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La vulgarisation de la philosophie.

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5 participants

descriptionLa vulgarisation de la philosophie. EmptyLa vulgarisation de la philosophie.

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J'aimerais avoir des ouvrages qui traitent de la vulgarisation de la philosophie (des références précises si cela est possible.)
J'avoue privilégier les lectures contemporaines parce que leur propos pourrait s'étendre jusqu'aux nouveaux médias.

L'idée qui me tracasse est de savoir si la vulgarisation de la philo par la télévision est efficace, voire même possible. N'y a-t-il pas un danger à réduire la philosophie, comme dans le cas d'Enthoven, à une conversation de 26 minutes ? Est-ce toujours de la philosophie ? Je conçois mal la possibilité d'éprouver un plaisir intellectuel, celui de comprendre, en si peu de temps. Comprendre implique la patience, et en 26 minutes on s'approprie pas le contenu qui nous est offert. Au delà même de la possibilité de faire de la philosophie en 26 minutes, ne devrions-nous pas nous demander où se trouve la légitimité d'une telle démarche ? Faut-il vulgariser la philosophie au risque d'en faire quelque chose de spectaculaire ? Une philosophie du spectacle qui fausse toute la rigueur et la technicité propre à la philosophie ?

Merci pour vos réponses.

descriptionLa vulgarisation de la philosophie. EmptyRe: La vulgarisation de la philosophie.

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Je ne comprends pas La physique d'Aristote sans percevoir intuitivement un écart, ni d'ailleurs sa métaphysique, sur un point précis : la causalité pensée par les Grecs n'est pas la causalité pensée par nous actuellement. Il me faut donc plonger dans des textes grecs pour tenter de percevoir comment se comprenait la causalité, sinon même le monde. D'où l'intérêt d'une vulgarisation, dans ce cas.

La thèse de Descartes (cogito, ergo sum) est réputée pour ne pas demander beaucoup de connaissances antérieures. Mais le reproche adressé à Descartes de n'être pas partir d'un syllogisme pour énoncer sa thèse est un défi pour tout vulgarisateur, car pour le comprendre il faut remonter aux Analytiques d'Aristote.
Cela dit vous pouvez très bien faire de la philosophie sans rien connaître des thèses antérieures, mais alors vous ne vulgarisez rien du tout. Si vous avez la puissance de penser de Wittgenstein vous serez un immense philosophe "sans ancêtres" :
Wittgenstein, Carnets a écrit:
« Si mon nom doit survivre, ce ne sera que comme le terminus ad quem de la grande philosophie occidentale. Comme le nom de celui qui a incendié la bibliothèque d’Alexandrie ».


bien à vous
hokousai

descriptionLa vulgarisation de la philosophie. EmptyRe: La vulgarisation de la philosophie.

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J'ai trop lu de textes de vulgarisation qui, a vouloir faire simple et court, manquaient le sujet à un moment ou un autre ; et parfois sur des aspects fondamentaux. Non que les auteurs de ces manuels d'initiation ne possèdent pas leur sujet, mais la pédagogie est une qualité rare. Je tombe parfois sur certains petits livres qui valent de l'or en matière de pédagogie, mais pour apprécier il faut soit avoir des munitions, soit avoir buter/bûcher soi-même sur les questions.
Je pense en ce moment à un excellent petit livre de François Schmitz sur Wittgenstein (Les belles lettres). Je l'estime très pédagogique, mais comment puis-je juger de son effet sur quelqu'un qui n'a jamais lu Wittgenstein ou qui est novice ? Un bon pédagogue ne va pas rater sa cible, mais lui ne peut se contenter d'avoir une approche simplifiée de ce dont il parle. Même simplifiées autant que cela se peut, les questions philosophiques restent complexes. Pourquoi complexes ? On est là dans la question des limites posées sur un autre fil.

Je vais vous répondre sur Descartes (je n'ai aucun mérite, je redis ce que j'en ai lu et qui me paraît assez simple néanmoins) :
un des professeurs de l'Oratoire critique de Descartes à son époque a écrit:
Descartes ne s'aperçoit pas qu'il est impossible que le raisonnement soit le premier principe du raisonnement et de la connoissance, autrement une chose seroit principe d'elle-même [...]. Or cogito ergo sum est un raisonnement, mais bien défectueux, puisque la conséquence de cet enthymème est la même chose que l'antécédent. Car cogito veut dire en termes de philosophie Ego sum cogitans [...]. Le premier principe des sciences doit estre universel et nécessaire, parce que la science est de universalibus et necessariis : or ce principe cogito est quelque chose de singulier et très-incertain, puisqu'il est (comme disent les philosophes) de individuo et in materia contingente. Ego sum : est propositio singula-rissima, et, cogito est quid incertissimum ; et quel est l'écolier qui ne sçait point que le premier principe est le fondement de la vérité des démonstrations ? et ne fut jamais une démonstration a posteriori par des effets : Or cogito ergo sum prouve a posteriori l'existence de l'homme par sa propre opération


commentaire actuel que je recopie a écrit:
Les auteurs de ce document rejettent le cogito en tant que principe de la connaissance ou de la science à proprement parler, parce qu'un tel principe, selon les Seconds Analytiques, doit être un « universel proportionné », c'est-à-dire une proposition dont l'attribut appartient essentiellement à toutes les instances de son sujet (73b 26-30). Le cogito, donc, ne s'accorde pas du tout avec le modèle scolastique de la connaissance scientifique pure. Il n'est ni universel ni nécessaire, mais singulier et contingent. En outre, c'est un raisonnement, et même un raisonnement défectueux ; ou bien il a besoin d'une prémisse majeure non spécifiée, ou bien il se réduit à une pétition de principe.

