à Euterpe,
Je ne suis pas assez bon connaisseur du romantisme allemand pour vous répondre utilement.
Que Nietzsche s'oppose au romantisme je le conçois bien. Je ne sais pas en revanche s'il comprend Spinoza à travers le prisme du romantisme. Il me faudrait des liens précis entre Nietzsche et l'interprétation du Spinozisme par des romantiques (celle de Novalis par exemple que Nietzsche connaît, ou d'autres).
Deuxième difficulté : il faut bien montrer en quoi une interprétation allemande et romantique de Spinoza est problématique.
Quand on met de côté l'ivresse de Dieu (laquelle par parenthèse ne me semble pas une mésinterprétation), disons donc l'Éthique sans la cinquième partie, la question du conatus (l'effort) devient fondamentale.
Ce n'est pas sur la volonté que Spinoza et Nietzsche divergent mais sur ce que l'effort vise. Chez Spinoza persévérer dans son être, chez Nietzsche le dépassement.
Pour Nietzsche il n'y a pas une volonté de vivre mais une volonté de la vie. Ce n'est pas Spinoza qu'il critique explicitement, c'est Schopenhauer qu'il critique. Je pense que s'il avait assimilé le conatus de Spinoza à une "volonté de vivre" Nietzsche aurait fait erreur, mais il reste que le conatus n'est pas plus une volonté de la vie, c'est-à-dire une volonté de puissance (au sens de N.), dépassement de soi-même.
Il me semble que dans le conatus il n'y a pas cette idée de dépassement de soi-même et qu'il y a même l'idée contraire, celle de perdurer dans une identité essentielle (d'essence), celle de l'acte. Il n'y a pas de volonté de la vie chez Spinoza, Dieu n'a pas de volonté.
bien à vous
hokousai
Dernière édition par hokousai le Jeu 8 Nov 2012 - 23:08, édité 2 fois
Je ne suis pas assez bon connaisseur du romantisme allemand pour vous répondre utilement.
Que Nietzsche s'oppose au romantisme je le conçois bien. Je ne sais pas en revanche s'il comprend Spinoza à travers le prisme du romantisme. Il me faudrait des liens précis entre Nietzsche et l'interprétation du Spinozisme par des romantiques (celle de Novalis par exemple que Nietzsche connaît, ou d'autres).
Deuxième difficulté : il faut bien montrer en quoi une interprétation allemande et romantique de Spinoza est problématique.
hokousai a écrit:Ce qui conditionne, bien évidemment, celle que Nietzsche en a. Il ne semble pas que cet historien fût un romantique. Je pense que si Nietzsche avait étudié Spinoza avec précision et par lui-même, il l'aurait néanmoins en partie rejeté.Je n'ai pas, moi, lu Kuno Fischer ; je ne peux donc savoir le degré de profondeur de sa lecture de Spinoza
Quand on met de côté l'ivresse de Dieu (laquelle par parenthèse ne me semble pas une mésinterprétation), disons donc l'Éthique sans la cinquième partie, la question du conatus (l'effort) devient fondamentale.
Ce n'est pas sur la volonté que Spinoza et Nietzsche divergent mais sur ce que l'effort vise. Chez Spinoza persévérer dans son être, chez Nietzsche le dépassement.
Pour Nietzsche il n'y a pas une volonté de vivre mais une volonté de la vie. Ce n'est pas Spinoza qu'il critique explicitement, c'est Schopenhauer qu'il critique. Je pense que s'il avait assimilé le conatus de Spinoza à une "volonté de vivre" Nietzsche aurait fait erreur, mais il reste que le conatus n'est pas plus une volonté de la vie, c'est-à-dire une volonté de puissance (au sens de N.), dépassement de soi-même.
Il me semble que dans le conatus il n'y a pas cette idée de dépassement de soi-même et qu'il y a même l'idée contraire, celle de perdurer dans une identité essentielle (d'essence), celle de l'acte. Il n'y a pas de volonté de la vie chez Spinoza, Dieu n'a pas de volonté.
bien à vous
hokousai
Dernière édition par hokousai le Jeu 8 Nov 2012 - 23:08, édité 2 fois