jean ghislain a écrit:Vous faites fausse route. Spinoza est pourtant passé par là avant Kant. Mais même sans le recours et le secours de Spinoza, il n'est pas difficile de comprendre que la foi, étant aveugle, n'est pas idiote, mais est bien ce qu'elle dit qu'elle est. La foi ne passe que par le Verbe et le verbe ; elle ne voit pas : elle entend ; on lui dit quelque chose et elle répond. La raison montre et démontre ; elle produit des idées (des images), fabrique des concepts, des représentations, etc. L'oreille d'un côté ; de l'autre l'œil.foi = fidèle = avoir confiance ; croire = ne pas avoir totalement raison. Avoir la foi pour croire n'est-ce pas se donner raison alors qu'on a tort ?
Quand vous entretenez une relation amicale ou amoureuse, dites-moi, vous faites confiance à votre ami(e) ou à votre Dulcinée, j'espère ? Ou bien faut-il croire que vous passez votre temps à vous demander si vous avez tort ou raison de leur faire confiance, de vous fier à eux, de compter sur et avec eux ? Quand votre Dulcinée n'est pas avec vous, vous ne la voyez pas, vous ne pouvez avoir la certitude absolue qu'elle est bien là où elle dit qu'elle est, avec ceux avec qui elle vous dit qu'elle est, à faire ce qu'elle vous dit qu'elle fait, etc. Vous le savez, vous lui faites confiance ; autrement dit, vous n'avez pas besoin d'une quelconque preuve (outre que cela est parfaitement odieux et méprisable de demander à quelqu'un des gages de confiance). La parole engage, engage bien plus que l'écrit, sur lequel on ne compte que parce qu'on peut rompre un contrat.
Donc, Kant a raison précisément parce qu'il ne démontre pas l'existence de Dieu et qu'il se contente de croire.
jean ghislain a écrit:En général, c'est plutôt l'inverse. On digresse, on digresse, indéfiniment, et on débouche sur un : "non, finalement, on ne sait pas quoi faire de Dieu, autant ne pas y croire". Dès l'instant où l'on se pose la question de son existence, il n'existe plus. D'où la légitimité de la théologie, qui n'est qu'une transposition de la métaphysique. Dieu est. Mais qu'est-il, et comment est-il ? C'est la question théologique ; pas : "Dieu est-il ?"on peut digresser à l'infini pour ne jamais rien obtenir si ce n'est un : "oui, finalement il faut bien croire en dieu, après tout."
jean ghislain a écrit:N'est-ce pas ?ce sacré Kant !
jean ghislain a écrit:Vous parlez comme un prédicateur. Qu'est-ce qui distingue votre démarche du prosélytisme ? Si vous êtes attaché à la raison, proposez, discutez, délibérez, montrez et démontrez ; ne prédiquez pas. Vous croyez vraiment pouvoir raisonner avec les instruments d'un curé de paroisse ?quelle révolution kantienne, si c'est pour retomber dans le giron des éminences grises ? Et même ce Hegel, qui trouve la raison divine dans l'histoire. A quelle époque vivait-on ? lumières ou obscurantisme ?
jean ghislain a écrit:j'ai l'impression d'être dans un désert de pensée, ou devrais-je dire dans un au-delà, pour parler de façon divine, et quand passerons-nous cette étape pré-scientifique
La science ! La science ! La science ! Nouvel évangile ? Que tout cela est pré-nietzschéen !
Dernière édition par Euterpe le Jeu 13 Mar 2014 - 21:09, édité 1 fois