Au cinquième été de ce fil qui compte près de cinq cents messages, un point s’impose. D’autant plus que la publication intempestive et fragmentée d’une sorte d’essai répondant à une autre problématique l’obscurcit passablement.
Rappeler donc d’abord la problématique de départ s’impose pour la clarté. Dehaene nous a-t-il donné le code de la conscience ? Voilà la question brute originelle. L’existence de la conscience animale comme humaine est-elle due à la seule intégration d’algorithmes d’informations ? Voilà la vraie question qu’on pose ici.
La conscience « informatique » de Dehaene, cette conscience qu’il croit possible de fabriquer simplement en étendant et en assouplissant les processus d’intégration d’une machine fait l’impasse totale sur la dimension affective sans laquelle la conscience ne saurait avoir d’existence réelle. C’est ce que j’ai souligné dans mon message liminaire. En même temps, j’ai introduit et proposé à la discussion l’idée d’une énergie psychique qui serait propre à la conscience.
Dans mon message du 30 juin : « Cinq pirouettes et deux émois », je reviens sur cette notion d’énergie psychique d’une façon qui se veut un peu plus précise mais qui a encore besoin d’être éclairée.
L’idée est qu’on peut trouver chez l’homme éveillé comme chez un des premiers animalcules candidats à la conscience, le nématode C. elegans un comportement témoignant d’un phénomène psychique identique. Ce comportement est la « pirouette », la volte-face du nématode nageant dans une direction donnée et y détectant la présence d’un répulsif chimique et celle du coureur de fond rencontrant une odeur infecte. Le phénomène psychique concomitant immédiatement postérieur à la détection et immédiatement antérieur à la volte-face est un émoi que j’appelle « l’émoi de la pirouette ». Cet émoi a trois composantes : une composante qualitative particulière qui le constitue en tant que quale, une composante affective qui lui donne sa nature de mal être entraînant un désir de fuite, une composante quantitative enfin qui correspond au degré du mal être et qui entraîne précisément l’effet de la pirouette et donc correspond au degré d’effort nécessaire pour pirouetter. La première caractéristique peut être considérée comme tout à fait variable. La sensation associée au mal être peut avoir des origines très différentes et recevoir en fonction de cela une nature tout à fait particulière. Mais le mal être en soi et son degré qui engendre la pirouette sont pour moi identiques chez le nématode et chez l’homme. Si le degré était plus faible, la pirouette n’aurait pas lieu. Je considère en effet que le coût de l’effort pour accomplir la pirouette nécessite un degré minimum de désagrément qui, toutes choses égales par ailleurs, est en quelque sorte invariable, quel que soit le pirouetteur.
Et je considère en même temps que ce degré-là mesure une quantité d’énergie psychique. Cette quantité d’énergie psychique est alors associée à la quantité d’énergie physique dépensée dans l’effort. Elle n’existe qu’autant qu’il y a une quantité d’énergie physique dépensée. Mais (et c’est là ce que j’ai souligné dans mon article) cette quantité d’énergie physique dépensée, qui est entrée en quelque sorte dans le circuit de production du mal être, donc de l’énergie psychique, ne se confond pas avec elle. Il n’y a pas transmutation de l’énergie physique en énergie psychique sinon le mal être du nématode qui se retourne serait des milliards de fois plus faible que celui du coureur de fond faisant volte-face et il n’y aurait plus cette identité de degré indépendant de la masse de l’animal mobile. C’est ce que j’ai reprécisé dans ma réponse à Phiphilo du 8 juillet :
« J’envisage un objet de masse m1, le nématode et un autre de masse m2, le coureur. L’énergie de l’émoi ressenti avant d’effectuer la pirouette aurait une grandeur égale à celle de l’effort fourni représentant une dépense d’énergie e1 pour le nématode et e2 pour le coureur. e1 serait une portion donnée de l’énergie de masse totale de m1 : E1, soit a. Et on aurait aE1=e1. Pour le mobile de masse m2 (le coureur) on aurait e2=bE2, b étant la portion donnée de l’énergie totale de masse m2 : E2.
Je suppose que e1/E1 = e2/E2 => aE1/E1 = bE2/E2 => a=b = r, une constante donnée par un nombre réel compris entre 0 et 1. »
Alors l’énergie psychique aurait bien comme l’énergie physique une grandeur mesurable. Mais sa mesure ne saurait être faite qu’en relation avec la masse de l’être supposé conscient, sa grandeur augmentant quand augmenterait la proportion d’énergie physique entrant dans le circuit de production par rapport à cette masse et diminuant à l’inverse.
