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Autour d'une pensée de l'existence

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Dienekes
aliochaverkiev
Vangelis
Crosswind
Arcturus
9 participants

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 9 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Crosswind a écrit:
Puisque je ne compte pas monopoliser votre espace de parole, mes questions restant en suspens, je réfléchis à la meilleure manière de les formuler sur un fil dédié sans que ce dernier n'empiète sur le vôtre. Ainsi chacun y trouvera son compte.

Sage décision.

A tous les intervenants sur ce fil.

Il convient d'être à la hauteur de ce que nous propose Arcturus en terme de travail et de ne pas intervenir pour tout et n'importe quoi. En l'occurrence, il s'agit de lire correctement ce qui est écrit et de ne pas faire de procès d'intention sur ce qui n'a pas encore été dit. Nous sommes sur un forum où le dialogue est privilégié par nature, mais que cela ne nous fasse pas tomber dans le trépignement d'un tweeteur effréné. Quand il est exposé un sujet aussi complexe et long que celui-ci, la patience est de rigueur. Il ne s'agit pas de modérer toutes les questions, mais de cerner la pertinence de celles-ci en regard d'un sujet en chantier. Cela procède uniquement d'un problème de discernement et que chacun doit résoudre (ce n'est pas optionnel). Au besoin, et je ne devrais même pas le mentionner, chacun est libre de noter dans son coin ses remarques et d'apprécier en toute fin, ou au moment adéquat, si elles sont pertinentes et susceptibles d'être livrées au lecteur.   

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Je pensais justement, Monsieur Crosswind, que vous pourriez ouvrir un "sujet", y tenir un développement qui vous permette de dire, d'exprimer et d'affirmer votre pensée et votre personnalité. J'ai le sentiment que, par moments, vous réalisez votre désir d'exister plus dans la réaction que dans la création. Mais exister dans la réaction c'est prendre le risque à chaque fois de sentir l'existence s'enfuir, comme d'ailleurs moi-même je sens cette existence s'enfuir lorsque j'entre dans la réaction lorsque je vous réponds. 

Tout cela comme l'écrit Monsieur Vangelis ne mène qu'à une impasse.

Cela dit nous sommes tous dans la quête de l'existence moi y compris. 

La raison pour laquelle j'ai du mal à vous répondre c'est que vous me posez des questions dont je suis justement en train de m'occuper. Je dois, pour répondre à vos questions, d'abord achever l'étude de tous les philosophes qui ont approché la question de l'existence, cela depuis Aristote. Je viens de terminer un travail sur Saint-Thomas-d'Aquin qui fera l'objet d'un développement dans un prochain chapitre. 

Ce que je vous propose c'est, lorsque j'aurai terminé l'introduction (je n'en suis qu'au tiers pour le moment), vous me posiez vos questions. 

Voilà je continue mon exposé et je vous donne rendez-vous à la fin de l'introduction.

Croyez bien que je suis attentive à vos questions, je vous prends en considération, mais j'ai besoin aussi de sérénité pour continuer à écrire, au moins jusqu'à la fin de l'introduction.

Croyez bien, Monsieur Crosswind, à toute mon attention.

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Est-il sérieux de douter de son existence ? "Comment douter de mon existence ?" (Descartes, Méditations métaphysiques : première méditation paragraphe 4 aliéna 4). Il y a une fausse évidence de l'existence qui semble aller de soi. Mais si je veux, comme Descartes, être assuré de la véracité de mes propres certitudes, je vais faire l'effort de mettre en doute ce qui semble irraisonnable, c'est-à-dire l'existence elle-même. "Comment pourrais-je nier que ces mains, ce corps soient à moi" demande le philosophe ? Certes je le peux, mais si je le fais, je suis comparable à ces insensés, à ces fous qui ont d'eux-mêmes une perception erronée.

Douter comme le fait Descartes, de son existence est encore témoigner de cette existence dont je doute. Douter est une modalité de la pensée, douter que j'existe est non seulement affirmer de ce fait mon existence, mais affirmer cette existence comme pensée.