Gassendi, qui n'était pas scolastique, lui fait une objection dans le même sens :
Gassendi a écrit:
le cogito est un enthymème qui a besoin de la prémisse majeure « celui qui pense est » ; le cogito donc ne peut pas être la première vérité qui a été découverte
.

descriptionLa vulgarisation de la philosophie. EmptyUn nouveau disciple !

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Moi je suis relativement novice en philosophie, c'est-à-dire que je ne m'y intéresse (beaucoup) que depuis quelques mois. Bien sûr, je suis conscient que la philosophie est ouverte à tous, et que tout le monde peut philosopher, toutefois je ne suis pas encore très bien familiarisé avec toutes les doctrines et les idées. Certains auteurs me paraissent beaucoup plus "ardus" que d'autres dans leurs argumentations. Par exemple je comprends beaucoup mieux les écrits stoïciens comme ceux de Sénèque ou d'Epictète que ceux, beaucoup plus contemporains, de Sartre par exemple. Progressivement je me "fais" à la démarche philosophique, mais c'est assez difficile je trouve.

J'ai une sensibilité littéraire, plus précisément poétique, mais je n'avais quasiment jamais ouvert de livre de philosophie jusqu'à récemment, disons quelques mois. C'est justement le stoïcisme qui m'a "captivé", et qui m'a motivé pour creuser davantage la question. Ensuite j'ai lu L'éthique de Spinoza, du moins j'ai essayé, et j'ai adoré certains concepts que je trouvais fascinants, notamment celui de l'immanence qui me touche de près. Bref, vous l'aurez compris, même si je suis plutôt littéraire dans l'âme, j'ai encore beaucoup à apprendre de la philosophie. D'ailleurs c'est précisément pour cela que j'ai décidé de reprendre des études en philosophie, et de m'inscrire parmi vous bien entendu.

Concernant la vulgarisation de la philosophie, évidemment j'y suis favorable. Car celle-ci ne doit pas être réservée à une élite intellectuelle qui se serait emparée de ses textes afin de les garder précieusement dans un coffre. Il faut populariser les idées philosophiques, le tout est de savoir comment. Moi j'ai été assez satisfait des ouvrages de vulgarisation que j'ai lus, par exemple Le grand livre des philosophes de Zimmer, que j'ai beaucoup aimé, ou Le bonheur avec Spinoza (audio), le roman Le monde de Sophie, etc.

En tous cas j'ai soif de philo !

descriptionLa vulgarisation de la philosophie. EmptyRe: La vulgarisation de la philosophie.

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Bonsoir,

je reviens vers vous après un long moment d'absence.

@Christophe
Ce qui me pose problème c'est qu'enseigner et vulgariser sont deux choses différentes, deux mots qui possèdent chacun un sens précis.

Vulgariser c'est la démarche par laquelle un savant "simplifie" ou traduit ses connaissances pour les mettre à la portée d'un public "profane" qui ignore tout de la discipline sur laquelle porte cette connaissance. Ce qui est alors donné au public n'est qu'un simulacre de la connaissance. Nous avons tous en mémoire ces images de lave en fusion que les différents documentaires sur les volcans nous montrent. Nous avons certes en mémoire ce phénomène qui entre dans l'ordre du spectacle, nous constatons un fait mais nous n'en connaissons pas la véritable cause. Il faut, pour comprendre un phénomène, être scientifique et étudier le sujet de sorte qu'on en comprenne tous les enjeux, les acteurs...

Enseigner, c'est une démarche instructive qui a pour but de rendre dépositaires un certain nombre d'adeptes d'une connaissance précise sur un sujet donné. Un professeur de physique nous donnera l'explication précise du spectre de la lumière blanche, etc. Cette démarche nécessite plus de temps, celui de l'assimilation.

Ce temps est très problématique. D'abord, lorsqu'on regarde un documentaire ou une émission nous ne pouvons pas retourner en arrière pour comprendre ou mieux entendre ce qui est dit. Le téléviseur est une sorte de fleuve dont le débit ne peut être contrôlé par le spectateur. Si le spectateur manque de vigilance, il ne pourra pas retourner en arrière. En classe, il en est autrement car nous avons un interlocuteur, un professeur dont le seul but est de parvenir à nous faire comprendre quelque chose. Poser une question implique une réponse.

Pensez-vous qu'en 25 minutes, Raphaël Enthoven puisse espérer faire passer le doute propre à la philosophie chez ses spectateurs ? Ne pensez-vous pas qu'il vole le rôle des institutions scolaires, c'est-à-dire des professeurs de philosophie ?

Comment légitimer la vulgarisation de la philosophie ? Vulgariser la philosophie est souvent assimilé à un acte héroïque mais ne peut-on pas y voir une sorte de trahison de la philosophie ? Souvent le public prend la philosophie pour une réponse à notre mal être alors que dans le fond elle n'est que la prise de conscience de notre doute sur les choses, de l'incertitude qui caractérise l'homme et ce qui l'entoure.

Vulgariser implique automatiquement une traduction simplifiée pour donner l'impression aux spectateurs ou lecteurs l'impression de comprendre quelque chose, mais dénaturer la philosophie de son langage technique est-ce encore faire de la philosophie ? Après tout la seule barrière entre la philosophie et les questions existentielles d'une adolescente, c'est le mode opératoire par lequel on traite le problème et le langage technique que l'on utilise pour mieux le cerner.
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