Une lecture attentive de Madame Périer est d'emblée instructive :
Même dans ce mauvais article de Wikipedia, le ou les auteurs ne parviennent pas à cacher ce qu'ils nient (ils le disent : Pascal n'aurait pas été libertin) :
Elle a beau mettre un soin particulier à l'emballage apothéosiaque de feu son frère, l'apocoloquintose de ses lecteurs n'est pas garantie. Qu'est-ce qui obligea Pascal à lire des écrits de piété ? Ça sent la contrition après une bêtise, quand même. Qu'entend-elle par "préservé ... de tous les vices de la jeunesse" ? Que ses libertinades, heureusement, furent sans conséquences, mais qu'il avait pris des risques ? Enfin, pour ne pas se laisser émouvoir par les libertins, il faut en avoir une certaine expérience, une certaine habitude. Or, que diable sont ces choses naturelles qui occupèrent un temps sa curiosité ? Sa période mondaine est quand même un peu trop vite expédiée à mon sens. Nous lisons là une femme qui a pardonné à quelqu'un.Immédiatement après cette expérience*, et lorsqu'il n'avait pas encore vingt-quatre ans, la Providence ayant fait naître une occasion qui l'obligea à lire des écrits de piété, Dieu l'éclaira de telle sorte par cette lecture, qu'il comprit parfaitement que la religion chrétienne nous oblige à ne vivre que pour Dieu et à n'avoir point d'autre objet que lui et cette vérité lui parut si évidente, si nécessaire et si utile, qu'il termina toutes ses recherches de sorte que dès ce temps-là il renonça à toutes les autres connaissances pour s'appliquer uniquement à l'unique chose que Jésus Christ appelle nécessaire.
Il avait été jusqu'alors préservé, par une protection de Dieu particulière, de tous les vices de la jeunesse et ce qui est encore plus étrange à un esprit de cette trempe et de ce caractère, il ne s'était jamais porté au libertinage pour ce qui regarde la religion, ayant toujours borné sa curiosité aux choses naturelles. Il m'a dit plusieurs fois qu'il joignait cette obligation à toutes les autres qu'il avait à mon père, qui, ayant lui-même un très-grand respect pour la religion, le lui avait inspiré dès l'enfance, lui donnant pour maxime que tout ce qui est l'objet de la foi ne le saurait être de la raison, et beaucoup moins y être soumis. Ces maximes, qui lui étaient souvent réitérées par un père pour qui il avait une très-grande estime, et en qui il voyait une grande science accompagnée d'un raisonnement fort net et fort puissant, faisaient une si grande impression sur son esprit, que quelques discours qu'il entendît faire aux libertins, il n'en était nullement ému [...].
* Expérience de Torricelli.
Même dans ce mauvais article de Wikipedia, le ou les auteurs ne parviennent pas à cacher ce qu'ils nient (ils le disent : Pascal n'aurait pas été libertin) :
Son père meurt en 1651 et Pascal prend possession de son héritage et de celui de sa sœur Jacqueline. Le 4 janvier 1651, en dépit de l’opposition de son frère, Jacqueline entre à Port-Royal de Paris. Légalement, elle perd ses droits civiques. Pascal se coupe de Port-Royal pendant deux ans et neuf mois, sauf quelques entrevues orageuses avec sa sœur. L’entrée de sa sœur au couvent déclenche chez Pascal une dépression. Les médecins lui conseillent de se marier, de prendre une charge. Pascal s’y oppose, les médecins insistent. Finalement Pascal accepte et fait des démarches dans ce sens. Il aurait pu, marié, garder sa fidélité à Dieu comme les deux infirmiers, comme Monsieur de Renty dont il a lu la vie écrite par Saint-Jure un jésuite, mais il comprend vite que ce n’est pas sa voie. En septembre 1652, il part à Clermont-Ferrand où Florin vient d’acheter Bienassis avec son beau château. Il y restera huit mois. Bienassis jouxte le domaine des carmes déchaussés où Pascal retrouve Blaise Chardon son cousin et ami d’enfance qui est religieux. Pascal fait une première retraite qu’attestera sa sœur et lit Jean de la Croix. Il découvre la contemplation et devient mystique. Au moment de prononcer ses vœux en juin 1653, Jacqueline veut faire une dot importante au monastère, ce qui est illégal. En mai, Pascal est à Clermont. Avec Florin Périer, époux de Gilberte, ils refusent en se plaçant sur le plan juridique. Pascal rentre à Paris pour régler l’affaire. Entrevue orageuse ! Finalement il sera généreux.
Ainsi, Pascal se trouve à la fois riche et libre. Il prend une maison somptueusement meublée, avec beaucoup de domestiques et se fait conduire dans Paris avec une voiture tirée par quatre ou six chevaux. Il passe son temps en compagnie de beaux esprits, de femmes et de joueurs (comme son travail sur les probabilités le montre). Il poursuit un temps, en Auvergne, ses travaux et une dame de grande beauté, qu’il appelle la « Sapho de la campagne ». À cette époque, il inspire un Discours sur les passions de l’amour (qui ne semble pas être de sa main), et apparemment il a médité sur le mariage qu’il décrit plus tard comme « la plus basse des conditions de la vie permises à un chrétien ».
Jacqueline lui reproche sa frivolité et prie pour qu’il change de vie. Durant les visites à sa sœur à Port-Royal en 1654, il montre du mépris pour les affaires du monde mais il n’est pas attiré par Dieu.
Dernière édition par Euterpe le Dim 6 Jan 2013 - 20:28, édité 1 fois