Aktaiôn a écrit:Plus modestement et plus précisément, comme de nombreux normaliens, Foucault propose des synthèses commodes, à condition toutefois de bien voir en quoi elles le sont et pour qui. Par exemple, en hypokhâgne, on lit beaucoup Les mots et les choses, parce que cela permet à des étudiants qui ne disposent pas du temps nécessaire, d'obtenir à moindre coût des visions historico-conceptuelles d'ensemble propres à colmater provisoirement leurs lacunes historiques, de plus en plus grandes et répandues. Mais le recours à Foucault, dans ce cas très précis, est provisoire ; c'est un "en-attendant-mieux". D'autant que la synthèse historique Les mots et les choses est évidemment pleine d'erreurs, comme tous ses livres d'"histoire" (d'archéologie), ce que les historiens ont déjà pointé du doigt depuis longtemps.Pour autant son travail est d'une incroyable richesse et propose de nombreux outils intellectuels qui ont en effet marqué les sciences humaines.
Aktaiôn a écrit:Foucault se préoccupe de sagesse, de vertu ? Propose-t-il un quelconque destin pour les hommes ?Il était indéniablement philosophe
Aktaiôn a écrit:Paul Veyne a une façon très courtoise de dire de son ami qu'il est un critique.travaillant sur l'histoire des systèmes de pensée, mettant en action son propre criticisme. Mais il ne faudrait pas non plus confondre son engagement militant et ses positions philosophiques. Son ami Paul Veyne le décrit comme un sceptique faisant l'examen de ce qui se présente à lui.
Aktaiôn a écrit:Mai 68 c'est les années 60-70. C'est bien un intellectuel typique de ces années.Foucault n'était pas un intellectuel de Mai 68
Aktaiôn a écrit:Ce qui ne plaide pas en sa faveur, du reste, d'autant qu'il donnait à cela une importance suspecte, puisque ce souci témoigne qu'il y pensait beaucoup et très fort.Je crois surtout qu'il ne voulait pas se laisser enfermer.
Aktaiôn a écrit:En effet, ce qui n'est pas bon signe.il y a une pensée de la doublure, du redoublement chez lui
Aktaiôn a écrit:C'est typique des intellectuels engagés du XXe siècle. Aron, qui l'était autrement plus et mieux que les autres, n'a jamais eu de succès précisément parce qu'il refusait catégoriquement de renoncer au détachement et à la distance propres à la pensée philosophique sans lesquels il est impossible de penser. Aron refusait de pactiser avec le diable.son engagement politique est séparé de sa pensée
Aktaiôn a écrit:Son travail analyse le présent, à nous d'en faire un usage pratique.
Aktaiôn a écrit:Il n'y a ni présent ni actualité chez Foucault.Foucault revient en arrière pour mieux donner à penser notre actualité et agir dessus
Aktaiôn a écrit:Enlevez Platon, et il ne reste rien au christianisme pour exister autrement que comme une secte parmi des centaines d'autres des trois premiers siècles. Quant à Nietzsche voulant réinstaurer tels quels les Grecs, c'est une erreur.ce terreau portait déjà en lui les germes fertiles qui permettront au christianisme de s'élever sur lui
Aktaiôn a écrit:Essayez d'éclairer ma lanterne. Qui parle et surtout de quoi parle-t-il, ici ?et parce que la philosophie antique était celle de fous, d'extrémistes, mais surtout une philosophie fantasmée masquant tout le caractère mortuaire des pratiques, de l'ascèse, de ces vieillards isolés qui étaient déjà mal vus. Donc ça rejoint très largement l'analyse de Nietzsche.
Aktaiôn a écrit:La Grèce est une invention, que les Grecs inventèrent les premiers. Ce que vous dites, Foucault ne l'a pas découvert, et il est même très en retard (ce qui n'est pas de son fait, il a une excuse historique évidente : la France ne découvre Nietzsche, Marx et Freud qu'avec cinquante ans de retard ; et les programmes scolaires des années cinquante, qui ressemblent encore nettement à ceux de la troisième république, révèlent à quel point la France était déjà intellectuellement coupée de ce qui était dit et pensé en Europe depuis un bon moment). Surtout, je trouve pour le moins inacceptable de rejeter ce qu'on ne connaît pas soi-même. Or Foucault n'est pas connu pour être un penseur de la Grèce ni un historien de la Grèce. Ce qu'il rejette, avec la Grèce heideggerienne et nietzschéenne, c'est le fondement de la philosophie, c'est-à-dire ce qui lui interdisait de s'engager dans son propre travail archéologique (rien qui concerne la métaphysique chez Foucault. Un philosophe sans métaphysique ?). Enfin, je trouve épuisant de lire que telle ou telle chose n'a pas existé, quand on prétend par ailleurs que rien n'existe.on pourrait aller plus loin en disant que ces retours à la pré-philosophie, à la Grèce rayonnante, que ce soit chez Nietzsche ou Heidegger, relèvent d'un fantasme. Nous ne vivons plus dans l'Antiquité et nous ne sommes pas des Grecs.
Aktaiôn a écrit:Il n'y a pas chez Socrate quelque chose qui, de près, de loin, d'à côté, et quel que soit l'angle d'où on voudrait le regarder, puisse être dit un « souci de soi ».le souci de soi socratique
Le point faible de Foucault, c'est Steiner, qui a écrit l'anti-Foucault par excellence : Réelles présences. Les arts du sens, que le titre français rend mal. Le titre original est encore plus significatif : Is there anything in what we say ? C'est la bible pour qui veut déconstruire en règle les déconstructionnistes.
Dernière édition par Euterpe le Mar 13 Mar 2012 - 10:33, édité 1 fois