C'est le sens du célèbre cogito. Ce rappel cartésien nous montre que l'existence est présupposée dans la question de l'existence. Si je me pose des questions sur l'existence, c'est que moi je suis un être existant. C'est un truisme ; mais la chose la plus difficile à exposer. 

L'existence ne saurait être détachée  de moi, je ne puis arriver qu'à une pure tautologie : je suis ma propre existence . Nous avons donc l'impression que le sens commun a tout à fait raison de confondre être et exister. Néanmoins il est remarquable que Descartes découvre cette certitude d'exister au cours d'une réflexion qui concerne les sens organiques. Cette certitude de l'existence que nous croyons posséder dès le départ, si nous nous interrogeons par quel moyen elle se donne à nous, la réponse est la réponse cartésienne : les sens. Nous sommes certains d'exister parce que nous nous sentons. Notre existence se confond ici par les millions de sensations que notre corps enregistre en permanence. En effet les sens nous donnent une certitude immédiate de l'existence  de toutes choses. L'existence confondue avec l'être est certaine et immédiate parce qu'elle s'impose à nous d'abord par l'entremise de la perception et des sens. C'est un constat tout à fait banal, mais ce constat va nous conduire à une deuxième confusion. Cette confusion est que lorsque nous disons que quelque chose est, c'est-à-dire existe, nous voulons dire que cette chose existe réellement, dans la réalité matérielle. Être réellement, être vraiment  cela veut dire être d'abord, exister d'abord sous une forme matérielle, que ce soit de la nature vivante organique ou de de la matière inanimée. Cependant toute la philosophie occidentale à commencer par l'édification de la métaphysique va nous montrer qu'être dans la réalité, être matériellement n'épuise pas le concept d'être, lequel recouvre un domaine beaucoup plus vaste.

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Pour rebondir sur la question du "sentiment" je rapporte ici la définition du phénomène telle que je la vois écrite sous mes yeux par Philippe Solal et Pierre-Jean Dessertine  dans "Premiers pas en philosophie, éditions Ellipses, page 70 :

"Un phénomène est une réalité telle que notre sensibilité l'accueille. Notre sensibilité est soit externe, par les sensations; soit interne, par les sentiments. Il y a donc des phénomènes extérieurs et des phénomènes intérieurs".

De ce que je peux lire ici sur l'existence, je vois bien que la perception de l'existence est d'abord une perception interne, de l'ordre du sentiment. 

Par ailleurs le roman a souvent été pris comme véhicule par nombre de philosophes pour exprimer, développer, exposer leurs idées. Pensons  au siècle des Lumières avec Diderot, Voltaire et tant d'autres. 

Sartre a beaucoup utilisé le roman pour exposer ses idées parce que (c'est du moins mon opinion) le roman est le lieu où il est plus aisé de parler du sentiment.

Bien sûr il est possible d'être surpris par des phrases telles que celles-ci, employées par Sartre dans son roman "La Nausée" :

"Il restait des masses monstrueuses et molles, en désordre - nues, d'une effrayante et obscène nudité. [...]
J'étais là, immobile et glacé, plongé dans une extase horrible. Mais, au sein même de cette extase quelque chose de neuf venait d'apparaître; je comprenais la Nausée, je la possédais".


Cette façon d'exposer l'existence, à travers des mots qui vont à l'opposé de ce que l'homme de pure raison attend peut choquer. Sartre semble aller contre toute objectivité, et sombrer dans la subjectivité du sujet (le sujet qu'il est lui-même). Pourtant...cette subjectivité il est possible de la resituer, de l'interpréter, en se hissant jusqu'à cette analyse qu'il y a quelque chose de "choquant" dans la découverte de l'existence, que ce choc peut être vécu différemment selon l'individu qui la vit (nausée chez Sartre, mais crainte chez cet autre ou émerveillement chez ce dernier).

Cela dit je me demande si la philosophie doit toujours se cantonner à une attitude "scientifique" dans son appréhension des questions qui se posent à l'homme, c'est-à-dire une attitude régentée par le seul exercice de la raison. En se cantonnant à l'exercice de la raison seulement, elle semble comme les scientifiques ne se préoccuper que de la sensation (les phénomènes extérieurs). Et le sentiment? S'occuper des phénomènes intérieurs serait donc moins noble, alors que les sentiments occupent les pensées de l'écrasante majorité des hommes et des femmes pendant pratiquement tout leur temps de vie !

