opération déductive en ce qui concerne la nature même de cette existence, si d'ailleurs une nature peut être invoqué ici. De quel droit attribuer une quelconque caractéristique à ce constat d'évidence de l'éprouvé puisque, de facto on ne peut en sortir pour en avoir une vision objective ? Enoncer "il y a" ou "je suis là", ce qui n'est pas pareil mais passons, ne permet pas d'inférer la proposition "il y a mais il aurait pu ne pas y avoir" (ou "je suis là mais j'aurais pu ne pas être là"), du moins pas sans se projeter dans une métaphysique particulière. On peut en effet envisager l'existence de quelque chose, une chose transcendante, d'où émergerait le fait de l'éprouvé d'existence, et dans ce cas il est à la rigueur possible (à la rigueur car je crains que même cette position reste faible) de dire "j'existe et j'aurais pu ne jamais l'être". Mais c'est un choix, pas une implacable déduction logique. Toute utilisation d'une partie du contenu de l'éprouvé en vue de le caractériser implique un choix métaphysique de la part de l'auteur.
"il est d'évidence impossible d'opérer une déduction lorsqu'il s'agit de s'ouvrir à l'expérience" : que voulez vous dire? s'ouvrir à l'expérience, c'est une attitude, ce n'est pas encore un expérience. On ne peut rien déduire d'une attitude? on ne pas en déduire par exemple que celui qui s'ouvre à l 'expérience pense vérifier quelque chose par l'expérience? si maintenant vous parlez d'une déduction à partir d'un fait d'expérience, il y a pas encore de fait lorsqu'on s'ouvre à l'expérience. alors que voulez vous dire?
de quoi voulez vous parler quand vous écrivez "nature même de cette expérience", quelle nature? qui m'empêche de dire "il y a mais il aurait pu ne pas y avoir"?
qui empêche de dire : "pourquoi y a t il quelque chose plutôt que rien?" j'arrête là.