Rappeler donc d’abord la problématique de départ s’impose pour la clarté. Dehaene nous a-t-il donné le code de la conscience ? Voilà la question brute originelle. L’existence de la conscience animale comme humaine est-elle due à la seule intégration d’algorithmes d’informations ? Voilà la vraie question qu’on pose ici.
La conscience « informatique » de Dehaene, cette conscience qu’il croit possible de fabriquer simplement en étendant et en assouplissant les processus d’intégration d’une machine fait l’impasse totale sur la dimension affective sans laquelle la conscience ne saurait avoir d’existence réelle. C’est ce que j’ai souligné dans mon message liminaire. En même temps, j’ai introduit et proposé à la discussion l’idée d’une énergie psychique qui serait propre à la conscience.
Dans mon message du 30 juin : « Cinq pirouettes et deux émois », je reviens sur cette notion d’énergie psychique d’une façon qui se veut un peu plus précise mais qui a encore besoin d’être éclairée.
L’idée est qu’on peut trouver chez l’homme éveillé comme chez un des premiers animalcules candidats à la conscience, le nématode C. elegans un comportement témoignant d’un phénomène psychique identique. Ce comportement est la « pirouette », la volte-face du nématode nageant dans une direction donnée et y détectant la présence d’un répulsif chimique et celle du coureur de fond rencontrant une odeur infecte. Le phénomène psychique concomitant immédiatement postérieur à la détection et immédiatement antérieur à la volte-face est un émoi que j’appelle « l’émoi de la pirouette ». Cet émoi a trois composantes : une composante qualitative particulière qui le constitue en tant que quale, une composante affective qui lui donne sa nature de mal être entraînant un désir de fuite, une composante quantitative enfin qui correspond au degré du mal être et qui entraîne précisément l’effet de la pirouette et donc correspond au degré d’effort nécessaire pour pirouetter. La première caractéristique peut être considérée comme tout à fait variable. La sensation associée au mal être peut avoir des origines très différentes et recevoir en fonction de cela une nature tout à fait particulière. Mais le mal être en soi et son degré qui engendre la pirouette sont pour moi identiques chez le nématode et chez l’homme. Si le degré était plus faible, la pirouette n’aurait pas lieu. Je considère en effet que le coût de l’effort pour accomplir la pirouette nécessite un degré minimum de désagrément qui, toutes choses égales par ailleurs, est en quelque sorte invariable, quel que soit le pirouetteur.
Et je considère en même temps que ce degré-là mesure une quantité d’énergie psychique. Cette quantité d’énergie psychique est alors associée à la quantité d’énergie physique dépensée dans l’effort. Elle n’existe qu’autant qu’il y a une quantité d’énergie physique dépensée. Mais (et c’est là ce que j’ai souligné dans mon article) cette quantité d’énergie physique dépensée, qui est entrée en quelque sorte dans le circuit de production du mal être, donc de l’énergie psychique, ne se confond pas avec elle. Il n’y a pas transmutation de l’énergie physique en énergie psychique sinon le mal être du nématode qui se retourne serait des milliards de fois plus faible que celui du coureur de fond faisant volte-face et il n’y aurait plus cette identité de degré indépendant de la masse de l’animal mobile. C’est ce que j’ai reprécisé dans ma réponse à Phiphilo du 8 juillet :
« J’envisage un objet de masse m1, le nématode et un autre de masse m2, le coureur. L’énergie de l’émoi ressenti avant d’effectuer la pirouette aurait une grandeur égale à celle de l’effort fourni représentant une dépense d’énergie e1 pour le nématode et e2 pour le coureur. e1 serait une portion donnée de l’énergie de masse totale de m1 : E1, soit a. Et on aurait aE1=e1. Pour le mobile de masse m2 (le coureur) on aurait e2=bE2, b étant la portion donnée de l’énergie totale de masse m2 : E2.
Je suppose que e1/E1 = e2/E2 => aE1/E1 = bE2/E2 => a=b = r, une constante donnée par un nombre réel compris entre 0 et 1. »
Alors l’énergie psychique aurait bien comme l’énergie physique une grandeur mesurable. Mais sa mesure ne saurait être faite qu’en relation avec la masse de l’être supposé conscient, sa grandeur augmentant quand augmenterait la proportion d’énergie physique entrant dans le circuit de production par rapport à cette masse et diminuant à l’inverse.