La philosophie occidentale en réprimant, en infériorisant le sentiment ne se prive-t-elle pas d'un champ énorme de réflexion ? Car, après tout, dans la réalité, c'est bien la relation à l'autre qui nous tient en haleine, c'est bien le sentiment qui sans cesse ressort sous la raison.

Il ne s'agit pas d'exclure la raison ! mais parfois de la soumettre au sentiment, plutôt que de toujours soumettre le sentiment à la raison. Ou, si nous voulons ne plus parler de soumission, alors  marier la raison au sentiment.

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Que veut dire être-exister ? [les deux mots restant accolés du fait d'une distinction non encore réalisée dans les esprits]

Être-exister signifie être-exister non pas matériellement, mais idéalement. Il y a une modalité de l'existence qui est une modalité logique. Quand je construis un concept dans mon esprit ce concept est, existe, il a une réalité, néanmoins je ne peux ni le voir, ni le toucher. Je ne peux que le concevoir dans mon esprit mais quand même lui donner un degré d'être, un degré de réalité. Cette catégorie d'être est beaucoup plus vaste qu'il n'y paraît puisqu'elle excède complètement cette partie de la réalité où sont les choses matérielles, inanimées et animées. Il y a donc de l'être ailleurs que dans l'univers des choses matérielles qui m'entourent et dont je fais partie. Il y a de l'être au niveau de l'idée, du concept.

On peut aller jusqu'à inverser les choses et dire : "Si je peux tracer un cercle géométrique sur un tableau matériellement, réellement, c'est qu'il existe idéalement" c'est-à-dire dans mon esprit il existe un concept de cercle (Platon). Ce concept de cercle dont mon esprit dispose c'est ce qui va me permettre de tracer réellement ce cercle. La réalité n'est pas que matérielle, plus exactement la réalité matérielle n'est qu'une petite partie de la réalité. Ce qui m'abuse, c'est que, lorsque je viens au monde, cette réalité s'impose comme étant la réalité. Et ceci me marque d'une empreinte quasiment indélébile. Il faut tout le travail de la philosophie qui est un travail de construction, pour substituer peu à peu à cette empreinte, une reconstruction conceptuelle plus riche.

L'être se décline à deux niveaux. Il y a l'être réel qui se matérialise, il y a aussi l'être logique (propre à l'entendement) qui lui n'est que pensable.
On appelle idéalisme tout système de pensée, toute philosophie qui, à l'instar de celle de Platon qui fut le premier de tous les philosophes idéalistes, pose d'abord logiquement, avant toutes choses, le primat de l'être logique sur l'être réel. Le propre de l'idéalisme est de dire : il existe une autre réalité que la réalité matérielle et la réalité matérielle n'est au fond que la représentation de cette réalité supérieure qui est la réalité intelligible, la réalité de l'idée. Platon va tenter de nous montrer que le degré le plus grand de la réalité n'est pas dans la matière. La table n'est jamais qu'une duplication très décevante de quelque chose qui est posée au départ comme étant réelle absolument, vraie absolument. Ce réel absolument on ne le trouve qu'au niveau des pures idées, des purs concepts.

Être et exister peut intéresser aussi bien les êtres matériels que les êtres logiques, comme les êtres mathématiques, les idées philosophiques. Ce sont des êtres logiques qui n'ont pas de matérialité.

Cette distinction est tout à fait capitale puisqu'elle va nous poser immédiatement un problème, puisque nous ne pouvons plus nourrir  la même certitude face à l'existence, laquelle a cessé de nous apparaitre comme quelque chose d'évident, qui ne pose pas de problème, qui est perméable à toute question, qui va de soi. Au contraire l'existence est vouée d'emblée, d'autorité, à ce que nous pourrions appeler une véritable duplicité.

Dernière édition par Arcturus le Sam 30 Avr 2016 - 11:55, édité 1 fois
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